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neuf ans, après avoir porté pendant près de quatre années la qualité de CONSTANCéfar. Ceux qui avoient prêté leur An. 354. miniftere pour le tromper, ne fe féliciterent pas long-tems du fuccès de leurs menfonges & de leurs parjures. Scudilon mourut peu de tems après d'une maladie violente, & Barbation périt dans la fuite par le même fupplice où il avoit conduit ce malheureux prince.

C. I.

XXIX.

Joie de la

Valens & Ura

Dans le tems même qu'on dépouilloit le Céfar des ornemens de fa digni- Cour. té, l'ardent Apodême s'étoit faifi des Amm. l. 15. brodequins de pourpre. Auffitôt pre-Ath. in Sy nant la pofte, & courant à toute bri- nod. de jusqu'à crever plufieurs chevaux, fac. in Synod. il étoit venu à Milan les jetter aux Arim. pieds de l'empereur, avec plus d'empreffement & de joie, que s'il eût apporté les dépouilles d'un roi de Perfe. Peu de tems après, la nouvelle de la mort du prince fut reçue à la cour comme celle d'une victoire complette. L'adulation s'épuifoit fur le bonheur, fur la toute puiffance de l'Empereur. Enivré de ces éloges, il fe crut au-deffus de tous les acciTome II. M

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An. 354 de

dens humains: envain fe flattoit-il d'iCONSTAN- miter la modeftie de Marc Aurele, on ne voyoit en lui que la ridicule vanité Domitien.Dans les écrits de fa propre main il s'intituloit le maître du monde ; il prenoit le nom d'éternel, qui ne fut jamais pour les hommes qu'un titre d'extravagance; les évêques Ariens qui refufoient cette qualité au Fils de Dieu, n'avoient pas honte de la donner à Conftance dans leurs lettres & dans des actes authentiques.

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XXX.

Les délateurs accoururent en fouDélateurs, le de toutes les parties de l'empire, Amm. 1. 15. Ils n'épargnoient perfonne ; mais ils s'acharnoient par préférence fur la vertu jointe à la richeffe. Paul la Châine confervoit fon rang, comme le plus habile & le plus méchant de tous. Il avoit pour second un nommé Mercure, Perfe d'origine, qui d'officier de la bouche de l'empereur étoit devenu receveur du domaine, On l'appeloit par raillerie le comte des fonges, parce que c'étoit fur les fonges qu'il fondoit la plupart de fes accufations: tel étoit le département qu'il avoit choifi. Cet homme ram

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An. 354.

pant & flatteur, s'infinuant dans les cercles & dans les repas, recueilloit CONSTANavec attention les circonftances des fonges que des amis fe racontoient les uns aux autres; c'étoit alors une folie fort à la mode; & les empoifonnant avec méchanceté, il alloit en faire sa cour à l'empereur. Il n'en falloit pas davantage pour fufciter un procès criminel.La fin malheureufe de quelquesuns de ces fongeurs réuffit bien-tôt à guérir les autres de cette fuperftition puérile; on ceffa de rêver, ou du moins de raconter fes rêves, dès qu'on s'apperçut qu'ils tiroient à de fi terribles conféquences; on n'avouoit pas même volontiers qu'on eût dormi.

L'envie qui ne pardonne jamais au mérite, ne perdoit pas de vûe Urficin. On infinuoit à Conftance que le nom de l'empereur étoit oublié dans tout l'Orient ; qu'on n'y parloit que d'Urficin, comme du feul général redoutable aux Perfes. Le prince prenoit ombrage de ces difcours. Urficin raffuré par fa vertu, fe contentoit de gémir en fecret du pé

Peil d'Ur ficin.

XXXI.

Amm. 1.15.

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ril que couroit l'innocence, & de la CONSTAN- perfidie des amis de cour, qui l'abandonnerent dès le premier affaut. Le traître Arbétion fon collegue, homme d'une malice rafinée, avoit trouvé pour le perdre un moyen plus sûr que la calomnie ; c'étoit de le louer à outrance; il ne le nommoit jamais que le grand capitaine. Ces éloges perfides produifirent leur effet : c'étoit d'aigrir de plus en plus l'empereur. Il fut décidé dans un confeil fecret, qu'Urficin feroit la nuit fuivante enlevé de fa maifon à petit bruit, pour ne point allarmer les gens de guerre dont il poffédoit le cœur ; & que fans forme de procès on lui ôteroit la vie. Tout étoit préparé; les affaffins commandés n'attendoient que le moment de l'exécution, lorfqu'il leur vint un ordre contraire. Conftance adouci par la réflexion, contre fa coutume, avoit jugé à propos de différer..

XXXII.

Julien n'avoit eu aucune part à la Et de Julien. conduite de Gallus: mais ceux qui Amm. Ibid. avoient contribué à la mort de fon

Jul. ad Ath.

Lib. or. 12. frere, n'ofoient le laiffer vivre. On

CONSTAN

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lui fit un crime d'être forti du chấteau de Macelle, & d'avoir entretenu Gallus à Nicomédie. Ce fut en- An. 354. vain qu'il prouva que l'empereur lui avoit permis l'un & l'autre : on l'arrêta; on lui donna des gardes qui le traiterent avec dureté. Ce jeune prince qui n'avoit de reffource qu'en luimême, obfervé fans ceffe par des regards malins, ne donna fur lui aucune prife. Il garda un profond filence; & n'eut ni la lâcheté de charger la mémoire de fon frere pour flatter l'empereur, ni l'imprudence d'aigrir l'empereur en juftifiant fon frere.

Dans la recherche qui fut faite de tous ceux qui s'étoient prêtés aux injuftices du Céfar, l'argent décida en grande partie du fort des accufés. Plufieurs innocens furent punis, faute d'avoir de quoi payer la justice qui leur étoit dûe. Mais Gorgonius chambellan de Gallus, convaincu par fes propres aveux d'avoir secondé & quelquefois confeillé les violences par l'entremise de fa fille qui avoit grand crédit fur l'efprit de Conftan

XXXIII.
Pourfuites

des partifans
Gallus.

de

Amm. Ibid.
Vict. Epit.

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