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CE,

TANT.

An. 341.

foldats. Cette troupe infolente, afCONSTAN mée d'épées & de maffues, force CONS- l'églife de Quirin, où les fidéles s'étoient réfugiés comme dans un afyle: on met le feu au baptistere; on le fouille par les plus horribles abominations. On dépouille les vierges, on leur fait mille outrages; quelquesuns les traînent par les cheveux, & les forcent de renoncer à JefusChrift, ou les mettent en piéces. Les moines font foulés aux pieds, meurtris de coups, maffacrés, affommés. Grégoire pour récompenfer le zele des Juifs & des Payens, leur abandonnoit le pillage des Eglifes; & ces impies non contens d'en enle ver les vafes & les meubles, profanoient la Table facrée par des oblations facriléges. Ce n'étoit que blafphêmes, que feux allumés pour brûler les Livres faints, qu'images affreufes de la mort. Les Ariens au lieu d'arrêter ces excès, traînoient euxmêmes les prêtres, les vierges, les laïcs devant les tribunaux qu'ils avoient établis pour fervir leur fureur; on condamnoit les uns à la prifon, les

autres à l'efclavage; d'autres étoient frappés de verges; on retranchoit CONSTANaux miniftres de l'Eglife le pain des diftributions, & on les laiffoit mourir

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CONS

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de faim. Le vendredi faint, Grégoi- An. 341. re accompagné d'un duc Payen nommé Balace, entre dans une Eglife; irrité de voir que les fidéles ne le regardoient qu'avec horreur, il anime contre eux l'humeur barbare de ce duc, qui fait faifir & fouetter publiquement trente-quatre perfonnes, tant vierges que femmes mariées & hommes libres. Philagre avoit ordre de Conftance de faire trancher la tête à Athanafe; les Ariens fe flattoient de le furprendre dans un lieu de retraite, où il avoit coutume de paffer une partie de ce faint tems; mais il s'étoit retiré ailleurs. La fainteté du jour de Pâques ne fut pas refpectée ; & tandis que le refte de l'Eglife célébroit avec joie la rédemtion du genre humain, celle d'Alexandrie éprouvoit toutes les rigueurs de la plus dure captivité. Philagre ayant pillé les Eglifes, les livroit à Grégoire qui en prenoit poffeffion ; & les fidéles

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étoient réduits à la néceffité de s'en

CONSTAN- interdire l'entrée ou de communiquer avec les Ariens. On ne baptifoit plus les Catholiques; leurs malades expiAn. 341. roient fans confolation fpirituelle : la ' privation des Sacremens de l'Eglife étoit pour eux plus affligeante que la mort même: mais ils aimoient mieux mourir fans ces fecours falutaires, que de fentir fur leurs têtes les mains facriléges & meurtrieres des Ariens. Grégoire altéré du fang d'Athanafe, fe vengea de fa fuite fur la tante de ce S. Prélat, qu'il accabla de mauvais traitemens. Elle ne put y furvivre; il défendit qu'on l'enterrât; & elle feroit reftée fans fépulture, fi des perfonnes animées d'un efprit de charité n'euffent dérobé fon corps à ce perfécuteur opiniâtre.

XXIII. Précautions pour cacher ces excès à l'Empereur.

Il eft vrai que Conftance n'a

voit

pas

ordonné ces cruautés. Mais

il ne devoit pas ignorer que les Souverains font heureux quand le bien qu'ils commandent eft à demi exécu- * té; & que le mal qu'ils permettent eft toujours porté fort au-delà de ce qu'ils ont permis. Grégoire & Phi

lagre en vinrent eux-mêmes à craindre que l'Empereur ne condamnât de CONSTAN fi étranges excès. Pour lui en ôter la connoiffance, Grégoire d'un côté

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attribuoit à Athanafe tous les maux An. 341g dont il étoit l'auteur; c'étoit fur ce ton qu'il écrivoit à Conftance; & le Prince abufé par fa propre prévention ajoutoit foi à ces menfonges. D'un autre côté le préfet défendit fous les plus terribles menaces aux navigateurs qui partoient d'Alexandrie, de rien dire de ce qu'ils avoient vû ; il les contraignit même de fe charger de lettres, où la vérité étoit entierement défigurée ; & ceux qui refuferent de fe prêter à l'impofture, furent tourmentés & retenus dans les fers. Il fuppofa un decret du peuple d'Alexandrie conçu dans les termes les plus odieux, & adreffé à l'Empereur, par lequel il paroiffoit qu'Athanafe avoit mérité non pas l'exil, mais mille morts. Ce decret fut figné par des Payens, par des Juifs, & par les Ariens qui les mettoient en œu¬

yre.

Après s'être rendu maître de la

CONSTAN

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capitale, le nouveau conquérant fongea à réduire toute la province. CONS- Grégoire fe mit en marche avec Philagre & Balace, pour faire la vifite An. 341 des Eglifes d'Egypte. Environné XXIV. d'un cortège brillant, il ne témoiques maltrai- gnoit que du mépris aux Eccléfiaftiques; mais il prodiguoit les égards Ath. adSolit. aux officiers de l'Empereur & aux Ath. vit. An magiftrats. Affis fur un tribunal en

Les Catholi

tés par toute

l'Egypte.

ton.

tre le duc & le préfet, il faifoit traîner devant lui les évêques, les moines, les vierges: il les exhortoit en deux mots, ou plutôt il leur ordonnoit de communiquer avec lui: fur leur refus, affectant la contenance d'un juge, cet hypocrite impitoyable les faifoit, avec un fang froid plus cruel que la colere, déchirer de verges & meurtrir de coups. Les plus favorisés en étoient quittes pour la prifon ou pour l'exil. L'évêque Potamon, célebre confeffeur, l'un des Peres de Nicée, & qui avoit perdu un œil dans la perfécution de Maximin, fut frappé à coups de bâton fur le col jufqu'à être laiffé pour mort; & il en mourut peu de jours après. Grégoire ayant

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