Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

ment de l'autre. La fublimation a pour objet de convertir une chofe pefante en une légere; une exhalaifon en vapeurs; d'atténuer le corps craffe & impur, & de le dépouiller de fes féces; de faire prendre à ces vapeurs les vertus & propriétés des chofes fupérieures; & enfin de débarrafler la terre d'une humeur fuperflue qui empêcheroit fes productions.

A peine ces vapeurs font-elles fublimées qu'elles fe condenfent en pluie, & de fpiritueu fes & invifibles qu'elles étoient, elles deviennent, un inftant après, un corps denfe & aqueux, pour retomber fur la terre, & l'imbiber du nectar célefte dont il a été impregné pendant fon féjour dans les airs. Si-tôt que la terre l'a reçu, la Nature travaille à le digérer & le cuire.

Chaque animal, le plus vil vermifseau est un petit monde où toutes ces chofes fe font. Si Ï'homme cherche le monde hors de lui-même, il le trouvera par-tout. Le Créateur en a fabriqué une infinité de la même matiere; la forme feule en eft différente. L'humilité donc convient parfaitement à l'homme, & la gloire à Dieu feul.

L'eau contient un ferment, un efprit vivifiant qui découle des natures fupérieures fur les inférieures, dont elle s'eft impregnée en errant dans les airs, & qu'elle dépofe enfuite dans le fein de la terre. Ce ferment eft une femence de vie, fans laquelle l'homme, les animaux & les végétaux ne vivroient & n'engendreroient point. Tout refpire dans la Nature; & l'homme ne vit pas de pain feul, mais de cet efptit aérien qu'il afpire fans ceffe.

Dieu

Dieu feul, & la Nature fon miniftre, savent fe faire obéir des élémens matériels principes des corps. L'art n'y fauroit atteindre; mais les trois qui en résultent, deviennent fenfibles dans la réfolution des mixtes. Les Chymiftes les nomment foufre, fel & mercure. Ce font les élémens principiés. Le mercure fe forme par le mélange de l'eau & de la terre: le foufre, de la terre & de l'air; le fel, de l'air & de l'eau condenfés. Le feu de la Nature s'y joint comme principe formel. Le mercure eft compofé d'une terre graffe vifqueule & d'une eau limpide. Le foufre, d'une terre très-feche, très-fubtile, mêlée avec l'humide de l'air. Le fel, enfin d'une eau craffe, pontique, & d'un air crud qui s'y trouve embarraffé. Voyez la Phyfique fouterraine de Bec

cher.

Démocrite a dit que tous les mixtes étoient compofés d'atômes; ce fentiment ne paroît point éloigné de la vérité, quand on fait attention ce que la raifon nous dicte, & à ce que l'expérience nous démontre. Ce Philofophe a voilé, comme les autres, fous cette maniere cbfcure de s'expliquer, le vrai mélange des élémens, qui, pour être conforme aux opérations de la Nature, doit fe faire intimement, ou, comme on dit, per minima, & actu indivifibilia corpufcula. Sans cela les parties ne feroient pas un tout continu. Les mixtes fe réfolvent en une vapeur très-fubtile par la diftillation artificielle; & la Nature n'eft-elle pas une ouvriere bien plus adroite que l'homme le plus expérimenté? C'est tout ce que Démocrite a voulu dire.

1. Partie.

G

Des manieres d'être générales des
Mixtes.

On remarque trois façons d'être (a), qui conftituent trois genres, ou trois claffes appelées regnes, l'animal, le végétal, & le minéral. Les minéraux s'engendrent dans la terre feulement; les végétaux ont leurs racines dans la terre, & s'élevent dans l'eau & l'air; les animaux prennent naissance dans l'air, l'eau & la terre; & l'air est pour tous un principe de vie.

Quelque différence que les mixtes paroiffent avoir quant à leurs formes extérieures, ils ne different point de principes (b); la terre & l'eau leur fervent de base à tous, & l'air n'entre prefque dans leur compofition que comme inftrument, de même que le feu. La lumiere agit fur l'air, l'air fur l'eau, l'eau fur la terre. L'eau devient fouvent l'inftrument du mélange dans les ou vrages de l'art, mais ce mélange n'eft que fuperficiel, comme nous le voyons dans le pain, la brique, &c. Il y a une autre mixtion intime que Beccher appelle centrale (c). C'eft celle par laquelle l'eau eft tellement mêlée avec la terre, qu'on ne peut les féparer fans détruire la forme du mixte. Nous n'entrerons point dans le détail des différens degrés de cette cohéfion, afin d'être plus court. On peut voir tout cela dans l'ouvrage que nous venons de citer.

(a) Cofmop. Nov. lum. Chem. Tr. 7. (b) Cofmop. Tract. 2.

(c) Phyf. fub. fec. 1. c. 4.

De la différence qui fe trouve entre ces trois Regnes.

Le Minéral.

On dit communément des minéraux qu'ils exiftent, & non pas qu'ils vivent, comme on le dit des animaux & des végétaux ; quoiqu'on puiffe dire que les métaux tirent en quelque façon leur vie des minéraux, foit parce que dans leur génération il y a comme une jonction du mâle & de la femelle fous les noms de foufre & de mercure, qui par une fermentation, une circulation, & une cuiffon continuée, fe purifient avec le fecours de fel de nature, fe cuifent & fe forment enfin en une maffe que nous appelons métal; foit parce que les métaux parfaits contiennent un principe de vie, ou feu inné qui devenu languiffant, & comme fans mouvement fous la dure écorce qui le renferme, y eft caché comme un tréfor, jufqu'à ce qu'étant mis en liberté par une folution philofophique de cette écorce, il fe développe & s'exhalte par un mouvement végétatif, au plus haut degré de perfection que l'art puiffe lui donner.

Le Végétal.

Un ame ou efprit végétatif anime les plantes; c'eft par lui qu'elles croiffent & fe multiplient; mais elles font privées du fentiment & du mouvement des animaux. Leurs femences font her

[ocr errors]

maphrodites, quoique les Naturalistes aient remarqué les deux fexes dans prefque tous les végétaux. L'efprit végétatif & incorruptible se développe dans la fermentation & la putréfaction des femences. Quand le grain pourrit en terre fans germer, cet efprit va rejoindre fa fphere.

L'Animal.

Les animaux ont de plus que les minéraux & les végétaux une ame fenfitive, principe de leur vie & de leurs mouvemens. Ils font comme le complément de la Nature quant aux êtres fublunaires. Dieu a diftingué & féparé les deux fexes dans ce regne, afin que de deux il en vînt un troifieme. Ainfi dans les chofes les plus parfaites se manifeste plus parfaitement l'image de la Trinité.

L'homme eft le Prince fouverain de ce bas monde. Toutes fes facultés font admirables. Les troubles qui s'élevent dans fon efprit, fes agitations, fes inquiétudes, font comme des vents, des éclairs, des tonnerres, des tourbillons, & des météores qui s'élevent dans le grand monde. Son cœur, fon fang, tout fon corps même en. font quelquefois agités; mais ce font comme des tremblemens de terre, & tout prouve en lui qu'il eft véritablement l'abrégé de l'Univers. David n'avoit-il donc pas raifon de s'écrier que Dieu eft infiniment admirable dans fes ouvrages (a)?

(a) Pfal. 91. 6. & 138, 14.

« AnteriorContinuar »