CE, TANT. An. 346. tés ; ils partirent brufquement; & les CONSTAN- évêques prirent cette occafion pour CONS- Conjurer l'Empereur de renouveler fes inftances auprès de fon frere, & d'obtenir de lui qu'il voulût bien concourir à terminer par un concile œcuménique les conteftations qui déchiroient le fein de l'Eglife. Constant avoit plufieurs fois écrit à fon frere des lettres preffantes en faveur d'Athanafe & des autres évêques bannis: mais Conftance toujours obfedé par par les Ariens étoit fourd à de fi juftes remontrances, Conftant, à la follicitation du fynode,lui propofa un concile général, où fe raffembleroient les prélats des deux partis. Conftance y confentit. Les Empereurs choifirent la ville de Sardique, comme la plus commode pour les évêques d'orient & d'occident, parce qu'elle étoit fur la frontiere des deux Empires. Conftant ayant fait un voyage dans fes états d'Illyrie & de Macédoine; & s'étant avancé jufqu'à Theffalonique, retourna en Gaule & fit venir à Trèves Athanafe, qui partit peu après avec le célebre Ofius, pour fe ren dre à Sardique, H CE, CONS TANT. An. 347. ad XLII. Sardique. ad Conc. t. I. 20. 22. Le concile s'affembla au commencement de l'année fuivante, fous le CONSTANconfulat de Rufin & d'Eufebe. Jamais depuis le concile de Nicée l'Eglife n'avoit vû un fi grand nom. bre de prélats réunis. Cent évêques d'occident & foixante & treize d'orient, alloient combattre comme en bataille rangée, les uns pour la foi de Nicée, les autres pour la doctrine d'Arius, dont la plûpart cependant n'ofoient fe déclarer les partifans. Ce fut en cette rencontre c. 7. 8. qu'on vit naître entre l'Eglife d'o-Soz. l. 3. c. rient & celle d'occident, ces premie- Theoph. p. res étincelles de divifion qui ayant Phot. Vit. paru s'éteindre enfuite, mais n'étant Ath. qu'affoupies, ont fous d'autres pré- 347. textes éclatté plufieurs fiecles après par un embrasement funefte, dont les fuites durent encore de nos jours. Entre les occidentaux on compte cinq transfuges qui fe joignirent aux Ariens : les deux plus renommés font Urface de Singidon, & Valens de Murfe. Deux prélats fe détacherent Ecclef. l. 1. auffi du parti des orientaux, & vinrent inftruire leurs adverfaires des 10. 36. Baron. an. Hermant vie d'Ath. l. 6. 8. Vit. Ath in edit. Bened. Till. Arian. art. 38. 39. vie de Jule art. 9. Fleury Hift. CE, CONS TANT. complots tramés contre eux. Il y CONSTAN- en avoit d'autres encore qui étoient orthodoxes dans le cœur : mais la crainte de Conftance & la violenAn. 347. ce de leurs collegues les tenoient comme enchaînés. Le pape Jule qui avoit été invité, s'excufa fur les maux que fon absence pourroit caufer à fon troupeau ; il envoya deux légats prêtres & un diacre. Plufieurs prélats qui s'étoient vingt-deux ans auparavant fignalés à Nicée, donnoient à cette illuftre affemblée un nouvel éclat, & y apportoient le même courage. Ofius âgé de plus de quatre vingts-dix ans étoit le plus célèbre; il fut l'oracle de ce concile : c'étoit lui qui propofoit & qui demandoit les avis ; & fon nom fe lit en ; tête de toutes les fignatures. Outre Athanafe, Marcel & Afclepas, on y vit paroître Luce d'Andrinople, préfentant au concile les fers dont il avoit été chargé par les Ariens ; & plufieurs autres évêques décharnés par la faim, & meurtris de coups, por toient les marques d'une perfécution barbare. Du côté des Ariens c'é CONSTAN CE, CONS TANT. toient les plus hardis qui venoient avec confiance s'offrir au choc; & pour affurer leur victoire, ils s'étoient fait accompagner du comte Mufonien & du chambellan Héfychius. Théo- An. 347. gnis étoit mort depuis peu ; mais fidele à fon parti & livré au menfonge juf qu'au dernier foupir, il avoit en mourant fuppofé des lettres dans la vûe d'irriter l'Empereur contre Athanafe. Valens étoit encore tout échauffé d'une fédition qu'il venoit d'exciter à Aquilée, dont il avoit voulu ufurper le fiége, & il y avoit vû fouler aux pieds un évêque nommé Viator, qui en étoit mort trois jours après. Théodore d'Héraclée, Etienne nouvel évêque d'Antioche, Urface de Singidon ne montroient pas moins d'ardeur. Cependant fe fentant encore trop foibles contre la vérité & la juftice, ils convinrent ensemble de ne pas entrer au concile, fi les chofes ne paroiffoient pas difpofées à leur avantage. En effet, lorfqu'à leur arrivée ils virent qu'on alloit procéder régulieDij XLIII. Les Ariens fe féparent. CE, TANT. , rement, que les officiers ne feroient CONSTAN- pas admis à l'affemblée, qu'AthaCONS- nafe & les autres bannis y feroient reçus, qu'on étoit difpofé à écouter An.. 347. leurs défenfes, & qu'ils alloient euxmêmes être convaincus de tant d'horribles violences ils s'enfermerent. dans le palais; & ayant tenu confeil entre eux ils prirent le parti de fe retirer; ils envoyerent fignifier au concile leur refus d'y affifter, fous prétexte que les accufés étant déja frappés d'anathême, on ne pouvoit fans crime communiquer avec eux. Ils s'autorifoient encore d'une prétendue lettre de l'Empereur, qui les rappeloit, difoient ils, pour célébrer une victoire qu'il venoit de remporter fur les Perfes. Des raifons fi frivoles n'exciterent que l'indignation. Ofius employa tous fes efforts pour vaincre ces efprits opiniâtres ; il s'avança, de l'aveu du concile, jufqu'à leur propofer de comparoître devant lui feul; que s'ils réuffiffoient à convaincre Athanafe, celui-ci feroit dépofé; fi au contraire ils étoient confondus & |