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reufement quand ils auroient renié le Meffie, ils portent l'aveuglement jufqu'à continuer à le renier & à le blafphémer.

Seigneur, permettez-moi de vous adreffer ici la priere que l'Eglife vous fait une fois l'année en faveur des Juifs: Aufer velamen de cordibus eorum. Faites tomber, ô mon Dieu, le fatal bandeau qui les aveugle, afin que, vous reconnoiffant pour leur Dieu, ils deviennent par-là les enfans de la promeffe, & qu'eux & nous, ayons le bonheur d'habiter cette terre délicieufe dont la Palestine n'étoit que la figure, le Ciel, où nous conduife le Pere, le Fils & le Saint-Efprit. Ainfi foit-il.

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CONFÉRENCE SEPTIEME,

Contre les Payens.

LES MIRACLES PROUVENT LA DIVINITÉ DU CHRISTIANISME.

Si opera non feciffem in eis quæ nemo alius fecit, pec

catum non haberent.

Si je n'avois point fait parmi eux des prodiges que nul autre n'a faits, ils ne feroient point coupables.

Joannis, c. 15, 3. 24.

C'EST des Juifs, en présence & en faveur defquels Jefus-Chrift avoit opéré une foule de miracles, que ce divin Sauveur parle en cet endroit. Mais ce qu'il dit des œuvres miraculeufes dont il s'étoit fervi pour procurer leur converfion, on peut l'appliquer à celles que les Apôtres & leurs premiers fucceffeurs ont employées dans toutes les parties du monde à procurer la converfion des Gentils. Et c'eft fur-tout contr'eux que nous alléguons cette feconde- preuve de la divinité du Chriftianifme. Ce n'eft pas qu'elle ne soit auffi très-propre à convaincre les Juifs; mais elle l'eft encore plus à convertir les payens, parce qu'elle

tombe fous les fens.

Quand on leur montre des prodiges; par exem

ple, quand ils voyent que des hommes parlent une langue qu'ils n'ont point apprife; quand ils les voyent guérir des malades défespérés; quand ils les voyent faire fortir des morts de leurs tombeaux; cela les frappe davantage, & eft plus propre à leur ouvrir les yeux. C'eft ce que faint Paul femble nous apprendre dans fa premiere épître aux Corinthiens, où il dit que le don des langues eft propre à convertir les infideles: Linguæ funt figna infidelibus. Après avoir donc employé les prophéties contre les Juifs qui croyent dans le vrai Dieu, fervons-nous des miracles contre les payens qui n'y croyent pas.

Quoique les prophéties feules foient plus que fuffifantes pour établir la preuve de notre Religion; cependant il faut convenir que quand elles font jointes aux miracles, leur force eft beaucoup plus grande; il fe fait alors & des prophéties qui ont annoncé les miracles, & des miracles qui ont vérifié les prophéties, un ensemble qui porte la vérité du Chriftianifme jufqu'à la démonstration la plus évidente. Nous avons montré la certitude des premieres; faifons voir la vérité des feconds, après avoir imploré l'affistance du par l'entremise de Marie. Ave Maria.

ciel

LES miracles étant des événements merveilleux qui furpaffent le cours ordinaire des loix de la nature, ils ne peuvent être l'ouvrage que de Dieu

I ad Cor. 14, 22.

même qui en eft l'auteur, fur-tout quand ils fe font l'invocation du nom de Dieu, & pour par attefter la vérité d'une doctrine. Comme c'eft Dieu feul qui a établi ces loix, lui feul peut en fufpendre ou en arrêter le cours. C'eft lui qui a réglé que le feu détruiroit les matieres combustibles qu'on y jette, que l'eau ne foutiendroit pas les corps graves qui y tombent, qu'un homme mort ne reprendroit point une nouvelle vie. Quand donc on voit que le feu, contre la nature, refpecte des hommes qu'on y a jettés; que l'eau, contre la fienne, foutient des hommes qui marchent sur sa furface; qu'un homme mort reprend la vie qu'il avoit quittée, on ne peut attribuer des événements fi contraires aux regles établies dans l'ordre phyfique qu'à celui qui les a faites, & qui feul eft le maître d'y déroger quand il lui plaît.

Mais, fur-tout, quand des événements si extraordinaires fe font par l'invocation du nom de Dieu, & en confirmation d'une doctrine qu'on annonce comme étant la doctrine de Dieu même; oh! pour-lors il eft de la derniere évidence qu'on doit regarder cette doctrine comme venant effectivement de lui. Pourquoi ? Parce dans de femblables circonftances, Dieu ne pourroit, ni opérer lui-même, ni permettre qu'un autre opérât en fon nom des œuvres de cette efpece fans autorifer le menfonge. Les miracles qui s'operent en preuve d'une religion doivent donc évidemment être re

que

gardés comme le langage de Dieu, & pour ainfi dire, comme le sceau de la divinité. Ce terme de fceau me fournit une comparaifon qui fervira de développement à ce que je viens de dire.

Quand un fouverain veut publier un nouvel édit dans les pays de fon obéiflance, il en fait dreffer un acte authentique, il le figne & le fait contrefigner par fon fecrétaire d'état. Mais comme il feroit à craindre que quelque fauffaire ne contrefît l'une & l'autre fignature, & qu'il ne répandît dans le public, comme émanée du trône, une prétendue déclaration, qui n'en viendroit pas, il ajoute une feconde précaution à la premiere; c'est de faire appofer au bas du diplôme le fceau royal, à la vue duquel les chefs des cours fouveraines, chargées de vérifier les actes de cette nature, le font publier dans la capitale & dans les provinces, comme étant revêtu de toute l'authenticité requife.

Voilà ce que fait le fouverain de l'univers. Quand il fe détermine à donner de nouvelles loix au genre humain, il les lui annonce par des hommes infpirés à qui il révele fes divins fecrets. Mais de crainte que quelque impofteur ne s'avife de donner ses rêveries pour des révélations, ou que les révélations de l'homme infpiré ne passent pour impostures, il appofe en quelque forte aux loix dont il les charge de faire la publication, le sceau de la divinité; c'eft-à-dire, qu'il fait des miracles en confirmation de la doctrine qu'ils annon

des

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