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» pour

le bien. J'en ai fait l'épreuve depuis peu » dans quelques lieux éloignés. J'ai guéri comme » par miracle quelques moribonds abandonnés » des Médecins, & pour éviter la perfécution,

دو

je me fuis vu obligé plus d'une fois en pareil » cas de changer de nom, d'habit, de me faire » rafer les cheveux & la barbe, & de m'enfuir » à la faveur de la nuit. » A quels dangers encore plus preffans ne s'expoferoit pas un Philofophe qui feroit la tranfmutation? quoique son dessein ne fût que d'en faire ufage pour une vie fort fimple, & pour en faire part à ceux qui font dans le befoin. Cet or plus fin, & plus beau l'or vulgaire, fuivant ce qu'ils en difent, fera bientôt reconnu. Sur cet indice feul on foupçonnera le porteur, & peut-être de faire la fauffe monnoie. Quelles affreufes conféquences n'auroit pas à craindre pour lui un Philofophe chargé d'un tel foupçon ?

que

Je fais qu'un bon nombre de Médecins n'exercent pas leur profeffion, tant par des vues d'intérêt, que par envie de rendre fervice au Public; mais tous ne font pas dans ce cas-là. Les uns fe réjouiront de voir faire du bien à leur prochain, d'autres feront mortifiés de ce qu'on les prive de l'occafion de groffir leurs revenus. La jaloufie ne manqueroit pas de s'emparer de leur cœur, & la vengeance tarderoit-elle à faire fentir fes effets? La fcience Hermétique ne s'apprend pas dans les écoles de Médecine, quoiqu'on ne puifle gueres douter qu'Hippocrate ne l'ait fue, lorfqu'on pefe bien les expreffions éparfes dans fes ouvrages, & l'éloge qu'il fit de Démo

crite aux Abdéritains, qui regardoient ce Philofophe comme devenu infenfé, parce qu'au retour d'Egypte, il leur diftribua prefque tous les biens de patrimoine qui lui reftoient, afin de vivre en Philofophe dans une petite maifon de campagne éloignée du tumulte. Cette preuve feroit cependant bien infuffifante pour l'antiquité de la fcience Hermétique; mais il y en a tant d'autres, qu'il faut n'avoir pas lu les Auteurs anciens pour la nier. Que veut dire (a) Pindare, lorsqu'il débite que le plus grand des Dieux fit tomber dans la ville de Rhode une neige d'or, faite par l'art de Vulcain? Zofime Panopolite, Eufebe

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&

Synefius nous apprennent que cette fcience fut long-temps cultivée à Memphis en Egypte. Les uns & les autres citent les ouvrages d'Hermès. Plutarque (b) dit que l'ancienne Théologie des Grecs & des Barbares n'étoit qu'un difcours de Phyfique caché fous le voile des Fables. Il effaye même de l'expliquer, en difant que par Latone ils entendoient, la nuit; par Junon, la terre; par Apollon, le foleil ; & par Jupiter, la chaleur. Il ajoute peu après que les Egyptiens difoient qu'Ofiris étoit le Soleil, Ifis la Lune, Jupiter l'efprit univerfel répandu dans toute la Nature, & Vul cain le feu, &c. Manethon s'étend beaucoup là deffus.

Origene (c) dit que les Egyptiens amufoient le peuple par des fables, & qu'ils cachoient leur Philofophie fous le voile des noms des Dieux

(a) Olymp. 6.

(b) Theolog. Phyfico Græcor. (c) L. I. contre Celfe.

du

1

du pays. Coringius (a), malgré tout ce qu'il a écrit contre la Philofophie Hermétique, s'est vu contraint par des preuves folides d'avouer que les Prêtres d'Egypte exerçoient l'art de faire de l'or, & que la Chymie y a pris naiffance. Saint Clément d'Alexandrie fait dans fes Stromates un grand éloge de fix ouvrages d'Hermès fur la Médecine. Diodore de Sicile parle affez au long (b) d'un fecret qu'avoient les Rois d'Egypte pour tirer de l'or d'un marbre blanc qui fe trouvoit fur les frontieres de leur Empire. Strabon (c) fait auffi mention d'une pierre noire dont on faifoit beaucoup de mortiers à Memphis. On verra dans la fuite de cet ouvrage, que cette pierre noire, ce marbre blanc & cet or n'étoient qu'allégoriques pour fignifier la pierre des Philofophes parvenue à la couleur noire, que les mêmes Philofophes ont appellé mortier, parce que la matiere fe broye & fe diffout. Le marbre blanc étoit cette même matiere parvenue à la blancheur, appelée marbre, à caufe de fa fixité. L'or étoit l'or Philofophique qui fe tire & naît de cette blancheur, ou la pierre fixée au rouge: on trouvera ces explications plus détaillées dans le cours de cet ouvrage.

Philon Juif (d) rapporte que Moyfe avoit appris en Egypte l'Arithmétique, la Géométrie la Mufique, & la Philofophie fymbolique, qui ne s'y écrivoit jamais que par des caracteres facrés,

(a) Omninò tamen, & ipfe exiflimo Egyptiorum Hierophantas, omnium mortalium principes xpow jatifaffe, & ab his Chemia 1. Partie.

profluxiffe exordia.

fis.

(b) Antiq. 1. 4. c. 2.
(c) Geogr. l. 17.
(d) Lib. 1. de vitâ Mo-

C

l'Aftronomie & les Mathématiques. S. Clément d'Alexandrie s'exprime dans les mêmes termes que Philon; mais il ajoute la Médecine & la connoiffance des Hyéroglyphes, que les Prêtres n'enfeignoient qu'aux enfans des Rois du pays & aux leurs propres (a).

Hermès fut le premier qui enfeigna toutes ces fciences aux Egyptiens, fuivant Diodore de Sicile (b), & Strabon (c). Le P. Kircker, quoique fort déchaîné contre la Philofophie Hermétique, a prouvé lui-même (d) qu'elle étoit exercée en Egypte. On peut voir auffi Diodore (Antiq. 1. c. 11.) & Julius Matern. Firmicus (lib. 3. c. 1. de Petofiri & Nicepfo.) S. Clément d'Alexandrie (e) s'exprime ainfi à ce fujet : Nous avons encore quarante-deux ouvrages d'Hermès trèsutiles & très-néceffaires. Trente-fix de ces livres renferment toute la Philofophie des Egyptiens; & les autres fix regardent la Médecine en par

(a) Cum autem Mofes jam effet atate grandior, Arithmeticam & Geometriam, Rhytmicam & Harmonicam, & prætereà Medicinam fimul & Muficam ab iis (Ægyptiis) edoctus eft, qui inter Ægyptios erant infigniores;& prætereà eam, que traditur per fymbola & figna Philofophiam, quam in litteris oftendunt hieroglyphicis. Alium autem doctrine orbem__ tanquam puerum regium Græci eum

docuêre in Ægypto, ut dicit
Philo in vitá Mofis. Di-
dicit autem litteras Egyp-
tiorum, & rerum cæleftium
fcientiam à Chaldeis & ab
Egyptiis. Unde in ejus
geftis dicitur eruditus fuiffe
in omni fcientia Ægyptio-
rum. Clemens Alexand. l. 1.
Strom.

(b) Lib. 2. c. I.
(c) Lib. 17.

(d) Edyp. Egypt. T. 2. p. 2.

(e) Strom. 1. 6.

ticulier: l'un traite de la conftruction du corps ou anatomie; le fecond, des maladies; le troifieme, des inftrumens; le quatrieme, des médicamens; le cinquieme, des yeux; & le fixieme, des maladies des femmes.

Homere avoit voyagé en Egypte (a), & y avoit appris bien des chofes dans la fréquentation qu'il eut avec les Prêtres de ce pays-là. On peut même dire que c'eft-là qu'il puifa fes Fables. Il en donne de grandes preuves dans plufiears endroits de fes ouvrages, & en particulier dans fon Hymne III. à Mercure, où il dit que ce Dieu fut le premier qui inventa l'art du feu. πυρός δ' έπεμαίετο τέκην. V. 108. & v. 1 1. Ἑρμῆς τοι πρώτισα πυρκία, πῦρ τ ̓ ἀνέδωκε. Homere parle même d'Hermès comme de l'auteur des richeffes, & le nomme en conféquence χρυσόρβασις, δῶτορ έων. C'eft pour cela qu'il dic (ibid. v. 249.) qu'Apollon ayant été trouver Hermès pour avoir des nouvelles des bœufs qu'on lui avoit volés, il le vit couché dans fon antre obfcur, plein de nectar, d'ambroifie, d'or & d'argent, & d'habits de Nymphes rouges & blancs. Ce nectar, cette ambroisie & ces habits de Nym phes feront expliqués dans le cours de cet ou

vrage.

Efdras, dans fon quatrieme liv. chap. 8. s'exprime ainfi. Quomodo interrogabis terram, & dicet tibi, quoniam dabit terram multam magis, unde fiat fictile, parvum autem pulverem unde aurum fit.

Etienne de Byzance étoit fi perfuadé qu'Her

(a) Diod. de Sic. 1. 1. c. 2.

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