Imágenes de páginas
PDF
EPUB

CE.

An. 35

même qui les avoit attirés. Sacrifiant cette belle province à fa colere con- CONSTAN tre Magnence, il les avoit engagés par de grandes fommes d'argent à paffer le Rhin, & leur avoit abandonné par des lettres expreffes la propriété des conquêtes qu'ils y pourroient faire. Ce qu'il y a de certain, c'est que diverses bandes de Francs, de Saxons, d'Allemands fe répandirent dans la Gaule, & qu'ils y firent de grands ravages. Il ne paroît pas qu'ils ayent trouvé beaucoup d'oppofition de la part de Décence, dont la bravoure n'eft connue que par le titre de très-vaillant qu'on lit fur fes monnoies. Mais l'hiftoire, qui ne s'accorde pas toujours avec ces monumens de flatterie, nous apprend feulement que le Céfar fut défait en bataille rangée par Chnodomaire roi des Allemands; que le vainqueur pilla & ruina plufieurs villes confidérables, & qu'il courut la Gaule fans trouver de résistance, jufqu'à ce qu'il eût rencontré dans Julien un ennemi plus formidable.

CE.

An. 351.

XXXI.

marche.

Jul. or. F. 2.

29.

Dans le même-tems que ces bar

CONSTAN- bares Occupoient Décence, d'autres bandes des mêmes nations,attirées par la folde & par l'efpoir du butin grofMagnence fiffoient l'armée de Magnence. Celuife met en ci traînoit à fa fuite les principales forces de l'occident, & fe croyoit en Soc. 1. 2. c. état d'envahir tout l'empire, & de Zaf. 1. 2. porter porter la terreur jufque chez les Perfes. Plein d'ardeur & de confiance il en avoit autant infpiré à fes troupes, en leur promettant le pillage de tous les païs dont il alloit faire la conquête. Il traverse les Alpes Juliennes tandis que l'Empereur, au lieu de fe mettre à la tête de fon armée, s'arrêtoit à Sirmium, & s'occupoit d'un concile. Les généraux de Conftance marcherent au-devant de l'ennemi, & l'attendirent d'abord au pied des Alpes. Enfuite fe voyant fupérieurs en cavalerie, ils feignirent de prendre l'épouvante & reculerent en arriere, pour l'attirer dans les plaines de la Pannonie. Magnence trompé par cette feinte fe mit à les pourfuivre, & s'expofa mal à propos dans un païs découvert. Mais dans cette

CONSTAN

CE.

marche il ufa à son tour d'un ftratagême, dont il tira quelque avantage. Il fit dire aux généraux ennemis, que An. 311. s'ils vouloient l'attendre dans les plaines de Sifcia, ce feroit un beau champ de bataille pour terminer leur querelle. Conftance averti de cette bravade, accepta le défi avec joie: le lieu ne pouvoit être plus propre à fa cavalerie. Il ordonna de marcher vers Sifcia. Pour y arriver, il falloit traverser le vallon d'Adranes; audeffus duquel Magnence avoit pofté ane embufcade. Les troupes de Conftance, qui marchoient fans ordre comme fans défiance, s'y étant engagées, se virent bien-tốt accablées de gros quartiers de rochers, qu'on rouloit fur eux, & qui en écraferent une partie; les autres furent obligés de retourner fur leurs & de regagner la plaine.

pas,

XXXII.

Magnence enflé de ce fuccès, hâte fa marche, réfolu d'aller chercher Propofitions. de paix rejet Conftance à Sirmium, & de lui pré- tées par Mafenter la bataille. Comme il se dispo- gnence. foit à paffer la Save, il vit arriver Zon. t. 2. p dans fon camp Philippe, officier 16.

Zof. l. 20

CE.

An. 351.

doivent

de Conftance, chargé en apparen CONSTAN- ce de faire des propofitions de paix, mais qui ne venoit en effet que pour reconnoître les forces de l'ennemi, & pénétrer fes deffeins. Philippe approchant du camp, avoit rencontré Marcellin, qui le conduifit à Magnence. Celui-ci afin de ne donner aucun foupçon à fes troupes, fait auffitôt affembler l'armée, & ordonne à Philippe d'expofer publiquement fa commiffion. Le député représente hardiment aux foldats qu'étant Romains, ils ne pas faire la guerre guerre à des Romains; qu'ils ne peuvent fans une ingratitude criminelle combattre un fils de Conftantin, qui les a tant de fois enrichis des dépouilles des barbares. Enfuite adreffant la parole à Magnence: Souvenez-vous, lui dit-il, » de Conftantin; rappellez-vous les biens & les honneurs dont il vous a comblé, vous & votre pere; il » vous a donné un afyle dans votre » enfance; il vous a élevé aux premiers emplois de la milice; fon fils ajoute encore à fes bienfaits; il vous céde la poffeffion de tous

les païs au-delà des Alpes; il ne vous redemande que l'Italie. Ces paroles confirmées par les lettres de l'Empereur, dont Philippe fit la lecture, furent applaudies de toute l'armée : l'ufurpateur eut beaucoup de peine à fe faire écouter: il fe contenta de dire qu'il ne défiroit lui-même que la paix; qu'il s'agiffoit d'en régler les conditions; qu'il alloit s'en occuper, & que le lendemain il leur en rendroit compte. L'affemblée s'étant féparée, Marcellin emmene Philippe dans fa tente, comme pour lui faire un accueil honorable. Magnence invite à fouper tous les officiers de l'armée; il les regagne autant par la bonne chére que par les raifons; & dès le point du jour ayant de nouveau affemblé les foldats, il leur représente ce qu'ils avoient eu à fouffrir des débauches de Conftant; la généreuse réfolution qu'ils avoient prife & exécutée, d'affranchir l'état en étouffant ce monftre; il ajouta que c'étoit de leurs mains qu'il tenoit le diadême, & qu'il ne l'avoit accepté qu'avec répugnance.

CONSTAN

CE.

AN. 351.

« AnteriorContinuar »