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2.13.

grene fe répand dans le public, ne ferons-nous rien pour en arrêter le cours? O vous qui êtes attaqués de cette maladie contagieufe, recevez le remede que nous vous préfentons! Il eft propre à vous guérir, pourvu que vous en vouliez faire ufage. Mais, hélas! qu'il y a de ces malades qui le font d'autant plus dangereufement que la maladie leur plaît! Oui, mes freres, il eft des incrédules qui s'obstinent à continuer de l'être, & qui ne viendront au fermon que pour blâmer le prédicateur.

Semblables à ces Pharifiens qui n'alloient écouter Jefus-Chrift que pour tâcher de le furprendre Matt. 22, dans fes paroles: ut caperent eum in fermone, ils ne viendront à nos Difcours, que pour en faire la critique. N'importe : qu'ils y viennent auffi. Peut-être Dieu, fans avoir égard à la perver fité de leurs cœurs, fe fervira-t-il de ces Difcours mêmes pour leur deffiller les leur deffiller les yeux; mais

qu'ils dépofent leur mauvaife difpofition, felon Ubi fuprd. l'avis que leur donne S. Athanafe: Qui ifla ma

ligné inquirunt, à tam inani ftudio defiftant.

Au refte, me dira peut-être ici quelqu'un, que ne laiffez-vous les incrédules pour ce qu'ils font? Chacun n'eft-il pas libre de penfer comme bon lui femble? Qu'ils foient dans l'erreur, ou qu'ils n'y foient pas que vous importe? Ah, mes freres, je vois un homme qui se noye, je tâche de lui donner du fecours, & vous effayez de m'en détourner, en me difant; que vous im

?

porte y penfez-vous? Oui, il importe, & il importe extrêmement à un Miniftre de JesusChrift d'empêcher fes freres de périr pour l'éternité. Leur perte eft d'autant plus propre à nous faire gémir, qu'elle eft plus volontaire de leur part; & je pourrois leur dire ce que S. Auguftin difoit à des pécheurs de fon tems: plus vous vous obftinez à vouloir périr, plus j'ai de raifon de vouloir que vous ne périffiez pas : Si vis (a) perire, quantò melius ego nolo. Vous courez, les yeux fermés, vous jetter au fond du précipice; je dois travailler à vous les ouvrir, afin qu'effrayés à la vue de l'abîme, vous vous arrêtiez fur fes bords.

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Cependant, quand même ce qu'à Dieu ne plaife, aucun des incrédules ne devroit profiter de ce que nous dirons ici; nous ne laisserions pas de le dire, afin de pouvoir nous répondre qu'au moins nous aurons fait nos efforts pour empêcher leur perte. Quoi, mes chers Auditeurs, nous verrons les ennemis du Chriftianifme effayer de fapper les fondements de la Religion; nous les verrons attaquer ce qu'elle a de plus refpectable dans fes myfteres, ridiculifer ce qu'elle a de plus augufte dans fon culte, répandre fur fes miniftres d'atroces calomnies, afin qu'elles retombent fur le miniftere même; & nous, fpectateurs oififs de

(4) S. Aug. in cap. 34 Ezechielis.

leurs efforts, nous n'en ferons aucuns pour les rendre inutiles! Nous verrons les ennemis venir en armes pour former le fiége de la cité de Dieu; & nous, semblables à ceux que l'Ecriture appelle des fentinelles endormies, nous craindrons de troubler le repos de nos concitoyens, & de les engager à s'armer du bouclier de la foi pour repouffer les traits qu'on veut leur lancer! Dieu nous préserve de tomber dans une infidélité fi coupable. Si la fentinelle voit venir l'ennemi, & qu'elle manque à fonner de la trompette, dit Dieu dans l'Ecriture, le peuple périra; mais la Exech. c. fentinelle me répondra de fa perte: Sanguinem autem ejus de manu fpeculatoris requiram. Evitons le jufte reproche qu'on nous feroit à cet Quafi tuba égard, & faifons retentir la trompette évangélituam. Ibid. que, pour avertir le peuple fidele de fe préparer

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exalta vocem

au combat.

Qu'on ne nous dife donc plus que nous avons tort d'agiter ces matieres, & qu'il vaut mieux laiffer les incrédules pour ce qu'ils font, que de les attaquer par des prédications publiques. Car fi cela eft, les Juftin, les Tertullien, les Arnobe, & les autres apologiftes du Chriftianifme eurent grand tort de publier des défenfes de notre fainte Religion. Que ne laiffoient-ils les idolâtres pour ce qu'ils étoient? Que ne se contentoient-ils du bonheur qu'ils avoient eux-mêmes de connoître & d'adorer Jefus - Chrift, fans fe

mettre en peine de réfuter les blafphêmes que les payens vomiffoient contre ce divin Sauveur? Mais non; ils fe donnerent bien de garde de tenir une conduite fi contraire aux intérêts de leur divin maître. Ce fut à ces apologies publiques que l'on fut redevable de l'augmentation du nombre des fideles, & quelquefois même du rallentiffement des perfécutions qu'on leur fufcitoit. Si l'on a tort de prêcher publiquement contre les incrédules, le Souverain Pontife, prédéceffeur médiat Clem. XIII. de celui qui gouverne actuellement l'Eglife de Dieu, eut donc grand tort, lorsqu'à son avénement à la chaire pontificale, il exhorta, dans sa lettre circulaire, les évêques de France à redoubler leurs foins pour arrêter les progrès de l'incrédulité dans le royaume. Ces refpectables prélats de I'Eglife Gallicane, affemblés dans la capitale en 1765, ont donc eu grand tort de s'exhorter euxmêmes, & d'exhorter enfuite leurs collégues dans l'Epifcopat à s'oppofer comme une digue au torrent de l'irréligion (a).

Excités par la voix des premiers pafteurs, nous n'avons garde de manquer à élever la nôtre, afin de ramener, s'il fe peut, nos incrédules à la foi

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(a) Les Prélats de l'affemblée commencée à Paris au mois de Mai 1775 & terminée au mois de Décembre fuivant, viennent tout récemment de faire la même chose.

1°. Les chancelans.

de leurs peres. Mais quand nous ferions sûrs que nos Conférences ne feroient utiles à aucuns des partisans de l'incrédulité, nous ne laifferions pas de les faire, dans l'efpérance qu'elles pourront l'être à ceux que nous appellons les chancelans.

C'est à ces fortes de perfonnes que parle le faint docteur que nous avons cité plus haut, lorfqu'il exhorte ceux qui, par fimplicité, doutent

de nos myfteres, à fe laiffer confirmer dans la foi S. Athana- par le Saint Efprit. Qui præ fimplicitate dubifius ubi jupra. tant, fpiritu principali confirmentur. Mais avant d'entrer dans le détail de ce qui regarde ceux qui chancelent dans la foi, il faut diftinguer deux efpeces de chancelans; les chancelans volontaires & les chancelans involontaires; car il y a une grande différence entre les uns & les autres.

Pour ce qui eft des premiers, on peut dire que leur état est, à-peu-près, le même que celui des incrédules pofitifs. En effet, douter volontairement de nos mysteres eft prefque la même chofe que de les croire abfolument faux. La raifon en eft évidente. On ne fait pas à Dieu une moindre injure en doutant s'il nous a trompés, qu'en affu rant qu'il l'a fait, Auffi les théologiens définiffentils la foi une vertu infufe par laquelle nous croyons fermement tout ce que Dieu nous a révélé. Je dis: fermement parce que c'eft cette fermeté qui conftitue la différence effentielle entre la foi, & l'opinion. D'où il fuit que, quand le doute fur

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