cile chargés de cette lettre, eurent en présence du Pape avec les en- CONSTANvoyés des Ariens une conférence dont ils remporterent tout l'avanta CE, CONS TANT. ge. Les uns & les autres offrirent de An. 340. s'en remettre à la décision d'un nouveau Concile qui feroit tenu à Rome, & auquel le Pape préfideroit. Jule accepta la propofition; il indiqua le Concile mais il refufa de donner audience à Pifte, que la cabale avoit nommé évêque d'Alexandrie. Les députés d'Eufebe n'efpérant rien d'une affaire traitée dans les regles, & confus du peu de fuccès de leurs intrigues, partirent précipitamment de Rome. Le Pape envoya à Athanafe une copie des actes de Tyr, afin qu'il se préparât à fe juftifier. XX. Il n'étoit pas queftion d'apologie. Conftance vouloit qu'Athanafe fût An. 34 coupable; il rougiffoit fecrettement d'avoir été forcé par fes freres de lui d'Antioche. rendre justice; il prétendoit s'en venger fur Athanafe même ; & la mort du jeune Conftantin lui en laiffoit plus de liberté. L'année suivante, fous le Confulat de Marcellinus & de Pro Ath. Apol. 2. & de Sy nod. Soc. 1. 2. c.8. 5. Soz. l. 3. c. Theoph. p.30. CE. CONS- ch. Concil. Till. Arian. 32. Chron. temp. machio. binus, il affembla dans la ville d'An CONSTAN- tioche un grand nombre de prélats, pour y célébrer la dédicace de la grande Eglife,appelée l'Eglife d'or. Če fuAn. 341. perbe édifice commencé par le grand Scheltr. de Conftantin, étoit enfin achevé. ConfSacro Antio- tance affista à cette brillante cérémoVita Ath. in nie avec plus de 90 évêques, tous edit. Benedic. de fes Etats. La dédicace fut fuivie art. 30. 31. d'un concile, qui fait encore aujourd'hui un fujet de difpute. Les Ath. ex Ma- canons qu'il compofa, ont été reçus de toute l'Eglife: les trois profeffions de foi qui y furent dreffées ne renferment rien que d'orthodoxe, quoique la premiere contienne quelques propofitions équivoques, & que le terme de Confubftantiel n'y foit pas exprimé, non plus que dans les deux autres. D'habiles critiques diftinguent deux parties dans ce concile: il fut d'abord compofé de tous les évêques qui étoient venus à Antioche, & dont la plûpart étoient Catholiques : les profeffions de foi, les canons & la lettre fynodique font leur ouvrage. Mais après le Concile quarante prélats Ariens, dévoués aux volontés de l'Empereur, refte CE, CONS TANT. `rent affemblés : c'étoit-là dans l'in- CONSTANtention de Conftance le vrai Conéile; la cérémonie & la convocation des autres prélats n'avoient fervi que An. 34r. de prétexte. Ils voulurent signaler la dédicace de l'Eglife d'Antioche par la condamnation de leur plus redoutable adverfaire, comme ils avoient fix ans auparavant fignalé la dédicace de l'Eglife de Jérufalem par la réception d'Arius leur maître. La fentence de dépofition prononcée à Tyr fut renouvellée. On avoit déja nommé Piste pour remplir le fiége d'Alexandrie; mais il fut oublié comme incapable de foutenir un rôle fi important. On jetta les yeux fur Eufebe d'Edeffe, homme favant, inftruit par Eufebe de Céfarée, & Arien décidé. Il étoit trop habile pour accep ter une place où il ne pouvoit fe flatter de réuffir. Dans un voyage qu'il avoit fait à Alexandrie, il avoit été témoin de l'amour du peuple pour Athanafe. Il refufa. On le fit dans la fuite évêque d'Emefe; il paffa pour un faint parmi ceux de fa fecte; Conftance le menoit avec lui dans CONSTAN- fes expéditions, & fe conduisoit par fes avis dans les chofes qui regardoient l'Eglife. CE, TANT. An. 341 XXI. Grégoire fiége d'Ale intrus fur le xandrie. or. 21. 7.8. 6. 4. 5. Au refus d'Eufebe, on nomma Grégoire. Né en Cappadoce, il avoit fait les études à Alexandrie. La reconnoiffance, s'il en eût été capa-. Ath. ad orth. ble, l'auroit attaché à la personne Greg. Naz. d'Athanafe, qui l'avoit traité comSoc. 1. 2. c. me fon fils. Mais ni les études d'Alexandrie, ni les bienfaits d'AthanaTheod. l. 2. fe n'avoient adouci la rudeffe de fes Soz. l. 3. c. mœurs, & la groffiereté naturelle au Chronolog. païs de fa naissance. Perfonne n'étoit semp. Ath ex plus propre à feconder les deffeins violens & fanguinaires de ceux qui Pavoient choifi. Il part, & Conftance le fait accompagner de Philagre qu'il nomme préfet d'Egypte une feconde fois, & de l'éunuque Arface, avec une troupe de foldats. C'étoit ce même Philagre, dont j'ai parlé au fujet des informations faites dans la Maréote pendant le concile de Tyr: il étoit Cappadocien comme Grégoire ; & fa cruauté armée des ordres du Prince s'em Mamachio. CE, CONS TANT. preffoit d'éclater en faveur d'un compatriote. Ils arriverent à la fin CONSTANdu carême de l'an 342. L'Eglife d'Egypte étoit alors dans un calme profond, & les fidéles fe préparoient An.341. à la fête de Pâques par les jeûnes & par les prieres. Le préfet fait afficher un édit, qui déclare que Grégoire de Cappadoce eft nommé fucceffeur d'Athanafe, & qui menace des plus rigoureux châtimens ceux qui oferont s'opposer à fon inftallation. L'allarme fe répand auffi-tôt : on s'étonne de l'irrégularité du procédé : on s'écrie que ni le peuple, ni le clergé, ni les évêques n'ont porté de plainte contre Athanafe; que Grégoire n'amere avec lui que des Ariens, qu'il eft Arien lui-même & envoyé par l'Arien Eusebe. On s'adreffe aux magiftrats: toute la ville retentit de murmures, de proteftations, de cris d'indignation. Violences à l'arrivée de Pendant ce tumulte, Grégoire XXII. entre comme dans une ville prise d'affaut. Les Payens, les Juifs, les Grégoire. gens fans religion & fans honneur, attirés par Philagre, fe joignent aux |