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que

les Grecs y faifoient de fi fréquens voyages. Sans doute qu'en donnant des inftructions fur le Dieu Canope, on fe trouvoit dans la néceffité d'expliquer en même temps tous les myfteres voilés fous l'ombre des hiéroglyphes, dont la fuperficie de ce Dieu étoit remplie; au lieu que dans les autres villes où l'on adoroit Ofiris & Ifis, &c. on ne fe trouvoit que dans le cas de faire l'hiftoire que du Dieu ou de la Déesse qui y étoient révérés en particulier.

Voilà les principaux Dieux de l'Egypte, dans lefquels on comprend tous les autres. Hérodote (a) nomme auffi Pan comme le plus ancien de tous les Dieux de ce pays, & dit qu'en langue Egyptienne on le nommoit Mendès. Diodore (b) nous affure qu'il étoit en fi grande vénération dans ce pays-là, qu'on voyoit la ftatue dans tous les temples, & qu'il fût un de ceux qui accompagnerent Ofiris dans fon expédition des Indes. Mais comme ce Dieu n'indique autre chofe que le principe génératif de tout, & qu'on le confond en conféquence avec Ofiris, je n'en dirai rien de plus. Nous dirons ces deux mots de Sérapis dans la troifieme fection. On décerna auffi les honneurs du culte à Saturne, Vulcain, Jupiter, Mercure Hercule, &c. Nous en traiterons dans les livres fuivans; lorfque nous expliquerons la Mythologie des Grecs.

(a) Lo Za

(b) L. 1. p. 16.

SECTION

SECOND E.

ROIS D'ÉGYPTE,

ET

Monumens élevés dans ce pays-là. L'HISTOIRE ne nous apprend fur les premiers Reis d'Egypte, rien de plus certain que fur ceux de la Grece & des autres Nations. La Royauté n'étoit pas héréditaire chez les Egyptiens, fuivant Dicdore. Ils élifoient pour Rois ceux qui s'étoient rendus recommandables, foit par l'invention de quelques arts utiles, foit par leurs bienfaits envers le peuple. Le premier dans ce genre, fi nous en voulons croire les Arabes, fat Hanuch; le même qu'Henoc fils de Jared, qui fut auffi nommé Idris ou Idaris, & que le P. Kircher dit (a) être le même qu'Ofiris, fur le témoignage d'Abénéphi & de quelques autres Arabes. Mais fans nous amufer à difcuter fi ces Arabes & Manethon 1. ou le Sybennite difent la vérité pour ce qui a précédé le Déluge, c'eft de cette époque remarquable que nous devons dater. Plufieurs Auteurs font même perfuadés que Manethon, qui étoit Prêtre d'Egypte, n'a formé fes Dynafties, & n'a écrit beaucoup d'autres chofes que conformément aux fables qui avoient (a) dip. Egypt. T. I. p. 66. & fuiv.

été inventées & divulguées long-temps avant lui. Ce fentiment eft d'autant mieux fondé, que ces fables contenoient l'hiftoire de la fucceffion prétendue des Rois du pays, pour cacher leur véritable objet, dont les Prêtres faifoient un myftere, & un fecret qu'il leur étoit défendu de révéler fous peine de la vie. Manethon, comme Prêtre, fut donc obligé d'écrire conformément à ce que l'on débitoit au peuple. Mais le fecret auquel il étoit tenu, ne l'obligeant pas à défigurer ce qu'il y avoit de vrai dans l'hiftoire, il a bien pu nous le conferver au moins en partie.

, pour

La difcuffion de la fucceffion des Rois d'Egypte m'entraîneroit dans une differtation qui n'entre point dans le plan que je me fuis propofé. Je laiffe ce foin à ceux qui veulent entreprendre l'hiftoire de ce pays-là. Il fuffic remplir mon objet, de rapporter les Rois que les Auteurs citent comme ayant laiffé des monamens qui prouvent que l'Art facerdotal ou Hermétique étoit connu & en vigueur dans l'Egypte.

Le premier qui s'y établit après le Déluge fut Cham, fils de Noé, qui, fuivant Abénéphi (a), fut nommé Zoroaftre & Ofiris, c'est-à-dire, feu répandu dans toute la Nature. A Cham fuccéda Mefraïm. La chronique d'Alexandrie (b) donne le furnom de Zoroaftre à celui-ci, & Opmecrus le nomme Ofiris. Le portrait que les Auteurs font de Cham & de Mefraïm ou Mifraïm, eft

(a) Kirch. loc. cit. p. 85. (b) La In

celui d'un Prince idolâtre, facrilége, adonné à toutes fortes de vices & de débauches, & ne peut convenir à Ofiris, qui n'étoit occupé qu'à remettre le vrai culte de Dieu en vigueur, à faire fleurir la Religion & les Arts, & à rendre fes peuples heureux fous la conduite prudente fage & religieufe de l'incomparable Hermès Trif mégifte. Ce feul contrafte devroit faire abandonner l'opinion de ceux qui foutiennent que Cham ou Mifraïm fon fils étoient les mêmes qu'Ofiris. Il est bien plus naturel de penfer que le prétendu Zoroaftre ou Ofitis, qui fignifient feu caché ou feu répandu dans tout l'Univers, n'eut jamais d'autre Royauté que l'empire de la Nature, que de regarder ce nom comme furnom d'un homme fût-il Roi, puifqu'il ne fauroit même convenir à toute l'humanité réunie.

La chronique d'Alexandrie fait Mercure fucceffeur de Mifraïm, & dit qu'il regna 35 ans : elle ajoute qu'il quitta l'Italie pour le rendre en Egypte, où il philofophoit fous un habit tresse d'or; qu'il y enfeigna une infinité de chofes (a),

(a) Convafato ingenti auri pondere Italiâ exceffit, atque in Ægyptum fe contulit ad ftirpem à Chamo Noemi filio patrono fuo oriundam, à quâ perhonorificè exceptus eft, qui dum tibi ageret, præ fe contemplit omnes, aureumque amiculum indutus philofophabatur apud Egyptios, multa mirabiliadocens eos,

& multa eis prædicebat eventura, naturâ enim erat ingeniofus. Ægyptii ergo eum Mercurium Deum proclamârunt, ut qui futura prænunciaret, illifque à Deo oracula & refponfa de futuris, veluti internun ciusreferret, aurumque fubminiftraret, quem opum largitorem appellabant, au reumque Deum vocabant.

que les Egyptiens le proclamerent Dieu, & l'appeloient le Dieu d'or, à caufe des grandes ri cheffes qu'il leur procuroit. Plutarque (a) donne à Mercure 38 ans de regne. C'eft fans doute ce même Mercure qui, fuivant Diodore, fut donné pour confeil à Ifis.

Mais fi les chofes font ainfi, où placera-t-on le regne des Dieux? Si Vulcain, le Soleil, Jupiter, Saturne, &c. ont été Rois d'Egypte, & que chacun n'ait pas regné moins de douce cents ans, comme nous l'avons dit ci-devant ; il n'eft pas poffible de concilier tour cela, quand même on dirait que ces noms des Dieux n'étoient que des furnoms donnés à de véritables Rois. La chofe deviendra encore moins vraisemblable, fi l'on veut s'en rapporter à la chronique d'Alexandrie, qui donne Vulcain pour fucceffeur à Mercure, & le Soleil pour fucceffeur à Vulcain. Après le Soleil elle met Sofin, ou Sothin, ou Sochin. Après Sofin, Ofiris, puis Horus, enfuite Thulen, qui pourroit être le même qu'Eusebe nomme Thuois, & Hérodote Thonis, Diodore bouleverfe tout l'ordre de cette prétendue fucceffion; & la confufion qui naît de-là, forme un labyrinthe de difficultés dont il n'eft pas poffible de fe tirer. Mais enfin il faut s'en tenir à quelque chofe, c'eft pourquoi nous dirons avec Hérodote & Diodore (6), que le premier Roi qui regna en Egypte après les Dieux, fut un homme appelé Ménas ou Ménès, qui apprit aux peuples le culte des Dieux & les cérémonies qu'on devoit y observer. (a) De Ifide & Ofiride.

(k) Diod. 1. 1. p. 2. C. I.

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