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- & prit la parole le premier en confiCONSTAN dération de fa naissance. Son difcours

CE.

fut tout autre que celui qu'attendoit An. 350. Vétranion. Il commença à la vérité

par exhorter les foldats à venger fur Magnence la mort cruelle de leur Empereur, qu'ils avoient fi glorieufement fervi contre les barbares, & qui avoit tant de fois récompensé leur valeur. Mais bien-tôt tournant toute fa véhémence contre celui qui étoit affis à côté de lui, & qui fe regardoit comme fon collegue: » Souvenez» vous, foldats, s'écria-t-il, des bien» faits de mon pere; fouvenez-vous

des fermens que vous avez faits de »ne fouffrir le diadême que fur la

tête des enfans de Conftantin. Qui » de vous ofera comparer le fils & » le petit-fils de vos Empereurs à des » hommes nés pour obéir? Laifferez» vous déchirer l'empire ; & n'avez» vous pas appris par les troubles qui environnerent votre berceau, que > l'Etat ne peut être tranquille, que » quand il ne reconnoît qu'un feul maître? A ces mots les deux armées comme de concert proclament Conftance

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feul empe

CE.

Conftance feul augufte, feul reur : elles s'écrient qu'il faut fe dé- CONSTANfaire de tous ces fouverains illégiti- An. 350. mes > qui deshonorent le diademe. On menace Vétranion. Les foldats étoient prêts à fondre fur lui: mais ce fantôme d'empereur fe voyant trahi, fe jette aux pieds de Conftance, qui arrête la fougue des foldats: il defcend du tribunal; il fe dépouille lui-même de la pourpre & du diadême, qu'il remet entre les mains de Conftance. Les orateurs de ce tems-là parlent avec emphafe du fuccès merveilleux de cette éloquence, qui produifant l'effet 'd'une grande victoire fans verfer de fang, conquit au prince toute l'Illyrie, & fit paffer fous fes drapeaux une nombreuse infanterie, vingt mille chevaux, & les troupes auxiliaires de plufieurs nations belliqueufes. Mais nous favons que l'argent de Conftance partage au moins avec fon éloquence la gloire de l'événement, & que Gumoaire capitaine des gardes de Vétranion, avoit d'avance ménagé cette révolution.

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CE.

Conduite de

l'égard de Vétranion.

Conftance ayant embraffé Vétra

CONSTAN- nion, qui trembloit d'effroi, encore plus que de vieilleffe, le prit par la An. 350. main pour le garantir des infultes de XXII. la foldatefque; & l'ayant conduit Conftance à dans fa tente,il le fit manger avec lui. Comme il étoit en humeur de difcourir, il l'entretint des embarras de la puiffance fouveraine, fur-tout dans un âge avancé, & de la douceur du repos d'une vie privée: qu'il ne perdoit qu'un nom frivole, qui n'avoit de réel que les chagrins; & qu'il alloit jouir d'un bonheur folide, & fans mélange d'inquiétude. Cette morale affez déplacée dans la bouche de Constance, auroit déplû à tout autre; elle fe trouva au goût de ce vieillard fimple, à qui il ne reftoit que l'étonnement de s'être vû empereur pendant dix mois. Conftance l'envoya à Prufe en Bithynie; il lui donna un train magnifique, & des revenus confidérables. Vétranion en paffant par Conftantinople y parut avec fplendeur. Captif heureux, il fembloit triomphoit de fa défaite. Il vécut à Prufe pendant fix années ; & Conftance eut à fe féliciter dù fuccès

CONSTAN

CE.

de fes leçons.Le vieillard s'accommoda fi bien de cette tranquille opulence,qu'il fit écrire fouvent à l'Empereur An. 350. pour le remercier de l'avoir affranchi de cette forte d'efclavage, qu'on appelle fouveraineté : Vous avez tort, lui mandoit-il, de ne pas prendre votre part de ce bonheur, que vous favez procurer aux autres. On rapporte qu'il affiftoit fréquemment aux affemblées des fideles, qu'il répandoit d'abondantes aumônes, & qu'il conferva jufqu'à la mort un profond refpect pour les perfonnes confacrées au culte des autels.

XXIV.

Conftance

Céfar.

L'Empereur devenu maître de l'Illyrie & de la Pannonie, s'arrêta à Sir- An. 351. mium capitale de cette derniere Province. Il y étoit dès le commencement jette les yeux de l'année suivante, 351 de J. C. pour fur Gallus laquelle il ne créa point de confuls. pour le faire Il s'agiffoit de reconquérir la moitié Buch. Cycl. de l'empire, plutôt que de lui don- p. 240,251, ner des magiftrats. Mais Magnence, empreffé de mettre en ufage tous les droits de l'autorité fouveraine, fe nomma lui-même conful avec Gaïfon, Philoft.l.38 le meurtrier de Conftant. La rigueur

253.

29.

Idace.

Aur. Vid. Soc. 1. 2. c.

C. 25

CE.

An. 3.5.

de la faifon qui rendoit les paffages CONSTAN- impraticables, fermoit à Conftance l'entrée de l'Italie. D'un autre côté l'Orient reftoit expofé aux incurfions des Perfes. Dans la crainte qu'ils ne profitaffent de fon éloignement, il crut ne pouvoir mieux faire que de donner le titre de Céfar à Gallus, fon cousin germain, alors âgé de 24 ans, & de lui confier la défense des provinces orientales. C'étoit un Prince de peu d'efprit, & tout à fait incapable de foutenir le fardeau dont on accabloit fa foibleffe. Je l'ai laiffé avec fon frere Julien au milieu du maffacre qui fit périr fa famille, après la mort de Conftantin. Je vais reprendre en peu de mots l'histoire de ces deux princes.

XXV.

Gallus & de

Les meurtriers avoient épargné Education de Gallus, parce qu'il fembloit être fur Julien. le point de mourir de maladie : Marc Jul. ad Ath. évêque d'Aréthufe avoit fauvé Ju&Mifop. lien. La fureur des foldats étant affouvie, Conftance qui n'avoit point Libanor. 4 d'enfans, prit le parti de laiffer vivre Amin. 1. 22. ces deux jeunes princes, l'unique reffource de la famille impériale. Il

Greg, Naz.

or.3.

5. 10.11.

f. 9.

X.

Soc. 1.3.6.

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