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à nous attacher fi fortement à cette unité fur la terre, que nous puiffions un jour parvenir à l'heureux terme où il n'y aura plus qu'une bergerie dans laquelle nous bénirons l'unique pasteur de nos ames pendant toute l'éternité bienheureuse, où nous conduise le Pere, le Fils & le Saint-Efprit. Ainfi foit-il.

CONFÉRENCE CINQUIEME, Contre les Juifs (a).

L'ACCOMPLISSEMENT DES PROPHETIES DANS LA PERSONNE DE J. C.

Teftimonia tua credibilia facta funt nimis.

Seigneur, vos oracles font d'une évidence à forcer les plus incrédules.

Pfalmo 92, v. 5.

QU'ON fe trompe groffiérement, quand on se

se

figure que notre Religion craint d'être approfon

(a) Les Juifs. Il eft vrai qu'il n'y a peut-être pas des Juifs dans toutes les villes du royaume; mais il y en a dans la Capitale. Il y en a à Metz, à Nancy, à Lyon, à Bordeaux & bien ailleurs. Ils ne viendront pas fans doute écouter le Curé qui les réfutera dans fes prônes. Mais parlà le pafteur précautionnera contre la féduction les fideles. qui les fréquentent, & qui pourroient être induits à penfer

die! Non, mes chers auditeurs, bien différente de ces religions fauffes, qui fafcinant autrefois les yeux de prefque tous les hommes, n'appréhendoient rien tant que la lumiere, elle gagne trop à être connue, pour appréhender qu'on la connoiffe, & fi elle nous oblige à une foilion aveugle au fujet des myfteres qu'elle nous propofe; elle nous permet d'examiner combien font evidents les mo

tifs qui en établiffent la certitude.

L'auteur de cette Religion menace, il est vrai, d'opprimer du poids de fa gloire ceux qui par une curiofité mal entendue cherchent à approfondir fes divins fecrets, & à comprendre ce qui de fa nature eft incompréhenfible; mais pour ceux qui croyant déja tous nos myfteres, en examinent les preuves, afin de s'y affermir davantage, ils ne peuvent que plaire à un Dieu qui n'a donné tant de certitude à fes oracles qu'afin de les rendre évidemment croyables: Teftimonia tua credibilia facta funt nimis.

Et c'eft-là, mes freres, ce que je me propose de vous faire voir en montrant que la Religion Chrétienne a des caracteres diftinctifs qui doivent

comme eux. D'ailleurs, un Curé, dans ces fortes de pays, peut fe trouver avec les Juifs dans la fociété civile, & y avoir occafion de retirer quelques-uns d'entr'eux de l'erreur, ou au moins de fermer la bouche à ceux qui voudroient parler contre notre fainte Religion.

la

la faire évidemment connoître pour une Religion divine. En effet une Religion prédite par des prophéties qui ne peuvent venir. que de Dieu, établie par des miracles qu'on ne peut attribuer qu'à Dieu, confirmée par des progrès où il n'y a rien qui ne foit de Dieu, eft tellement une Religion divine, qu'on ne peut, fans renoncer à tous les principes de l'évidence, s'empêcher de la regarder comme telle. Or, ce font-là les caracteres de notre Religion. Les prophéties qui l'ont annoncée, les miracles qui l'ont accompagnée, les progrès qui l'ont confirmée, forment en fa faveur une démonstration qui doit nous faire dire avec un pieux docteur, que Richard de fi, par impossible, nous nous trompions en pro- S. Viaor. feffant le Christianisme, ce feroit Dieu même qui nous auroit trompés. Domine, fi error eft, à te deceptus fum.

Voilà donc, en trois mots, ce qui devroit faire le fujet de ce Difcours. Les prophéties qui ont prédit notre Religion. Les miracles qui ont établi no-, tre Religion. Les progrès qui ont fuivi notre Religion. Mais comme tout cela nous meneroit trop loin, contentons-nous aujourd'hui de parler des prophéties. Comme les Juifs en font auffi-bien que nous les dépofitaires, il ne tiendra qu'à eux d'y ap-, percevoir la vérité du Chriftianifme. Commençons par implorer l'affiftance de la reine des prophetes, &lui dif ons avec l'Ange: Ave Maria.

K

5.

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L'ESPRIT prophétique eft tellement le propre de la divinité, qu'Ifaïe ne craint point de promettre aux idoles qu'il les nommera des Dieux, pourvu qu'elles puiffent annoncer les événements futurs: Ifaiæ 41, Annuntiate quæ ventura funt in futurum,& dicemus quia Dii eftis vos. En effet, comme il n'y a que Dieu feul qui puiffe prévoir ce qui arrivera dans les fiecles à venir, il n'y a conféquemment que lui feul qui puiffe le prédire avec certitude. Ainfi une Religion, dont l'auteur a été promis dans un tems extrêmement éloigné de celui qui le vit naître est évidemment une Religion divine, & c'est ce qui fe voit dans la nôtre; son auteur a été promis par différens prophetes, qui, long-tems avant fa venue, ont annoncé ce qui regarde fon origine & fa naissance, fa vie & fa mort, fes ignominies & fes triomphes avec la derniere précision.

1o. J. C. a

été annoncé

Quand il n'y auroit donc qu'une feule prophépar les pro- tie exactement vérifiée dans Jefus-Chrift, cela feul phetes. devroit fuffire pour montrer aux Juifs qu'il eft le vrai Meffie, promis de tous tems à leurs peres; puifque Dieu ne peut pas plus mentir une feule fois que mentir plufieurs. Mais au lieu d'une prophétie on en compte cinquante-trois, fi littéralement accomplies en fa perfonne, qu'il faut fermer volon tairement les yeux pour ne pas appercevoir le rapport qu'elles ont avec fa qualité de libérateur d'Ifraël.

Figurez-vous, mes freres, une ftatue dont les

différentes parties ont été travaillées par différens artifans qui ne fe font jamais connus, & qui ont vécu dans des fiecles & dans des pays extrêmement éloignés les uns des autres : une ftatue dont la tête, par exemple, a été cizelée par un fculpteur qui vivoit à Pékin il y a douze cents ans, dont les bras ont été taillés par un autre qui demeuroit à Conftantinople il y a huit fiecles, dont les autres membres font l'ouvrage de trois ou quatre artistes, dont l'un vivoit à Rome, l'autre à Paris, le troifiéme à Copenhague, le dernier à Amfterdam, & cela à plus de cent ans d'intervalle entre la mort des premiers & la naiffance des feconds. Figurez-vous que toutes ces parties, faites chacune à part dans des climats fi éloignés & dans des tems fi différens euffent néanmoins entr'elles un rapport fi exact & des proportions fi juftes, qu'en les rapprochant les unes des autres, il en réfulteroit une figure qui représenteroit au naturel un puiffant monarque, Louis XIV, par exemple, ou Louis XV; vous ne pourriez vous empêcher de convenir qu'un accord fi marqué entre des perfonnes qui en étoient fi peu fufceptibles, ne pourroit s'attribuer qu'au fouverain Etre, & qu'il faudroit néceffairement que Dieu lui-même eût préfidé à la confection de cet ou

vrage.

Voilà, mes chers auditeurs, ce qui fe voit dans le tableau de Jefus-Chrift, que des hommes infpirés nous ont dépeint dans leurs prédictions. Ils

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