CE, CONS TANT. à fon fils Narfés, & au plus habile de ses généraux. Les Perfes prennent la CONSTAN fuite vers leur camp, pour attirer l'ennemi à la portée des traits prêts à partir de deffus la muraille & les cô- An. 348. teaux. Les Romains au défespoir de les voir échapper, demandent à grands cris le fignal du combat. Envain Conftance veut les arrêter; ils n'eftimoient ni fa capacité ni fa valeur; & malgré fes ordres, ils courent de toutes leurs forces, & arrivent au camp fur le foir, lorfque les Perfes y rentroient en défordre. Conftance voyant les fiens fatigués d'une courfe de quatre lieues, épuifés par la chaleur & par la foif, fait de nouveaux efforts pour les retenir. La nuit approchoit; les archers fur les éminences d'alentour, les cavaliers au pied de la muraille faifoient bonne contenance. Rien n'arrête la fougue du foldat Romain; il fond fur cette cavalerie, renverfe hommes & chevaux, les affomme à coups de maffes d'armes. En un moment le foffé eft comblé, les paliffades font arrachées. Ils s'attachent enfuite à la CE, CONS TANT. An. 3 348. muraille; elle s'écroule jufqu'aux fon CONSTAN- demens. Les uns pillent les tentes & maffacrent tous ceux qui ne peuvent fuir; Narfés eft fait prifonnier : les autres courent vers les hauteurs ; mais à découvert de toutes parts, ils font accablés d'une grêle de traits; l'obfcurité fait égarer leurs coups; leurs épées déja rompues dans le corps des ennemis refufent de les fervir; après avoir perdu leurs meilleurs foldats ils fe rejettent dans le camp; là fe croyant victorieux, ils allument des feux; & accablés de fatigue, brûlans de foif, ils cherchent de l'eau & ne fongent qu'à fe défalterer. Les vaincus profitant du défordre & favo rifés des ténebres de la nuit fondent fur eux; ils les percent de traits à la lueur de leurs feux, & les chaf fent du camp. Dans cette affreufe confufion, quelques foldats furieux fe jettent fur Narfés; il eft fouetté, percé d'aiguillons, & coupé en piéces. Conftance fuyant avec quelques cavaliers, arriva à une méchante bourgade nommée Hibite ou Thébite, à fix lieues de Nifibe, où mourant de faim il fut trop heureux de fe raffafier d'un morceau de pain qu'il reçut d'une pauvre femme. Le lendemain les Perfes ne fentant que leur perte, repaffent le fleuve & rompent les ponts. Sapor faifi de douleur & de rage quitta les bords du Tigre, s'arrachant les cheveux, fe frappant la tête & pleurant amerement fon fils. Dans l'excès de fon défespoir il fit trancher la tête à plufieurs Seigneurs qui lui avoient confeillé la guerre. Telle fut la bataille de Singare, où les rives du Tigre furent tour à tour abbreuvées du fang des Perfes & des Romains, & où la mauvaise discipline fit perdre aux vainqueurs tout l'avantage que leur avoit procuré une bravoure téméraire. CONSTAN CE, CONS TANT. An. 348. L. Nouveaux troubles des appaifés en En occident les Francs étoient tranquilles; & Conftant profitoit du calme de fes états, pour travailler à Donatiftes rendre la paix à l'Eglife. Etant allé de Milan à Aquilée, il y manda Athanase, & l'engagea enfuite à paffer à Trèves. Gratus évêque de Carthage Afrique. Till. Hift. des en allant au concile de Sardique 46.&fuiv. CE, CONS TANT. avoit représenté à l'Empereur les CONSTAN- violences que les Circoncellions ne ceffoient de commettre en Afrique. Le Prince y envoya y envoya deux perfonnaAn. 348. ges confidérables, nommés Paul & Macaire. Ils étoient chargés de diftribuer des aumônes, & de donner leurs foins à ramener les efprits. Donat faux évêque de Carthage les rebuta avec infolence, & défendit à ceux de fa communion de recevoir leurs aumônes. Un autre Donat évêque de Bagaï en Numidie, affembla les Circoncellions; les envoyés de l'Empereur pour se mettre à couvert de leurs infultes, furent obligés de fe faire escorter par des foldats que leur donna le comte Sylveftre. Quelques-uns de ces foldats ayant été maltraités, leurs camarades malgré les commandans en tirerent vengeance : ils tuerent plufieurs Donatiftes,entre autres Donat de Bagaï. On employa contre ces fectaires des rigueurs qui furent blâmées des évêques Catholiques. Cette conduite trop dure de Paul & de Macaire, donna occafion à la fecte de les ren CE, CONS TANT. dre odieux comme perfécuteurs, & d'honorer comme Martyrs ceux qui CONSTAN perdirent la vie. Mais les commiffaires n'excederent pas les bornes d'une sévérité légitime, en chaffant de Car- An. 348. thage le faux évêque Donat, & en traitant de même plufieurs autres évêques obstinés. Une grande partie du peuple rentra dans la communion Catholique. Gratus cimenta cette heureuse union par un concile tenu à Carthage; & la tranquillité rétablie dans l'églife d'Afrique fubfifta jufqu'à la mort de Conftance. s'en Il étoit tems que les menaces de Conftant arrêtaffent en orient la perfécution qui avoit redoublé de violence après le concile de Sardique. Les Ariens de Philippopolis irrités contre les habitans d'Andrinople qui rejettoient leur communion étoient plaints à Conftance; & par les ordres de ce prince le comte Philagre avoit fait trancher la tête à dix laïcs des plus confidérables de la ville. L'évêque Luce, fut de nouveau chargé de chaînes, & envoyé en exil, où il mourut. Des diacres, des prêtres, LI. des Ariens. Ath. ad Solit. Violences |