Imágenes de páginas
PDF
EPUB

mes qui le leur imputent font intimement convaincus de l'atrocité de la calomnie, & que ce n'eft que pour jetter des doutes fur la foi dans le cœur des fideles, qu'ils tâchent de les faire douter de la croyance intérieure de ceux qui la leur prêchent.

V. 4.

J'ai cru, difoit autrefois le faint roi David; & c'eft pour cela que j'ai parlé : Credidi, propter Pfal. 1155 quod locutus fum. Oui, mes freres, ce grand Saint croyoit fermement toutes les vérités de la Religion, & c'eft pour cela qu'il en parle fi fouvent dans fes pfeaumes. L'apôtre faint Paul, après avoir cité ce paffage du pfalmifte, ajoute: Et nos 2 ad Cor. 4 credimus, propter quod & loquimur: Et nous

que nous

auffi nous croyons, & c'eft cela
pour
parlons. En effet, il croyoit fermement la divi-
nité de Jefus Chrift, & c'eft pour cela qu'il par-
loit tantôt aux Juifs, en leur montrant que ce
divin Sauveur étoit le vrai Meffie promis à leurs
ancêtres, & tantôt aux Gentils, en leur faifant
voir que c'étoit lui feul qu'on devoit regarder
comme le defiré des nations: Et nos credimus,
propter quod & loquimur.

Nous pouvons dire, mes freres, à l'exemple de ces deux Saints, que nous croyons fermement notre Religion, & que c'eft par ce motif que nous parlons pour la défendre: Et nos credimus, propter quod & loquimur. C'est ce que nous avons deffein de faire dans le cours de ces Con

férences. Terminons celle-ci par un abrégé de ce que nous vous dirons dans la fuite. Il confifte en cinq propofitions.

La premiere, il y a un Dieu. Pour s'en convaincre, il ne faut que jetter les yeux fur ce grand monde qui nous environne, & rentrer dans notre propre cœur. La feconde, s'il y a un Dieu, il y a une Religion. Pourquoi? c'eft que Dieu n'a pu nous créer que pour le connoître, F'aimer & le fervir. Or, connoître Dieu, aimer Dieu, fervir Dieu, c'eft le fond de la Religion. Donc, dès qu'il y a un Dieu, il faut néceffairement qu'il y ait une religion. La troifiéme, s'il y a une Religion, il n'y en a qu'une. Pourquoi c'eft que la vérité eft une, & que la vérité ne peut pas fe trouver dans deux Religions qui fe combattent. La quatrième, s'il n'y a qu'une Religion, c'eft la Religion Chrétienne. Pourquoi? c'eft qu'elle eft la feule qui ait les vrais caracteres de la divinité. Enfin la cinquiéme, fi la Religion Chrétienne eft la véritable, l'Eglife Catholique eft la feule qui foit vraimen Chrétienne. Pourquoi ? parce qu'elle eft la feule. qui ait les notes de la vraie Eglife de Jefus - Chrift

Voilà, mes freres, dans ces cinq vérités qui comme vous le voyez, fe tiennent toutes, & fuivent immédiatement les unes des autres, l'efpece de marche géométrique que nous garderons dans les preuves du Chriftianifme.

[ocr errors]

Béniffez, Seigneur, le deffein que nous avons de convertir les incrédules, & de fortifier les fideles dans une croyance hors de laquelle il n'y a point de falut. En croyant fermement toutes les vérités de la foi, & en y conformant notre conduite, nous espérons arriver au bonheur que Vous nous promettez dans le Ciel. Ainfi foit-il.

CONFÉRENCE PREMIERE,

Ou Difcours contre les Athées.

L'EXISTENCE

DE

DIEU (a).

Dixit infipiens in corde fuo: non eft Deus.
L'infenfé a dit dans fon cœur, il n'y a point de Dieu.
Pfal. 13, v. 1.

LE croiroit-on, mes freres, fi une trifte expérience ne nous l'apprenoit tous les jours, qu'il y a des hommes affez extravagans pour dire qu'i

(a) Quelques-uns trouveront peut-être mauvais que nous entreprenions de prouver l'existence de Dieu. Ne vaudroit-il pas mieux, diront-ils, fuppofer un principe fi incontestable, que d'en apporter les preuves. C'eft obfcurcir une vérité fi évidente que de vouloir l'éclaircir J'avoue que ce raifonnement me fit d'abord impreffion. Mais une perfonne qui m'infinua qu'en parlant fur la Religion, c'étoit pécher par les fondemens, que de ne point parler de l'existence de Dieu, & une autre qui

n'y a point de Dieu ? C'eft en effet le comble de l'extravagance, de nier l'exiftence d'un fouverain Etre, fans lequel aucun être ne pourroit exifter. Auffi David, en parlant de celui qui foutient un semblable paradoxe, l'appelle-t-il un insensé, pour nous montrer que cette opinion eft le plus haut degré de folie où un homme puiffe parvenir.

Cependant cet infenfé ne l'eft pas toujours au point d'ofer produire au dehors un fyftême fi ridicule. Non, ce n'est pas ordinairement de bouche que les Athées attaquent l'existence de Dieu; ce n'eft que dans leur efprit, ou plutôt dans leur cœur, in corde fuo, comme s'exprime le pfalmiste, qui parle de la forte pour nous montrer que le fyftême de la non-existence de Dieu eft dans ces impies beaucoup plus un defir que produit leur volonté, qu'un jugement réfléchi que produiroit leur entendement, comme nous le montrerons bientôt ; mais n'anticipons pas les matieres; & contentons-nous de dire ici que l'exiftence de l'Etre fuprême étant le fondement de la Religion, il faut, avant de prouver la feconde, établir inconteftablement la premiere.

On trouve des hommes à qui on pourroit dire

m'avoua qu'elle-même avoit befoin d'être inftruite làdeffus, me firent prendre le parti de me conformer en cela à la méthode qu'ont cru devoir fuivre dans tous les tems ceux qui ont traité de la Religion,

te que faint Paul difoit à quelques Chrétiens de fon tems, que, quoiqu'on les ait inftruits depuis plufieurs années, ils ont encore befoin qu'on leur enfeigne les premiers élémens du Chriftianifme: Cum deberetis magiftri effe propter tempus, rursum indigetis ut doceamini quæ fint elementa fermonum Chrifli. En effet, il femble qu'on ne devroit pas avoir befoin de prouver l'existence de Dieu, qui eft le fondement de toute la Religion, Cependant, puifqu'il eft des perfonnes à qui cela peut être utile, condefcendons à leur foibleffe, & montrons-leur combien eft déraifonnable le fyftême des Athées, qui attaquent ce principe de notre foi. C'est ce que nous allons faire dans cette premiere Conférence. Avant de la commencer demandons les lumieres de l'Esprit Saint par l'entremise de Marie, & lui difons avec l'Ange: Ave Maria.

Le premier pas néceffaire pour s'approcher de Dieu, c'eft de croire qu'il en eft un, dit faint Paul: Accedentem ad Deum credere oportet quia eft. Il fuit de-là que les Athées, par la raison qu'ils nient l'existence de Dieu, font de tous les hommes ceux qui font les plus éloignés de lui. Mais y en a-t-il des Athées, & même peut-il y en avoir ?

Pour répondre à cette queftion, il faut diftinguer des Athées de deux efpeces: Athées d'efprit,

Ad Habr

Ad Habr,

11, v. 6.

« AnteriorContinuar »