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éroit

ni avec quoi; parce que la maniere de faire ce remede étoit contenue dans les livres d'Hermès, que les feuls Prêtres avoient droit de lire, & pouvoient feuls entendre, à caufe que tout y voilé fous les ténebres des hiéroglyphes. Trifmégiste nous apprend lui-même (a), qu'lfis ne fut pas l'inventrice de la Médecine, mais que ce fut l'ayeul d'Afclepius ou Hermès dont il portoit

le nom.

Il ne faut donc pas en croire Diodore, ni la tradition populaire d'Egypte, d'après laquelle il dit qu'llis inventa non feulement beaucoup de remedes pour la cure des maladies; mais qu'elle contribua infiniment à la perfection de la Médecine, & qu'elle trouva même un remede capable de procurer l'immortalité dont elle usa pour fon fils Horus, lorfqu'il fut mis à mort par les Titans, & le rendit en effet immortel. On conviendra avec moi que tout cela doit s'expliquer allégoriquement; & que, fuivant l'explication que nous fournit l'art Hermétique, Ifis contribua beaucoup à la perfection de la Médecine, puifqu'elle étoit la matiere dont on faifoit le plus excellent remede qui fût jamais dans la Nature. Mais il ne feroit point tel fi Ifis étoit feule; il faut néceffairement qu'elle foit mariée avec Oficis, parce que les deux principes doivent

facerdotalis ordinis erant legebantur; unde & hieroglyphicis variis obvelati, morbo quidem oppreffis applicati ad falutem ita confe

bant,

ut ratio tamen eo

rum ipfam plebem lateret, ut in fequentibus probaturi fumus. Kircher, dyp. Egypt. T. II. 2. part. ch ix. p. 347.

(a) In Afclepio.

être réunis dans un feul tout, comme dès le commencement de l'œuvre ils ne formoient qu'un même fujet, dans lequel étoient contenues deux fubftances, l'une mâle, l'autre femelle.

Le voyage d'Ifis en Phénicie pour y aller chercher le corps de fon mari; les pleurs qu'elle verfe avant de le trouver; l'arbre fous lequel il étoit caché, tout eft marqué au coin de l'Art facerdotal. En effet, Ofitis étant mort, eft jeté dans la mer, c'est-à-dire, fubmergé dans l'eau mercurielle, ou la mer des Philofophes; lfis verfe, dit-on, des larmes, parce que la matiere qui eft encore volatile, représentée par Ifis, monte en forme de vapeurs, fe condenfe & retombe en gouttes. Cette tendre époufe cherche fon mari avec inquiétude, avec des pleurs & des gémiffemens & ne peut le trouver que fous un tama

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rin; c'eft que la partie volatile ne fe réunit avec la fixe, que lorfque la blancheur furvient; alors la rougeur où Ofiris eft caché fous le tamarin, parce que les fleurs de cet arbre font blanches & les racines rouges. Cette derniere couleur eft même indiquée plus précifément par le nom même de Phénicie, qui vient de pan, rouge, couleur de pourpre.

Ifis furvécut à fon mari, & après avoir regné glorieufement, elle fut mife au nombre des Dieux. Mercure détermina fon culte, comme il avoit fait celui d'Ofiris; parce que dans la seconde opération appelée le fecond œuvre, ou la feconde difpofition pat Morien (a), la Lune des Philofophes, ou leur Diane, ou la matiere au (a) Entret. du Roi Calid.

blanc, fignifiée auffi par Ifis, paroît encore après la folution ou la mort d'Ofiris; elle fe trouve par-là mife au rang des Dieux, mais des Dieux Philofophiques, puifqu'elle eft leur Diane ou la Lune, une des principales Déeffes de l'Egypte : on voit bien pourquoi on attribue cette déification à Mercure.

Mais fi toute cette hiftoire n'eft pas une fiction, comme le prétend M. l'Abbé Banier (a), puifqu'il dit qu'il croit qu'Ofiris eft le même que Mefraïm, fils de Cham, qui peupla l'Egypte quel que temps après le Déluge. Il ajoute même que, malgré l'obfcurité qui regne dans l'hiftoire d'Ofiris, les Savans font obligés de convenir qu'il a été un des premiers defcendans de Noé par Cham, & qu'il gouverna l'Egypte où fon pere s'étoit retiré... que Diodore de Sicile nous affure que ce Prince eft le même que Menès, le premier Roi d'Egypte, & que c'eft-là qu'il faut s'en tenir; je prierois tous ces Savans de me dire pourquoi tous les Auteurs anciens qui ont parlé de Mefraïm & de Menès, n'ont fait aucune mention, en parlant d'eux, du fameux voyage ou célebre expédition que le prétendu Ofiris fit en Afrique en Afie & par tout le monde, fuivant cette inf cription trouvée fur d'anciens monumens, rapportée par Diodore & tous les Auteurs qui depuis lui ont parlé d'Oficis, & par M. l'Abbé Banier lui-même, mais qui ne l'a pas rapporrée exacte

ment.

(a) Mytol. T. I. p. 483. 484. & ailleurs.

SATURNE, LE PLUS JEUNE DE TOUS LES DIEUX, ÉTOIT MON PERE. JE SUIS OSIRIS, RO1; J'AI PARCOURU TOUT L'UNIVERS, JUSQU'AUX EXTRÉMITÉS DES DESERTS DE L'INDE, DE-LA VERS LE SEPTENTRION JUSQU'AUX SOURCES DE L'ISTER; ENSUITE D'AUTRES PARTIES DU MONDE JUSQU'A L'OCÉAN:

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JE SUIS LE FILS AINÉ DE SATURNE SORTI d'une tige ILLUSTRE, ET D'UN sang généREUX, QUI N'AVOIT POINT DE SEMENCE. IL N'EST POINT DE LIEU OU JE N'AYE ÉTÉ, J'AI VISITÉ TOUTES LES

NATIONS POUR LEUR

APPRENDRE tout ce dont j'ai été l'INVEN

TEUR.

Je ne crois pas qu'on puiffe attribuer à aucun Roi d'Egypte tout ce que porte cette Infcription, particulierement la generation fans femence, au lieu que ce dernier article même fe trouve dans l'œuvre Hermétique, où l'on entend par Saturne la couleur noire, de laquelle naiffent la blanche ou Ifis, & la rouge ou Ofiris: la premiere appelée Lune, la feconde Soleil ou Apollon.

Il n'eft pas moins difficile, ou plutôt il est impoffible de pouvoir appliquer à une Reine,

l'infcription fuivante tirée d'une colonne d'Ifis, & rapportée par les mêmes Auteurs.

Moi, ISIS, SUIS LA REINE DE CE PAYS D'ÉGYPTE, ET J'AI EU MERCURE POUR PREMIER MINISTRE. PERSONNE NE POURRA RÉVOQUER LES LOIX QUE J'AI FAITES, ET EMPÊCHER L'EXÉCUTION DE CE QUE J'AI ORDONNÉ.

JE SUIS LA FILLE AINÉE DE SATURNE, LE PLUS JEUNE DES DIEUX.

JE SUIS LA SŒUR ET LA FEMME D'OSIRIS.

JE SUIS LA MERE DU ROI ORUS.

JE SUIS LA PREMIERE INVENTRICE DE L'AGRICULTURE.

JE SUIS LE CHIEN BRILLANT PARMI LES ASTRES. LA VILLE DE BUBASTE A ÉTÉ BASTIE EN MON HONNEUR.

RÉJOUIS-TOI, O EGYPTE! QUI M'AS NOURRIĘ.

Mais fi on explique cela de la matiere de l'Art facerdotal; fi l'on compare ces expreffions avec celles des Philofophes: Hermétiques, on les trouvera tellement conformes, qu'on fera, pour ainfi dite, obligé de convenir que l'Auteur de ces Infcriptions a eu en vue le même objet que les Phi

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