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litur (a). Ils nomment auffi Diane leur matiere parvenue au blanc : Viderunt illam fine vefte Dianam hifce elapfis annis (fciens loquor) multi & fuprema & infima fortis homines, dit le Cofmopolite dans la Préface de fes douze Traités. C'est alors que la Biche fe laiffe prendre, c'eft-à-dire,' la matiere de volatile qu'elle étoit devient fixe. Le fleuve Ladon fut le terme de fa course, parce qu'après la circulation longue elle fe précipite au fond du vafe dans l'eau mercurielle, où le volatil & le fixe fe réuniffent. Cette fixité eft

défignée par le préfent qu'Hercule en fait à Euryfthée; car Euryfthée vient d'Eupus, latus, amplus, & de sriw, fto, maneo. Comme on a fait Ev'puodern, firmiter ftans, ou potens, d'Epus, latus, & de réros, robur, C'eft donc comme fi l'on difoit que l'Artifte, après avoir travaillé à fixer la matiere lunaire pendant le temps requis, qui eft celui d'un an, il réuffit à en faire leur Diane, ou à parvenir au blanc, & lui donne enfuite le dernier degré de fixité fignifié par Eurystée. Ce terme d'un an ne doit pas s'entendre d'une année commune, mais d'une année Philofophique, dont les faifons ne font pas non plus les faifons vulgaires. J'ai expliqué ce que c'étoit dans le Traité Hermétique qui fe trouve au commence ment de cet Ouvrage, & dans le Dictionnaire qui lui fert de Table.

Certe pourfuite d'un an auroit dû faire foupçonner quelque myftere caché fous cette fiction. Mais les Mythologues n'érant pas au fait de ce

(a) D'Espagn. Can. 44.

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myftere, n'ont pu y voir que du fabuleux. Chaque chofe a un temps fixe & déterminé pour parvenir à fa perfection. La Nature agit toujours longuement, & quoique l'Art puiffe abréger fes opérations, il ne réufliroit pas s'il en précipitoit trop les procédés. Au moyen d'une chaleur douce, mais plus vive que celle de la Nature, on peut prématurer une fleur ou un fruit; mais une chaleur trop violente brûleroit la plante, avant qu'elle eût pu produire ce qu'on en attendoit. Il faut plus de patience & de temps dans l'Artifte que de travail & de dépenfe, dit d'Espagnet (a), Riplée nous affure d'ailleurs (b, & beaucoup d'autres, qu'il faut un an pour parvenir à la perfction de la pierre au blanc, ou la Diane des Philofophes, que cet Auteur appelle chaux. «< il » nous faut, dit-il, un an, pour que notre chaux » devienne fufible. fixe, & prenne une couleur » permanente. » Zacharie & le plus grand nombre des Philofophes difent qu'il faut 90 jours, & autant de nuits pour pouffer l'œuvre au rouge après le vrai blanc, & 275 jours pour parvenir à ce blanc, ce qui fait un an entier, auquel Trévilan ajoute fept jours.

Quelques Mythologues ont fait de cette fable une application affez extraordinaire. Hercule, difent-ils, figure le Soleil, qui fait fon cours tous les ans. Mais quand il faut dire qu'elle est cette Biche que le Soleil poutfuit, ils restent en chemin, tant il eft vrai que toute explication faulle cloche toujours par quelqu'endroit.

(4) Can. 35.

(b) 12 Portes.

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UOIQUE la fable de Midas ne renferme pas une feule circonftance qu'on puiffe avec fondement regarder comme hiftorique, M. l'Abbé Banier prétend que tout en eft vrai (a). « C'est aini, dit ce Mythologue, que les Grecs fe plaifoient à traveftir l'hiftoire en fables ingénieufes. Je dis l'hiftoire, car c'en eft une vé»ritable. » Les Auteurs de cette fiction ne pourroient-ils pas dire de M. l'Abbé Banier avec plus de raifon C'est ainfi que ce Savant traveftit en hiftoire ce qui ne fut jamais qu'un fruit de notre imagination; car l'hiftoire prétendue de Midas eft une fable pure. En effet, tous les Acteurs de la piece ne font-ils pas imaginaires? Nous avons donné Cybele, mere de Midas, pour mere des Dieux, & il plaît à ce Mythologue d'en faire une Reine de Phrygie, fille de Dindyme & de Méon, Roi de Phrygie & de Lydie. Silene étoit pour nous le nourricier du Dieu Bacchus qui n'exifta jamais, il le métamorphofe en Philofophe auffi célebre par fa fcience que par fon ivrognerie. Je fais bien que plufieurs anciens Auteurs font de fon fentiment, & qu'ils ne regardent cette ivreffe dont on a tant parlé, que comme une ivreffe mystérieufe, qui fignifioit que Silene étoft

(a) Mythol. T. II. p. 596.

profondément enfeveli dans fes fpéculations. Cicéron, Plutarque & bien d'autres encore avoient conçu de lui une idée à peu près semblable; mais les uns ne parlent que d'après les autres, & lorfqu'on remonte à la fource, on ne voit Silene que comme un véritable ivrogne, pere nourricier du Dieu Bacchus.

La fingularité même de l'aventure qui livra Silene, à Midas, & ce qui en réfulta ne peut être regardé que comme une pure fiction. Y a-t-il apparence que Midas, en tant que le plus avare des hommes, eût prodigué du vin jufqu'à en remplir une fontaine pour engager Silene d'en boire avec excès, & l'avoir en fa poffeffion? Un avare n'auroit-il pas trouvé un moyen plus conforme à fon avarice, & falloit-il ufer d'un ftratagême auffi coûteux pour obtenir une chofe aufli aifée ? Les façons dont Midas en ufa envers Silene, fuivant ce qu'en rapporte M. l'Abbé Banier (a), détruifent même abfolument l'idée de réalité. « Silene, dit ce Mythologue, rodoit dans » le pays, monté fur fon âne, & s'arrêtoit fou » vent près d'une fontaine pour cuver son vin, » & fe repofer de fes farigues. L'occafion parut » favorable à Midas: il fit jeter du vin dans » cette fontaine, & mit quelques payfans en »embufçade. Silene but un jour de ce vin avec » excès, & ces pay fans qui le virent ivre, fe »jeterent fur lui, le lierent avec des guirlandes

de fleurs, & le menerent ainfi au Roi. Ce » Prince, qui étoit lui-même initié aux Myf

(a) Loc. cit. p. 395,

»teres de Bacchus, reçut Silene avec de grandes » marques de refpect; & après avoir célébré » avec lui les Orgies pendant dix jours & dix » nuits confécutives, & l'avoir entendu difcourir » fur plufieurs matieres, le remena à Bacchus. » Ce Dieu, charmé de revoir fon pere nourricier, » dont l'abfence lui avoit caufé beaucoup d'inquiétudes, ordonna à Midas de lui demander » tout ce qu'il voudroit. Midas qui étoit extrêmement avate, fouhaita de pouvoir convertir »en or tout ce qu'il toucheroit ; ce qui lui fut » accordé. »

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Si l'on en croit le même Auteur, Silene étoit donc un Philofophe très-favant, dont Midas employa les lumieres pour l'établiffement de la Religion, & les changemens qu'il fit dans celle des Lydiens. Et pour avoir un garant de la vérité de cette histoire prétendue, il cite Hérodote (a), à qui il fait dire ce qu'il ne dit pas en effet. Les autres explications font fi peu naturelles, & s'éloignent fi fort du vraisemblable, que je ne crois pas devoir les rapporter.

Si Silene étoit un Philofophe Philofophe, quelle raifon peut avoir engagé de le fuppofer nourricier de Bacchus? La Philofophie n'eft-elle pas incompatible avec l'ivreffe? Un homme adonné habituellement à ce vice, n'eft aucunement propre aux profondes fpéculations que demande cette fcience. Puifque ce Philofophe prétendu avoit coutume. d'aller cuver fon vin auprès de la fontaine où il fut pris, étoit-il néceffaire de prendre tant de

(a) L. 1. c. 14.

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