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même perfonne? L'histoire même fabuleuse du regne des Dieux en Egypte, ne nous apprend pas que le foleil ait régné deux fois. Elle nous dit qu'Oficis mourut par la perfidie & la manœuvre de Typhon; mais elle ne dit pas qu'il reffufcita. Ofiris étoit cependant le même que le Soleil, Horus le même qu'Apollon, & le Soleil ne differe pas d'Apollon. Je ne vois donc pas comment nos Mythologues pourroient le tirer de ce labyrinthe. Mais ce qui prouve bien clairement la vérité de mon système, c'est qu'en le fuivant, les Egyptiens ne pouvoient pas combiner cette hiftoire d'une autre maniere, fans s'écarter de la vérité, je veux dire, fans changer. l'ordre de ce qui fe paffe fucceffivement dans le progrès de l'œuvre. En effet, il y a deux opérations, ou, fi l'on veut, deux œuvres qui fe fuccedent immédiatement. Dans le premier, dit d'Efpagnet (a), on crée le foufre, & dans le fecond on fait l'élixir, le foufre & l'or vif des Philofophes, leur Soleil ou Ofiris. Dans le fecond œuvre, il faut faire mourir cet Ofiris, par la diffolution & la putréfaction, après laquelle regne lis ou la Lune, c'est-à-dire, la couleur blanche, appelée Lune par les Philofophes. Cette couleur difparoît pour faire place à la jaune fafranées c'eft Ifis qui meurt & Horus qui regne, ou l'Apollon de l'Art Hermétique. Il eft inutile de s'étendre davantage là-deffus, nous l'avons expliqué affez au long, tant dans le traité de cet Art, que dans les chapitres de ce livre qui concernent ces Dieux.

(a) Can. 121.
I. Partie.

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СНАРІTRE X.

ÉROD

De l'Ibis.

ERODOTE (a) rapporte qu'il y a en Egypte deux efpeces d'Ibis, l'une toute noire qui combat contre les ferpens ailés, & les empêche de pénétrer dans le pays, lorfqu'au printems ils viennent en troupes de l'Arabie; l'autre eft blan

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(a) Eft autem Arabia | locus, ad Butum urbem ferè pofitus ad quem ego me contuli, quod audirem volucres effe ferpentes. Eo quum perveni offa ferpentum afpexi, & fpinas multitudine fupra fidem ad enarrandum, quarum acervi erant magni, & his alii atque alii minores ingenti numero. Eft autem hic locus ubilpine projecta jacebant, hujufcemodi.Exarclis montibus exporrigitur invaftam planitiem Ægyptiæ contiguam. Fertur ex Arabia ferpentes alatos ineunte ftatim vere in Ægyptum volare, fed eis ad ingreffum planitiei occurrentes aves Ibides, non permittere, fed ipfos interinore : & ob id opus bin in magno honore ab

Egyptiis haberi Arabes aiunt, confitentibus & ipfis Ægyptiis. Ejus avis fpecies talis eft: nigra tota vehementer eft, cruribus gruinis, roftro maximâ ex parte adunco, eadem qua crex magnitudine. Et hæc quidem fpecies eft nigrarum quæ cum ferpentibus pugnant. At earum quæ pedes humanis fimiles habent gracile caput ac totum collum pennæ candidæ, præter caput cervicemque, &. externa alarum & natium, quæ omnia quæ dixi funt vehementer nigra, crura & roftrum alteri confentanea ferpentis porro figura qualis hydrarum, alas pennatas non gerit, fed glabras & alis vifpertilionum valde fimiles. Lib. 2. c. 75. & 76.

che & noire. C'eft cette feconde efpece que l'on emploie pour repréfenter Ifis. Hérodote ne dit pas avoir vu ces ferpens ailés; mais feulement des tas de fquelettes de ferpens. Il ne rapporte donc que ces reptiles font ailés que fur un oui dire. Il pourroit bien fe faire que la chofe ne fût pas réelle quant à cette circonftance: mais quand elle le ferait, l'allégorie n'en feroit que plus jufte. Elien, Plutarque, Horapollo, Abenéphi, Platon, Cicéron, Pomponius Mela, Diodore de Sicile, & tant d'autres Auteurs parlent de l'Ibis, & difent les rapports qu'elle a avec la Lune & Mercure, qu'il eft inutile de fe mettre en devoir de les prouver. od sln

Les grands fervices que cet oifeau rendoit à toure l'Egypte, foit en tuant les ferpens dont nous avons parlé, foit en caffant les œufs des crocodiles, étoient bien propres à déterminer les Egyptiens à lui rendre les mêmes honneurs qu'aux autres animaux. Mais ils avoient d'autres raifons de l'inférer parmi leurs hiéroglyphes. Mercure, en fuyant devant Typhon, prit la forme d'Ibis: d'ailleurs Hermès fous cette forme veilloit, fuivant Abénéphi (a), à la confervation des Egyptiens, & les inftruifoit de toutes les fciences. Ils remarquoient auffi dans fa couleur, fon tempérament & fes actions, beaucoup de rapport avec la Lune, dont Ifis étoit le fymbole. Voilà pourquoi ils donnoient à cette Déeffe une tête d'Ibis; & pourquoi elle étoit en même temps confacrée à Mercure. Car on voit entre Ifis & Mercure une

(a) De cultu Egypt.

fi grande analogie & un rapport fi intime, qu'on ne les féparoit prefque jamais auli fuppofoiton qu'Hermès étoit le Confeiller de cette Princelle, & qu'ils agiffoient toujours de concert : c'é toit avec raifon, puifque la Lune & le Mercure Philofophique ne font dans certains cas qu'une même chofe, & les Philofophes les nomment indifféremment l'un pour l'autre. « Celui qui diroit que la Lune des Philofophes, ou, ce qui » est la même chofe, leur Mercure eft le Mer»cure vulgaire, voudroit tromper avec connoiffance de caufe, dit d'Efpagnet (a), ou fe tromperoit lui-même. Ceux qui établiffent » pour matiere de la pierre le foufre & le mer» cure, entendent l'or & l'argent commun par » le foufre, & par le mercure la Lune des Philofophes. »

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Par les couleurs noires & blanches de l'Ibis, elle voit avec la Lune le même rapport que le Taureau Apis, & devenoit par-là le fymbole de la matiere de l'Art facerdotal. L'Ibis toute noire qui combattoit & tuoit les ferpens ailés, indiquoit le combat qui fe fait entre les parties de la matiere pendant la diffolution, la mort de ces ferpens fignifioit la putréfaction qui eft une fuite de cette diffolution, où la matiere devient noire. Flamel a fuppofé dans ce cas le combat de deux Dragons, l'un ailé, l'autre fans aile, d'où réfulte le mercure. Plufieurs autres ont employé des allégories femblables. Après cette putréfaction la matiere devient en partie noire, en partie

(a) Can. 44. & 24.

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blanche, temps auquel le mercure fe fait; c'eft la feconde efpece d'lbis, dont Mercure emprunta

la forme.

Telles font les raifons fimples & naturelles que les Prêtres Egyptiens avoient d'introduire les animaux dans leur culte apparent de Religion, & dans leurs hiéroglyphes. Ils inventerent une quantité d'autres figures, telles qu'on les voit fur les pyramides, & les autres monumens Egyptiens. Mais toutes avoient quelque rapport prochain ou éloigné avec les myfteres de l'Art Hermétique. En vain fera-t-on de grands commentaires pour expliquer ces hiéroglyphes dans un autre fens que le chymique. Si Vulcain & Mercure ne font pas la bafe de toutes ces explications", on trouvera à chaque pas des difficultés infurmontables; & quand à force de s'être donné la torture pour en trouver de vraisemblables, à l'imitation de Plutarque, de Diodore, & d'autres Grecs anciens & modernes, on fentira toujours qu'elles font tirées de loin, qu'elles font forcées, enfin qu'elles ne fatisfont pas. On aura toujours devant les yeux cet Harpocrate, avec le doigt fur la bouche, qui nous annoncera fairs ceffe que tout ce culte, ces cérémonies, cès hieroglyphes renfermoient des mysteres, qu'il n'étoit pas permis à tout le monde de pénétrer, qu'il falloit les méditer en filence, que le peuple n'en étoit pas inftruit, & qu'on ne les dévoiloit pas à ces gens que les Prêtres étoient perfuadés n'être venus en Egypte que pour fatisfaire leur, curiofité. Les Hiftoriens font de ce nombre, & ils ne font pas plus croyables, dans les interprétations qu'ils

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