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des fêtes & des jeux des Anciens, dans le quatrieme livre de cet Ouvrage.

De même que le Taureau étoit le symbole du chaos Philofophique, de même auffi les autres animaux fignifioient ou les différentes qualités de la matiere, comme fa fixité, fa volatilité, fa ponticité, fa vertu réfolutive, dévorante, fes couleurs variées, fuivant les différens progrès de l'œuvre, fes propriétés relatives aux élémens & à la nature de ces animaux. Le peuple les ayant vu fculptés ou peints auprès d'Ofiris, d'Apis, d'Ifis, de Typhon, d'Horus, &c. commencerent d'abord à n'avoir qu'un certain refpect pour eux relatif aux prétendus Dieux, auprès defquels il les voyoient. Ce refpect fe fortifia peu peu; la fuperftition fe mit de la partie, & l'on crut qu'ils méritoient un culte particulier comme Apis avoit le fien. On ne vit pas plus de difficultés & l'on ne trouva pas plus d'extravagance à adorer un Bélier, qu'à rendre un culte à un Beeuf; le Lion valoit bien le Bélier, on lui décerna le fien, & ainfi des autres, felon que le peuple étoit affecté. Les fuperftitions fe couvent à la fourdine; elles s'enracinent au point qu'il n'eft prefque pas poffible de les détruire. Les Prêtres n'en font fouvent inftruits que lorfque le remede deviendroit capable d'aigrir le mal. Le progrès va toujours fon train, il fe fortifie de plus en plus. Les fucceffeurs d'Hermès pouvoient bien défabufer le peuple d'Egypte de ces erreurs; ils le faifoient fans doute: nous en avons une preuve dans la réponse que le Grand Prêtre fit à Alexandre, dans les inftructions qu'ils donnerent aux Grecs & aux

autres Nations, qui furent prendre des leçons en Egypte mais il falloit à ces Prêtres de la circonfpection & de la prudence; en détrompant le peuple, ils couroient rifque de dévoiler leur fecret. Si, par exemple, en expliquant l'expédition d'Ofitis, ils avoient dit qu'on ne devoit pas pas l'entendre d'une expédition réelle, & que les prétendus enfeignemens qu'il donnoit aux différentes Nations fur la maniere de cultiver les terres, de les enfemencer, & d'en cueillir les fruits, devoient s'entendre de la culture d'un champ bien différent que celui des terres communes; on leur auroit demandé quel étoit ce champ? auroient-ils dit, fans violer leur ferment, que ce champ étoit la terre feuillée des Philofophes (a), où tous les Adeptes difent qu'il faut femer leur or? Bafile Valentin en a fait l'emblême de fa huitieme clef. Ils auroient été enfuite dans la néceffité de dire ce qu'ils entendoient par cette terre feuillée. C'eft dans le même fens que les Grecs parloient de Cérès, de Triptolême, de Denis, &c.

Cette erreur du peuple, à l'égard des animaux, le conduifit infenfiblement dans ces cultes ridicules qu'on reproche aux Eyptiens. L'ignorance fit prendre le fymbole pour la réalité; ainfi de fuperftitions en fuperftitions, d'erreurs en erreurs, le mal s'accrut toujours, & infecta prefque tout le monde; chaque ville prit occafion de fe choifir un Dieu à fa fantaifie, & en prit le nom, comme fi quelque Dieu; fous la forme de cet animal, en

(a) Majer Atalenta fugiens, Embl. VI.

avoit été le fondateur. On vit alors Bubaste, ainsi nommée de Bœuf, Léontopolis de Lion, Lycopolis de Loup, &c. Strabon (a), parlant du culte que les Egyptiens rendoient aux animaux, dit que les Saites & les Thébains adoroient particulierement le Bœuf; les Latopolitains, le Latus, poiffon du Nil; les Lycopolitains, le Loup; les Hermopolitains, le Cynocéphale; les Babyloniens, la Baleine. Ceux de Thebes adoroient auffi l'Aigle; les Mendefiens, le Bouc & la Chevre; les Atribites, le Rat, l'Araignée. Nous ne parlerons que de quelques-uns, tels que le Chien, le Loup, tels le Chat, le Bouc, l'Ichneumon, le Cynocéphale, le Crocodile, l'Aigle, l'Epervier, & l'Ibis: on pourra juger des autres par ceux-ci.

CHAPITRE

Du Chien & du Loup.

I I.

CET animal étoit confacré à Mercure, à cause

de fa fidélité, de fa vigilance & de fon induftrie. Il étoit même le caractere hiéroglyphique de ce Dieu; c'est pourquoi on le repréfentoit avec une tête de chien, & on l'appeloit Anubis; ce qui a fait dire à Virgile:

Omnigenumque Deum monftra & latrator Anubis. Horus-Apollo donne une raison pour laquelle (a) Georg. 1. 17.

les Egyptiens prenoient le Chien pour symbole de Mercure; c'eft, dit-il (a), que cet animal regarde fixement les fimulacres des Dieux, ce que ne font pas les autres animaux; & que le Chien eft chez eux l'hieroglyphe d'un Secrétaire ou Miniftre. Quoique cette premiere raison ne paroiffe pas avoir un rapport visible & palpable avec l'Art facerdotal, les Philofophes Hermétiques ne s'exprimeroieut gueres autrement dans leur ftyle énigmatique. Ils difent tous que leur Mercure eft le feul qui puiffe avoir action fur leurs métaux, auquels ils donnent les noms des Dieux ou des Planetes; que leur Mercure eft un Aigle qui regarde le Soleil fixement fans cligner les yeux, & fans en être ébloui; ils donnent à leur Mercure les noms de Chien de Corafcene, & Chienne d'Arménie. Nous en avons apporté d'autres raifons dans le chap. d'Anubis.

Le Loup ayant beaucoup de reffemblance avec le Chien, & n'étant, pour ainfi dire, qu'un Chien fauvage, il n'eft pas furprenant qu'il ait participé aux mêmes honneurs que le Chien. Il avoit aufli quelque rapport avec Ofitis, puifque les Egyptiens penfoient qu'Ofiris avoit pris la forme de Loup pour venir au fecours d'Ifis & d'Horus contre Typhon. Cette fable paroît ridicule à un homme qui n'y cherche que l'hiftoire; mais elle ne l'eft nullement dans le fens Philofophique, puifque les Philofophes Hermétiques cachent, fous le nom de Loup, leur matiere perfectionnée à un certain degré. Bafile Valentin (6) (a) L. I. c. 40. (b) 12 Clefs, Clef 1.

dit

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dit qu'il faut prendre un Loup raviffant & affamé qui court dans le défert, en cherchant toujours de quoi dévorer. Celui qui fera attention à ce que nous avons dit dans le chapitre d'Ofiris, & du combat d'Iffs contre Typhon verra aisément Fanalogie qui fe trouve entre Ofiris & le Loup dans certaines circonftances de l'œuvre; & pourquoi les Egyptiens débitcient cette fiction. IL fuffit, pour remettre fur les voies, de faire obferver que le Loup étoit confacré à Apollon; ce qui le fit nommer Apollo Lycius. La Fable difoit auffi, felon le rapport de quelques Auteurs, que Latone, pour éviter les pourfuites & les effets de la jaloufie de Junon, s'étoit cachée fous la forme d'une Louve, & avoit, fous cetté formé, mis Apollon au monde. On fait qu'Ofiris & Horus étoient des hieroglyphes d'Apollon; ce qui doit s'entendre du Soleil ou or Philofophiqué. « Notre Loup, dit Rhafis (a), fe trouve en Orient, & notre Chien en Occident. lls fe modent l'un & l'autre, deviennent enragés, & fé tuent. De leur corruption fe forme un poifon, » qui dans la fuite fe change en thériaque. L'ateur anonyme des Rimes Allemandes dit auffi: « Le Philofophe Alexandre nous apprend » qu'un Loup & un Chien ont été élévés dans » cette argile, & qu'ils ont tous deux la même » origine. Cette origine eft marquée dans la fiction de l'expédition d'Ofiris, où l'on dit que ce Prince s'y fit accompagner de fes deux fils, Anubis fous la forme de Chien, & Macedon (a) Epître. 1. Partie.

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