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combat qui fe donne entre le volatil & le fixe où le premier agit fur le fecond, & le furmonte comme Atalante blefla le premier d'une fleche le fier animal, & fut caufe de fa prife; c'est pourquoi on lui en adjugea la hure & la peau. A ce combat fuccede la diffolution & la noirceur, repréfentées par les combats inftitués en l'honneur de Pélias, comme nous le verrons dans le quatrieme Livre. Enfin après y avoir remporté le prix contre Pélée, elle retrouva fes parens ; à-dire, qu'après que la couleur noire a difparu la matiere commence à fe fixer, & à devenir Lune & Soleil des Philofophes, qui font les pere & mere de leur matiere. Le reste a été expliqué ci-devant. Ce que je viens de dire de la guerre de Calydon fembleroit exiger que j'en traffe dans un plus grand détail à ce fujet; mais cette fable n'étant pas de la nature de celles que je me fuis propofé d'expliquer dans ce fecond Livre, à caufe de leur rapport plus apparent avec l'Art Hermétique, je n'en ferai pas une mention plus étendue.

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CHAPITRE IV.

La Biche aux cornes d'or.

L'HISTOIR HISTOIRE de la prife de la Biche aux cornes d'or & aux pieds d'airain, eft fi manifeftement une fable, qu'aucun Mythologue, je penfe, ne fe mettra en tête de la traiter autrement. M.

l'Abbé

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l'Abbé Banier (a) a bien fenti lui-même que des cornes, & qui plus eft des cornes d'or données à une Biche, qui n'en porte d'aucune espece, formoient une circonftance qui rend 1 hiftoire au moins allégorique, & que les pieds d'aurain devoient faire allufion à quelque chofe; mais il a rapporté implement le fait des cornes fans y donner aucune explication, quelqu'envie qu'il eût de donner cette fiction pour une histoire véritable. Il auroit bien fait de fe taire aufli fur les pieds d'airain. «Hercule, dit-il, ayant pour» fuivi pendant un an une Biche qu'Eurysthée lui avoit ordonné de lui amener en vie, on publia dans la fuite qu'elle avoit les pieds d'ai» rain; expreffion figurée, qui marquoit la vî. "telle avec laquelle elle couroit. » Le Lecteur penfera-t-il avec ce Mythologue que des pieds d'aitain foient très-propres à donner de la légereté à un animal & à augmenter fa vîteffe? Pour moi fi je voulois expliquer cette fable dans le systême de ce Savant, j'aurois fuppofé, au contraire, que l'Auteur de cette fiction avoit feint ces pieds d'ai rain pour rendre le fait plus croyable; non pas quant aux pieds d'airain en eux-mêmes, mais pour donner à entendre figurativement, que cette Biche étoit d'une nature beaucoup plus pefante que les Biches ne le font communément; par conféquent bien moins légere à la courfe, & plus facile à être prife par un homme qui la pourfui

voir.

Mais cette difficulté levée, il reste encore celle

(a) T. III. p. 276.

1. Partic.

Mm

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des cornes d'or; celle de la pourfuite d'une année entiere; celle de ne pouvoir être tuée par aucune arme, ni prife à la courfe par aucun homme qu'un Héros tel qu'Hercule, enfin toutes les autres circonftances de cette fiction. Une histoire de cette espece deviendroit un conte puéril, & un fait très-peu digne d'être mis au nombre des travaux d'un fi grand Héros, s'il ne renfermoit quelques mysteres.

Cette Biche étoit, dit-on, confacrée à Diane. Elle habitoit le mont Ménale; il n'étoit pas permis de la chaffer aux chiens, ni à l'arc; il falloit la prendre à la courfe, en vie, & fans perte de fon fang. Euryftée commanda à Hercule de la lui amener. Hercule la poutfuivit fans relâche un an entier, & Fattrapa enfin dans la forêt d'Artémise, confacrée à Diane, lorfque cet animal étoit fur le point de traverfer le fleuve Ladon.

L

La Biche est un animal des plus vîtes à la courfe, & aucun homme ne pourroit fe flatter de l'atteindre. Mais celle-ci avoit des cornes d'or & des pieds d'airain; elle en étoit moins lefte, & par conféquent plus aifée à prendre ; & malgré cela il falloit un Hercule. Dans toute autre circonftance, celui qui fe feroit avifé de prendre une Biche confacrée à Diane, dans les bois de cette Déeffe, &c. auroit infailliblement encouru l'indignation de la foeur d'Apollon, extrêmement jaloufe de ce qui lui appartenoit, & puniffant févérement ceux qui lui manquoient. Mais dans celle-ci Diane femble avoir agi de concert avec Alcide, quoiqu'elle parût faite pour fournir matiere aux travaux de ce Héros, Le Lion Néméen,

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le Sanglier d'Erymante en font des preuves. Her cule qui lançoit des fleches contre le Soleil mê me, auroit-il à craindre le courroux de Diane? mais quelque téméraire qu'il eût pu être, lui qui étoit dans le monde pour le purger des monftres & des malfaiteurs qui l'infeftoient, auroient-ils ofé s'en prendre aux Dieux, s'il avoit regardé ces Dieux comme réels, & s'il n'avoit fu qu'ils étoient de nature à pouvoir être attaqués impunément par des hommes? Il brave Neptune, Pluton, Vulcain, Junon. Tous cherchent à lui nuire, à lui donner de l'embarras, & il s'en tire. Mais tels font les Dieux fabriqués par l'Art Hermétique, ils donnent de la peine à l'Artiftemais celui-ci les pourfuit tout-à-coup de fleches ou de malfue, & vient à bout d'en faire ce qu'il fe propose. Dans la pourfuite qu'il fait de cette Biche, il n'emploie pas de telles armes; mais l'or même dont les cornes de cet animal font faires, & fes pieds d'airain favorifent fon entreprife. C'est en effet ce qu'il faut dans l'Art chymique, où la partie volatile, figurée par la course légere de la Biche, eft volatile au point, qu'il ne faut rien moins qu'une matiere fixe comme l'or pour la fixer. L'Auteur du Rofaire a employé figurativement des expreffions qui fignifient la même chofe, lorfqu'il a dit : « L'argent-vif volatil ne fert de rien, s'il n'eft mortifié avec fon corps; ce corps eft de la nature du Soleil. » Deux animaux font dans notre forêt, dit un ancien Philofophe Allemand (a), l'un vif,

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(a) Rythmi German.

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léger, alerte, beau, grand & robuste; c'est » un Cerf, l'autre eft la Licorne. »

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Bafile Valentin, dans une allégorie fur le Magiftere des Sages, s'exprime ainfi : « Un âne » ayant été enterré, s'eft corrompu & putréfié; il en eft venu un cerf ayant des cornes d'or » & des pieds d'airain beaux & blancs; parce » que la chofe dont la tête eft rouge, les yeux » noirs & les pieds blancs, conftitue le Magif» tere. Les Philofophes parlent fouvent da laton ou leton qu'il faut blanchir. Ce laton ou la matiere parvenue au noir par la putréfaction, eft la bafe de l'œuvre. Blanchiffez le laton, & déchirez vos livres, dit Morien; l'azoth & le laton vous fuffifent. On a donc feint avec raison que cette Biche avoit des pieds d'aitain. De cet airain étoient ces vafes antiques que quelques Héros de la fable offrirent à Minerve; le Trépied dont les Argonautes firent préfent à Apollon; l'inftrument au bruit duquel Hercule chassa les oifeaux du lac Stymphale; la tour dans laquelle Danaë fut renfermée, &c.

Tout dans cette fable a un rapport immédiat avec Diane, La Biche lui eft confacrée; elle habite fur le mont Ménale, ou pierre de la Lune, de μm, luna, & de xaas, lapis elle fut prife dans la forêt Artémife qui fignifie auffi Diane. La Lune & Diane ne font qu'une même chofe, & les Philofophes appellent Lune la partie volatile ou mercurielle de leur matiere. Lunam Philofophorum five corum mercurium, qui mercurium vulgarem dixerit, aut fciens fallit, aut ipfe fal

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