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teuque. Il y avoit chez les payens des efpeces de Talifmans en grande vénération parmi eux. C'étoient des pierres que l'on nommoit Béthyles, & fur lefquelles on répandoit de l'huile en les confacrant aux faux Dieux. L'hiftoire qui nous rapporte cette pratique ne nous en montre point la fource. Remontons jufqu'à Moïse; nous la trouverons dans fon Pentateuque. Il y eft dit de Jacob qu'après le mystérieux fommeil qu'il eut à Bethel, il prit la pierre qu'il avoit eue fous la tête en dormant, & qu'il la confacra à Dieu en y répandant Gen c. 18. de l'huile. Qui ne voit là le rapport qui fe trouve entre cette pierre de Béthel, confacrée à Dieu par Jacob en y répandant de l'huile, & les pierres Béthyles que les payens confacroient aux faux

Dieux de la même maniere: Tout cela montre évidemment la vérité des faits rapportés dans le Pen

tateuque.

Non-feulement les Chrétiens, mais les Juifs, les Samaritains, les payens, les Turcs, les Negres, les Chinois dépofent en faveur de l'authenticité de cet admirable ouvrage. Et fi cela eft, les miracles qui y font rapportés font certains. Si ces miracles font certains, il eft certain auffi qu'il y a eu une révélation. Oui, mes freres, cette révélation, commencée dans la Synagogue, eft de la plus grande certitude; & c'eft-là le fondement de notre Religion, qui n'eft autre chofe qu'une feconde révélation qui a perfectionné la premiere.

Jefus

Concluons de tout ce que nous venons de dire, que Moïse a figuré Jesus-Chrift, & & que Christ a confirmé la loi de Moïfe; que la Synagogue a annoncé l'Eglife, & que l'Eglife a été le complément de la Synagogue. I.a premiere nous a appris à connoître Dieu. La feconde nous a fait connoître Jefus - Chrift fon fils. C'eft en cela, Seigneur, que confifte la vie éternelle, à vous connoître, vous qui êtes le feul vrai Dieu, & à connoître Jefus-Chrift que vous nous avez envoyé : hæc eft vita æterna, ut cognofcant te Deum verum & quem mififli Jefum-Chriftum. C'est au nom de ce divin Sauveur que nous espérons avoir part à cette vie que vous nous promettez pendant toute l'éternité bienheureufe. Ainfi foit-il.

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CONFÉRENCE TROISIEME,

Contre les Deiftes.

L'EXISTENCE D'UNE RELIGION

RÉVÉLÉE.

Legem ergo deftruimus per fidem? Abfit. Sed legem flatuimus.

Détruifons-nous donc la loi par la foi? Non. Mais nous l'établiffons,

S. Paulus ad Rom. 3, 1. 31.

CE que l'Apôtre dit ici aux Juifs à l'égard de l'ancienne loi, par rapport à la loi nouvelle, nous pouvons le dire aux Déiftes à l'égard de la raison, par rapport à la Religion révélée. Détruifons-nous la loi de la Religion par la foi qui nous fait croire les myfteres que Dieu nous révele? Legem ergo deftruimus per fidem? Non. Et nous en fommes bien éloignés de la détruire. Au contraire, nous la fuppofons, nous l'établissons, nous la confirmons de plus en plus. Abfit. Sed legem ftatuimus.

les

En effet, mes freres, nous ne blâmons pas Déiftes de ce qu'ils fe déclarent les partifans de la raison; & nous n'avons garde de le faire, puifque nous le fommes, pour le moins, autant qu'eux. Et c'est le fens qu'on peut donner à ce que nous ordonne faint Paul, quand il veut que la foumiffion

que nous rendons à la foi foit appuyée fur les lumieres de la raifon (a): Rationabile obfequium veftrum.

C'est en effet la raison même qui nous dicte la docilité que nous avons à foumettre notre efprit aux lumieres de la foi. Cette ra:fon nous enfeigne qu'il y a un Dieu. Nous n'avons befoin que de fes lumieres pour comprendre la certitude de cette vérité fondamentale. Elle va plus loin; convaincue de l'existence d'un premier Etre, elle ne peut s'empêcher de conclure que cet Etre fuprême étant infiniment fage, n'a pu créer les êtres raifonnables que pour le connoître & l'aimer; puifque, par rapport à eux il n'y a point de fin digne de Dieu que fa connoiffance & fon amour. Elle conclut que la connoiffance & l'amour de Dieu étant l'effentiel de la Religion, dès qu'il y a un Dieu, il y a effentiellement une Religion.

Elle ne s'en tient pas encore là. Elle fait un

pas de plus, & elle dit, il n'eft pas impoffible que Dieu, non content d'avoir éclairé l'homme par le flambeau de la raifon naturelle, lui ait donné une Jumiere plus diftincte ; & au cas que cela foit, l'homme eft obligé d'y foumettre fon efprit. Il s'agit donc d'examiner fi ce qui eft poffible n'exifteroit

(a) Notre foi eft appuyée directement fur l'autorité d'un Dieu qui nous parle; mais c'est la raison qui nous montre qu'un Dieu a parlé.

Dieu a

pas. Or, en l'examinant, je trouve que parlé (a) à l'homme, qu'il lui a révélé des vérités furnaturelles, & que ces vérités ont été confirmées par des prodiges. Ces prodiges me montrent que la révélation étant l'ouvrage de Dieu, tout homme eft obligé de s'y foumettre, & que, par conféquent, quelqu'incompréhenfibles qu'on fuppofe les vérités qui me font révélées, je dois les croire par rapport à l'autorité d'un Dieu qui parle. Au refte, dès qu'il s'agit de la connoiffance de Dieu, je dois m'attendre à des vérités incompréhenfibles. Mon cœur ne pourroit adorer un Dieu que mon efprit pourroit comprendre. Un Dieu qui feroit compris pat un entendement auffi borné que

(a) Il est vrai que le fens que nous donnons ici au paffage de faint Paul n'eft pas le fens littéral que l'Apôtre a eu en vue; il oppofe le culte raisonnable des Chrétiens à celui des Juifs, qui n'offroient à Dieu en facrifice que des animaux fans raifon. Cependant Origene, Théophylate, Emmanuel-Sa & quelques autres interpretes indiqués par Corneille de la Pierre, difent qu'on pourroit le prendre dans un fens moins propre qu'on peut appeller un fens d'accommodation, pour un culte conforme à la raifon, qui eft le fens que nous lui donnons. Voici les paroles d'Emmanuel-Sa: Rationabile obfequium, græcè Aogonův Aarperar, id eft, cultum fecundùm rationem. In Bib. m. tom. V, pag. 574. MM. Bullet, Bergier & d'autres célébres écrivains modernes, & en particulier l'auteur de la Religion vengée, tom. I, pag. 340, l'ont pris auffi dans se fens,

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