Imágenes de páginas
PDF
EPUB

reffe; & pour la diftinguer de l'amas des eaux, & vocavit Deus aridam terram, congregationefque aquarum maris (a).

L'air, l'eau & la terre ne font qu'une même matiere plus ou moins ténue & fubtilisée, selon qu'elle elt plus ou moins raréfiée. L'air, comme le plus proche du principe de raréfaction, eft le plus fubtil; l'eau vient enfuite, & puis la terre.

Comme l'objet que je me propofe en donnant ces principes abrégés de Phyfique, est seulement d'inftruire fur ce qui peut éclairer les amateurs de la Philofophie Hermétique, je n'entrerai point dans le détail de la formation des aftres & de leurs mouvemens.

De la lumiere, & de fes effets.

La lumiere, après avoir agi fur les parties de la masse ténébreuse, qui lui étoient plus voifines, & les avoir raréfiées plus ou moins à proporţion de leur éloignement, pénétra enfin jusqu'au centre, pour l'animer dans fon tout, la féconder, & lui faire produire tout ce que l'Univers préfente à nos yeux. Il plut alors à Dieu d'en fixer la fource naturelle dans le Soleil, fans cependant l'y ramaffer toute entiere. Il femble que Dieu l'en ait voulu établir comme l'unique difpenfateur, afin que la lumiere créée de Dieu unique, lumiere incréée, elle fût communiquée aux créatures par un feul, comme pour nous indiquer fa premiere origine.

De ce flambeau lumineux tous les autres em

(a) Genef. c. I.

pruntent leur lumiere & l'éclat qu'ils réfléchif fent fur nous; parce que leur matiere compacte produit à notre égard le même effet qu'une masse fphérique polie, ou un miroir fur lequel tombent les rayons du Soleil. Nous devons juger des corps célestes comme de la Lune, dans laquelle la vue feule nous découvre de la folidité, & une propriété commune aux corps terreftres d'intercepter les rayons du Soleil, & de produire de Pombre, ce qui ne convient qu'aux corps opaques. On ne doit pas en conclure que les Aftres & les Planetes ne font pas des corps diaphanes; puifque les nuages, qui ne font que des vapeurs ou de l'eau, font également de l'ombre en interceptant les rayons folaires.

Quelques Philofophes ont appelé le Soleil ame du monde, & l'ont fuppofé placé au milieu de l'univers, afin que comme d'un centre il lui fût plus facile de communiquer par-tout les bénignes influences. Avan tque de les avoir reçues, la terre étoit comme dans une efpece d'oifiveté, ou comme une femelle fans mâle. Si-tôt qu'elle en fut imprégnée, elle produifit auffi-tôt, non des fimples végétaux comme auparavant, mais des êtres animés & vivans, des animaux de toutes fortes d'efpeces.

Les élémens furent donc auffi le fruit de la lumiere; & ayant tous un même principe, comment pourroient-ils, fuivant l'opinion vulgaire, avoir entr'eux de l'antipathie & de la contrariété? C'est de leurs union que font formés tous les corps felon leur efpeces différentes ; & leur diverfité ne vient que du plus ou du moins de ce

que chaque élément fournit pour la composition de chaque mixte.

La premiere lumiere avoit jeté les femences des chofes dans les matrices qui étoient propres à chacune; celle du Soleil les a comme fécondées, & fait germer. Chaque individu conferve dans fon intérieur une étincelle de cette lumiere qui réduit les femences de puiffance en acte. Les efprits des êtres vivans font des rayons de cette lumiere, & l'ame feule de l'homme eft un rayon ou comme une émanation de la lumiere incréée. Dieu, cette lumiere éternelle, infinie, incompréhenfible, pouvoit-il fe manifefter au monde autrement que par la lumiere; & faut-il s'étonner s'il a infufé tant de beautés & de vertus dans fon image, qu'il a formé lui-même, & dans laquelle il a établi fon trône: In fole pofuit tabernaculum fuum (a).

De l'Homme.

Dieu en fe corporifiant, pour ainfi dire, par la création du monde, ne crut pas que c'étoit affez d'avoir fait de fi belles chofes; il voulut y mettre le fceau de fa Divinité, & fe manifefter encore plus parfaitement par la formation de l'homme. Il le fit pour cet effet à fon image & à celle du monde. Il lui donna une ame, un efprit & un corps; & de ces trois chofes réu nies dans un même fujet, il en conftitua l'humanité.

Il compofa ce corps d'un limon extrait de la (a) Pfal. 18.

plus pure fubftance de tous les corps créés. Il tira fon efprit de tout ce qu'il y avoit de plus parfait dans la Nature, & il lui donna une ame faite par une espece d'extenfion de lui-même. C'eft Hermès qui parle (a).

Le corps repréfente le monde fublunaire, compofé de terre & d'eau; c'eft pour cela qu'il eft compofé de fec & d'humide, ou d'os, de chair & de fang.

L'efprit infiniment plus fubtil, tient comme le milieu entre l'ame & le corps, & leur fert comme de lien pour les unir, parce qu'on ne peut joindre deux extrêmes que par un milieu. C'est lui qui par fa vertu ignée vivifie & meut le corps fous la conduite de l'ame, dont il eft le miniftre; quelquefois rebelle à fes ordres, il fuit fes propres fantailies & fon penchant. Il représente le firmament, dont les parties conftituantes font infiniment plus fubtiles que celles de la terre & de l'eau. L'ame enfin eft l'image de Dieu même, & le flambeau de l'homme.

Le corps tire fa nourriture de la plus pure fubftance des trois regnes de la Nature, qui paffent fucceffivement de l'un dans l'autre pour aboutir à l'homme, qui en eft la fin, le com

(a) Mens, ô Tat, ex propriâ effentia Dei eft aliqua fiquidem eft Dei effentia. Qualifcumque tamen ille fit, hæc ipfum fola abfolutè novit. Mens itaque ab effentiæ Dei habitu non eft præcifa. Quin etiam

velut diffufa, folis fplendoris inftar. Hæc autem mens in hominibus quidem Deus eft; eâ de causâ homines dii funt, ac ipforum humanitas divinitati eft confinis.

Pymand. cap. 11.

plément

plément & l'abrégé. Ayant été fait de terre & d'eau, il ne peut fe nourrir que d'une maniere analogue, c'est-à-dire, d'eau & de terre, & né fauroit manquer de s'y réfoudre.

L'efprit fe nourrit de l'efprit de l'Univers, & de la quinteffence de tout ce qui le conftitue, parce qu'il en a été fait. L'ame enfin de l'homme s'entretient de la lumiere divine dont elle tire fon origine.

La confervation du corps eft confiée à l'efprit. Il travaille les alimens groffiers que nous prenons des végétaux & des animaux, dans les laboratoires pratiqués dans l'intérieur du corps. Il y fépare le pur de l'impur, il garde & diftribue dans les vaiffeaux déférens la quinteffence analogue à celle dont le corps a été fait, foir pour en augmenter le volume, foit pour l'entretenir; renvoie & rejette l'impur & l'hétérogene par les voies destinées à cet ufage.

C'est là le véritable archée de la Nature, que Van Helmont (a) fuppofe placé à l'orifice de l'eftomac; mais dont il ne paroît pas avoir eu une idée nette, puifqu'il en a parlé d'une maniere fi embrouillée, qu'il s'eft rendu prefque inintelligible.

Cet archée eft un principe igné, principe de chaleur, de mouvement & de vie, qui anime le corps, & conferve fa maniere d'être autant de temps que la foibleffe de fes organes le permet. Il fe nourrit des principes analogues à lui-même qu'il attire fans ceffe par la refpiration c'eft

(a) Traité des malad.

I. Partie.

« AnteriorContinuar »