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toujours ceux où la Religion eft plus violemmer.t attaquée!

pfalmos.

Puifqu'on l'attaque publiquement, elle doit être publiquement défendue. Ne craignez pas, dit faint Auguftin, de défendre votre croyance parmi ceux même qui en font l'objet de leurs blafphêmes: Non erubefcas defendere vel inter blaf- Aug. Sunst phemos quod credidifti. C'est ce que nous avons deffein de faire dans ces Conférences; dans lefquelles, fuivant l'avis que nous donne S. Paul, qui veut qu'on foit en garde contre une vaine philofophie (a), nous montrerons aux philofophes de nos jours que le Chriftianifme, auquel ils livrent tant de combats, n'en eft pas moins, malgré leurs farcafmes, la Religion du vrai Dieu.

Conférences qui feront utiles aux incrédules ; aux chancelans & aux vrais fideles; aux incrédules qui ne croyent pas, aux chancelans qui ne croyent qu'à demi, aux vrais fideles qui croyent de tout leur cœur. Ce font là les trois efpeces de perfonnes auxquelles faint Athanafe (b) penfe que les difcours fur la Religion peuvent profiter.

(a) Videte ne quis vos decipiat per inanem philofophiam. S. Paulus ad Col. c. 2, v. 8.

(b) Qui malignè ifta inquirunt à tam inani ftudio defiftant. Aut præ fimplicitate dubitant, spiritu principali confirmentur. Vos verò qui veritatem comper tam habetis eamdem inconcuffam retinete. S. Athana fius in Epift. tom. 2 Conciliorum.

Luc. c. 1,

2.46.

crédules.

Vierge fainte que l'Ecriture félicite du bonheur que vous avez eu de croire tout ce qui vous a été révélé de Dieu, intéreffez-vous au fuccès de ce Difcours préliminaire & de ceux qui en font la fuite, en priant Dieu qu'il daigne s'en fervir pour rendre la foi à ceux qui l'ont perdue, pour la conferver dans ceux qui courent rifque de la perdre, & pour la fortifier dans ceux qui n'y ont jamais donné la moindre atteinte. C'est ce que nous vous demandons humblement en vous difant avec l'Ange: Ave Maria.

HEUREUX tems où les Chrétiens, fermes dans leur foi, n'avoient befoin que d'être exhortés à y conformer leur conduite, qu'êtes-vous devenus? Mais il ne fuffit pas de gémir fur l'altération de la croyance parmi nous, il faut essayer de lui rendre fa premiere fermeté, & de montrer aux incrédules combien eft injufte l'oppofition qu'ils forment à la Religion de leurs peres.

1. Les in. Les incrédules. Mais y en a-t-il parmi les Chrétiens Et ne nous faifons-nous pas ici des monftres, pour avoir le plaifir de les combattre? Ah, mes freres, qu'il feroit à fouhaiter que la queftion fût plus difficile à réfoudre! Il n'eft que trop certain qu'il y a des incrédules en France, & qu'il y en a même plus qu'il n'y en a jamais eu. Nouveaux Celfes, nouveaux Porphyres, nouveaux Juliens, vous attaquez les fideles du dix

huitieme siècle avec les mêmes armes que ces anciens impies employoient contre les Chrétiens de leur tems; & vous avez fur eux le funefte avantage de trouver dans les paffions de ceux-ci, de fâcheufes difpofitions qu'ils ne trouvoient pas communément dans les premiers.

Il est vrai, mes freres, que Dieu, qui n'abandonne jamais fon Eglife, a fufcité de nos jours, dans d'illuftres prélats & d'habiles écrivains, de nouveaux Origenes, de nouveaux Cyrilles, de nouveaux Eufebes dont les folides écrits ont pulvérifé les objections de ces modernes ennemis du Chriftianifme. Mais plus ces écrits font profonds, & fur-tout plus ils font volumineux, moins fontils proportionnés à la capacité du commun des fideles. C'est donc pour mettre ces favans ouvrages à la portée de tout le monde, que nous entreprenons ces Conférences.

Mais, dira-t-on, fi vous parlez aux incrédus les, vous parlerez aux absents; car les incrédules ne viennent point au fermon. A cela je réponds qu'il en pourra venir quelques-uns. Et n'y en eût-il qu'un feul à qui ces Conférences feroient utiles, nous ne regretterions pas notre travail. D'ailleurs, l'expérience montre qu'il en vient ordinairement un grand nombre. La nouveauté de ces fortes de difcours les attire. Et n'y eût-il que la curiofité, ce motif feul fuffit pour les engager à s'y rendre. Saint Auguftin difoit autrefois à fon

In Commonitorio.

peuple, que
dans fon auditoire il y en avoit plu-
fieurs qui ne venoient l'entendre que par cette
raifon. N'importe, difoit-il, qu'ils viennent tou-
jours; peut-être Dieu fe fervira-t-il de cette cu-
riofité qui les porte à chercher des chofes nou-
velles, pour leur faire trouver des vérités qu'ils ne
cherchent pas. C'eft ce qu'il expérimenta lui-mê-
me dans les difcours de faint Ambroife; il n'al-
loit d'abord l'entendre que par curiosité. Mais
ces difcours qui étoient pour lui tout nouveaux,
lui découvrirent des vérités dont il profita pour
fon falut.

Cependant, quand je parle ici de choses nouvelles, ne vous imaginez pas, mes freres, que j'aie deffein de vous dire fur la Religion rien de nouveau. En cette matiere, tout ce qui eft nouveau eft effentiellement erreur & menfonge. Auffi ne vous dirai-je fur cela que ce qui a été dit depuis plus de dix-fept cens ans. Le fond des chofes fera très-ancien, comme il doit l'être. Il n'y aura que la maniere de les dire qui pourra être nouvelle, au moins à l'égard de plufieurs perfonnes. Et c'est l'avis que donne là-deffus le célébre Vincent de Lérins. Lorsqu'il s'agit de la Religion, dit-il, donnez-vous bien de garde de rien dire de nouveau. Mais dites, fi vous le pouvez, d'une maniere nouvelle : Dicas novè, fed non

nova.

C'est ce que nous avons deffein de faire. On

n'a jufqu'ici communément expofé les preuves de la Religion que dans des écrits; & il eft extrêmement rare de les entendre expliquer dans la Chaire, au moins dans un certain détail. Or, ces favans écrits ne parviennent point à la connoiffance de la majeure partie du commun des fideles. Cependant la Religion eft pour eux auffi bien que pour les doctes. Il est donc utile, & même aujourd'hui, d'une efpece de néceffité, de mettre fous les yeux du peuple, parmi lequel il commence à fe trouver des incrédules, les preuves de notre fainte Religion.

On ne l'a prefque point fait jufqu'à préfent. Et on a eu raifon de ne le pas faire, parce qu'il n'en étoit pas befoin. Mais les chofes ayant changé de face à cet égard, nous devons changer de méthode, & varier nos défenfes, à proportion que nos ennemis varient leurs attaques. Ils répandent dans le public un déluge de brochures contre la Religion. Des ames vénales les débitent, non-feulement dans les grandes villes, mais dans les petits lieux, & jufques dans le fond de nos campagnes. Comme ces ouvrages font ordinairement en petits volumes, on fe les procure à peu de frais; on les lit en fort peu de tems. Les jeunes gens, fur-tout, fe les communiquent les uns aux autres, & le mal fait de jour en jour de nouveaux progrès.

Témoins de la rapidité avec laquelle cette gan

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