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celle de fon noyau à un cœur, l'avoient fait confacrer au Dieu du Silence, fur la tête duquel on le voit plus ordinairement que fur celle d'aucune autre Divinité. Il y eft quelquefois entier, d'autres fois ouvert pour faire paroître l'amande ; mais toujours pour annoncer qu'il faut favoir conduire fa langue, & conferver dans le cœur le fecret des mysteres d'lis, d'Ofiris, & des autres Divinités dorées de l'Egypte. C'eft pour cette raison qu'on le voit quelquefois fur la tête d'Harpocrate rayonnante, ou pofé fur un croiliant (a).

Q

CHAPITRE XI V.

Du Mufa ou Amufa.

UELQUES Botanistes & plufieurs Hiftoriens l'ont qualifié d'arbre, quoiqu'il foit fans branches. Son tronc eft ordinairement gros comme la cuiffe d'un homme, fpongieux, couvert de plufieurs écorces ou feuilles écailleufes, couchées les unes fur les autres; fes feuilles font larges obtufes, , & leur longueur furpaffe quelquefois fept coudées (b). Elles font affermies par une côre groffe & large, qui regue au milieu tout du long; du fommet de la tige naiffent des fleus rouges ou jaunâtres. Les fruits qui leur fucce

(a) Antiq. Explicat. de D. de Montfaucon, T. II. P. 2. pl. 124. fig. 8. & 10.

() Mém. de l'Acad. des Infcript. & Bell, Lett. T. III,

dent font d'un goût agréable, & ressemblent affez à un concombre doré. Sa racine eft longue, groffe, noire en dehors, charnue & blanche en dedans. Quand on fait des incifions à certe racine, elle rend un fuc blanc, mais qui devient enfuite rouge.

M. Mahudel, avec plufieurs Antiquaires, ne voient dans cette plante que fa feule beauté, capable d'avoir déterminé les Egyptiens à la confacrer aux Divinités locales de la contrée, où elle croiffoit avec plus d'abondance; mais puifque tout étoit myftere chez ce peuple, puifqu'il l'employoit dans fes hiéroglyphes, fans doute qu'il y attachoit quelque idée particuliere, & qu'il avoit remarqué dans cette plante quelque rapport avec ces Divinités. Les panaches d'Oliris & de fes Prêtres; ceux d'Ifis, où ces feuiiles fe trouvent quelquefois; le fruit coupé qui fe fait voir entre les deux feuilles qui forment le panache; Ifis enfin qui préfente la tige fleurie de cette plante à fon époux, font des chofes que la Table Ifiaque nous met plus d'une fois devant les yeux; croira-t-on que la feule beauté de cette plante en foit le motif: n'eft-il pas plus naturel de penfer qu'un peuple auffi mystérieux ne le faifoit pas fans avoir quelqu'autre objet en vue? Il pouvoit donc y avoir du myftere là-deffous, & il s'y en trouvoit en effet ; mais un myftere très-aifé à dévoiler pour celui qui, après avoir fait quelques réflexions fur ce que nous avons dit, verra dans la defcription de cette plante les quatre couleurs principales du grand œuvre. Le noir fe trouve dans la racine, comme la couleur noire

est la racine, la base, ou la clef de l'œuvre; fi l'on enleve cette écorce noire, on découvre le blanc; la pulpe du fruit eft aufli de cette derniere couleur; les fleurs qu'lfis préfente à Ofiris font jaunes & rouges, & la pelure du fruit eft dorée. La Lune des Philofophes eft la matiere parvenue au blanc; la couleur jaune fafranée & la rouge qui fuccedent à la blanche, font le Soleil ou l'Õfiris de l'art; on avoit donc raifon de repréfenter Ifis dans la posture d'une perfonne qui offre une fleur rouge à Ofitis. On peut enfin obferver que les attributs d'Oficis participent tous en tout ou en partie de la couleur rouge ou de la jaune, ou de la fafranée; & ceux d'Ifis, du noir & du blanc pris féparément, ou mélangés, parce que les monumens Egyptiens nous repréfentent ces Divinités, fuivant les différens états où fe trouve la matiere de l'œuvre pendant le cours des opérations. On peut donc rencontrer des Ofiris de toutes les couleurs; mais il faut alors faire at tention aux attributs qui l'accompagnent. Si l'Auteur du monument étoit au fait des myfterės d'Egypte, & qu'il ait voulu repréfenter Ofiris dans la gloire, les attributs feront rouges ou du moins fafranés dans fon expédition des Indes, ils feront variés de différentes couleurs; ce qui étoit indiqué par les tigres & les léopards qui accompagnoient Bacchus; en Ethiopie, ou mort, les couleurs feront ou noires ou violettes, mais jamais on y trouvera du blanc fans mélange, comme on ne verra jamais aucun attribut d'Ifis purement rouge. Il feroit à fouhaiter, quand on trouve quelque ancien monument coloré, que

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ques. Ses feuilles font grandes, nerveufes en deffous, attachées à des queues longues & groffes: fa fleur eft du genre des fleurs de pied-de-veau, fait en forme d'oreilles d'âne ou de corner, dans lequel est placé le fruit, compofé de différentes baies rouges, entaflées comme en grappe tout le long d'une espece de pilon qui s'éleve du fond de la fleur. Les Arabes font un grand commerce de fa racine, qui eft bonne à manger.

On reconnoît cette fleur fur la tête de plufieurs Divinités, & plus fouvent fur celle de quelques Harpocrates; non qu'elle fût un fymbole de fécondité, comme le difent quelques-uns; mais parce que la couleur rouge de fes fruits repréfentoit Horus Hermétique, avec lequel on a fouvent confondu Harpocrate, & que ce Dieu du Silence ne fut inventé, que pour marquer le filence que l'on devoit garder au fujet de ce même Horus.

CHAPITRE XI I I.
Du Perfea.

C'EST

EST un arbre qui croît aux environs du grand Caire. Ses feuilles font très-femblables à celles du laurier, excepté qu'elles font plus grandes. Son fruit a la figure d'une poire, & renferme un noyau, qui a le goût d'une châtaigne.

La beauté de cet arbre qui est toujours verd, la reffemblance de fes feuilles à une langue, &

celle de fon noyau à un cœur, l'avoient fait confacrer au Dieu du Silence, fur la tête duquel on le voit plus ordinairement que fur celle d'aucune autre Divinité. Il y eft quelquefois entier, d'autres fois ouvert pour faire paroître l'amande ; mais toujours pour annoncer qu'il faut favoir conduire fa langue, & conferver dans le cœur le fecret des myfteres d'ls, d'Ofiris, & des autres Divinités dorées de l'Egypte. C'eft pour cette raison qu'on le voit quelquefois fur la tête d'Harpocrate rayonnante, ou pofé fur un croillant (a).

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CHAPITRE XI V.

Du Mufa ou Amufa.

UELQUES Botanistes & plufieurs Hiftoriens l'ont qualifié d'arbre, quoiqu'il foit fans branches. Son tronc eft ordinairement gros comme la cuiffe d'un homme, fpongieux, couvert de plufieurs écorces ou feuilles écailleufes, couchées les unes fur les autres; fes feuilles font larges, obtufes, & leur longueur furpaffe quelquefois fept coudées (b). Elles font affermies par une côre groffe & large, qui regue au milieu tout du long; du fommet de la tige naiffent des fleus rouges ou jaunâtres. Les fruits qui leur fucce

(a) Antiq. Explicat. de D. de Montfaucon, T. II. P. 2. pl. 124. fig. 8. & 10.

() Mém. de l'Acad. des Infcript. & Bell, Lett. des late T. HI,

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