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étoit née. Toute la magnificence impériale éclatta dans ce voyage. Eufé- CONSTAN bie étoit fille d'un confulaire, dont on ignore le nom: on fait feulement qu'il fut le premier de fa famille ho- Vict Epi Suid. in noré du confulat. La mere d'Eufebie Λεόντιος. devenue veuve à la fleur de fon âge, s'étoit étudiée à lui donner une éducation brillante : cette jeune fille avoit reçu de la nature toutes les graces de la beauté ; elle y joignit les avantages que procure le favoir, quand il cherche à nourrir l'efprit, plutôt qu'à fe répandre. Elle étoit infinuante, adroite, perfuafive, qualités dangereufes dans la femme d'un fouverain, lorfqu'elles ne fe rencontrent pas avec les vertus que Julien attribue à Eufebie. Ce prince qui lui fut redevable de fa fortune, & peut être de la vie, a compofé fon panégyrique. II y releve la pureté de fes mœurs, fa tendreffe pour fon mari, fa droiture, fon humeur bienfaifante & généreufe. Il lui fait même un mérite de ce qui pourroit également fonder un reproche il dit qu'elle employoit tout le crédit qu'elle avoit

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fur fon mari à obtenir la grace des coupables; & que dès qu'elle fe vit. à la fource des faveurs, elle les verfa abondamment fur fes parens & fur les amis de fa famille. Mais la noire jaloufie qui la porta dans la fuite aux plus affreux excès contre Hélene, femme de Julien lui-même, dément une grande partie de ces éloges. Un auteur plus impartial l'accufe d'avoir pris trop d'empire fur fon marì, & d'avoir fait tort à la réputation de Conftance par les intrigues. des femmes qui la fervoient, & qui entrerent auffi bien qu'elle trop avant dans les affaires du gouvernement. Elle conferva cet afcendant tant qu'elle vécut; & Conftance, pour fui faire honneur, forma un nouveau. département, qu'il nomma Pietas: ce mot exprime en Latin ce que fignifie en Grec le nom d'Eufebie.. Ce diocèfe comprenoit la Bithynie; il n'en eft plus parlé depuis la mort de Conftance. Eufébe & Hypace tous deux freres d'Eufebie, furent confuls en 359. On ne peut s'empêcher de croire qu'elle s'entendoit parfaitement avec fon mari pour

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favorifer l'Arianisme ; & faint Athanafe dit que les Ariens trouvoient CONSTANun puiffant appui dans les femmes de la Cour. Cette princeffe étoit fiere & fa fierté fut un jour rudement heurtée par celle de Léonce, Arien, évêque de Tripoli en Lydie. Les Ariens étoient affemblés en concile, & les évêques s'empreffoient de rendre à l'Impératrice une efpece d'adoration qu'elle recevoit avec hauteur. Léonce fe difpenfa feul de ces hommages & n'alla point au palais. La princeffe piquée d'un mépris fi marqué, lui en fait faire des reproches; elle offre de lui bâtir une grande églife, & de le combler de préfens s'il vient lui rendre vifite: Dites à l'Impératrice, répondit Léonce, qu'en exécutant ce qu'il lui plaît de promettre, elle ne feroit rien pour moi; tous ces bienfaits tourneroient à l'avantage de fon ame. Si elle veut une vifite de ma part, qu'elle la reçoive avec les égards qu'elle doit aux Evêques. Quand j'entrerai, qu'elle fe léve auffitôt de fon fiége; qu'elle vienne au-devant de moi, & qu'elle

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s'incline profondément pour recevoir ma bénédiction. Je m'affeyerai enfuite, & elle se tiendra debout dans une contenance modefte, jufqu'à ce que je lui faffe figne de s'affeoir. A ces conditions j'irai la voir ; autrement, elle n'eft ni affez puiffante ni affez riche, pour m'engager à trahir la majefté du caractére épifcopal. Un cérémonial fr nouveau & prescrit avec tant d'arrogance, révolta l'Impératrice: elle fe répand en menaces ; & pour les effectuer elle court à fon mari; elle fe plaint amerement de l'infolence du prélat, elle exige une prompte vengeance. Conftance craignoit encore plus les évêques qu'il ne craignoit fa femme: loin de la fatisfaire, il fit de grands éloges de Léonce, qui en méritoit auffi peu que la princeffe. L'empereur fe reffentit lui-même dans la fuite de cette dureté, qu'il appeloit une liberté apoftolique. Un jour qu'il étoit affis entre plufieurs évêques, & qu'il propofoit quelques réglemens éccléfiaftiques, dont il ne fe mêloit que trop; tandis que les autres prélars applaudiffoient à l'envi à toutes

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fes paroles, Léonce gardoit un profond filence. Conftance, avide de CONSTANlouanges, lui en demanda la cause. An. 353 Je m'étonne, dit brufquement Léonce, que chargé des affaires de la guerre & du gouvernement civil, vous vous ingériez de régler la conduite des prélats fur des objets qui font uniquement de leur compétence. Il n'en fallut pas davantage pour intimider Conftance; il n'ofa plus faire de leçons aux évêques Ariens, & fe contenta de perfécuter les prélats Catholiques. L'Empereur ne refta que peu de jours à Lyon. Il alla paffer l'hiver les Partifans dans la ville d'Arles, où il s'arrêta de Magnenjufqu'au printems de l'année fuivante. Il y donna le dix d'octobre des jeux magnifiques fur le théâtre & dans le cirque. C'étoit la fin de la trentiéme année depuis qu'il avoit été créé Céfar. Il fe voyoit enfin paifible poffeffeur de tout l'empire. La profpérité porta dans cette ame foible tout ce qu'elle a de poifon. Il devint fuperbe, vindicatif, fanguinaire. Il oublia qu'il avoit pardonné à fes ennemis. La premiere victime

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Il pourfuit

Amm. l. 14.

es

6.

s.

Zof. 1. 2. Themift. or

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