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authentique en demeure pour la honte de ses

auteurs.

Le voici :

A tous ceulx que ces présentes lettres verront ou orront, jaques de le wespe bailli de Desvrene salut, sacent tous que pardevant nous en le dicte ville présens Jehan Merlin desservans le fief mess. Buynard de Montigny chevalier et Michiel le Taintelier desservanz le fiel de boutiller de selles, franz hommes de le dite baillie vint et comparut en personne Mahieu Danel demourant à Manneville si come il dit, et a recognut que pour le pourfit de luy et de ses hoirs clerement aparens au jour, il a prins et recognut avoir prins heritablement pour luy et pour ses hoirs aux maire et eschevins de le dite ville de Desvrene aux aians le bail, garde et administration de le maison et apartenances de le maladrie de le dite ville de Desvrene nomée ostellerie, un lieu manoir et estre non amazez avec plusieurs pres, pastures et enclos appartenans au dit manoir con dist le DESERT séans en le prosche de le diste ville de Desvrene contenant tout en une piesche sept vingt et quatre mesures de terre ou environ pour les devis et conditions déclairées en certaines lettres de garant du dit marquiet sur le scel ad causes de le dicte ville, que le dit Mahieu a devers li et ce moiennant et parmi le some de douze livres parisis, par cascun an que le dit Mahieu et ses hoirs ou aians cause en sont et seront tenus de rendre et paier aux dits maire et eschevins ou leurs comis gouverneurs de le dite maladerye a trois termes en l'an, c'est assavoir vi livres au terme de la nativité St Jehan

Baptiste, soixante sols au terme de le Toussains et soixante sols au jour du mi-march, premier terme de paiement au jour de St Jehan Baptiste pourchain venant quy sera l'an mil quatre cens et deulz, le second au jour de le Toussains, et le tierch au jour du mimarch au dit an pourchain apres ensieuvant et ainsy apres de de terme en terme et d'an en an heritablement perpetuellement et a tousiours et oultre et avoeuc ce que dit est le dit Mahieu et ses hoirs sont et seront tenus de mettre d'amendement pour une fois sur le dit manoir, lieu, prez et apartenances la some de cent franz cest assavoir LX francs en édifisses de maisons et le sourplus montons à quarante francs tant en haiies replantées sur le dit lieu come pour marler partie des dites terres, et lesquels amendemens dessus dits le dit Mahieu yceulx parfois et acomplis sera tenu de monstrer et faire apparoir souffisamment ausdits maire et eschevins ou a leurs comis, si come le dit Mahieu a recognu et a tout ce que dit est pardessus a le dit Mahieus obleigié et oblège tous ces biens, moeubles, cateulz et heritages et ceux de ses hoirs présens et advenir pour estre prinz, insérés, exécutés et vendus par les gens et oficiers de excellent et puissant prince nostre très haut et très redoublé seigneur mons. le duc de Berry et conte de Boullongnc, ou par quelconques autres seigneurs ou justice a qui ou az quels les dits maire et eschevins, les gouverneurs et administrateurs de le dicte maladrerie ou leurs procureurs s'en verroient traire jusques au plain paiemens et satisfaction, et touttes les coses dessus dites et de cascune d'ycelles et pour par a eulz rendu tout coust, franz, missions et despens raisonables en quoy

ils se porroient encourir par deffault du remplissement et paiement souffisant du dit Mahieu, renonchant quant a ce y celuy Mahieu loyalement et par se soy a tout les coses generalement et specialement que lui et ses hoirs porront tenir ou valoir pour alter contre la teneur des présentes, et ausdits maire et eschevins gouverneur de le maladrerie, leurs procureurs ou porteurs de lettres.... et de tout ce que dit est présentement a le dit Mahieu en personne rechupt le commandement de nostre dit seigneur.

Donné en tesmoings de ce soubz les sceaulx de nous bailli et frans homes dessus només le dix-septième jour de janvier l'an mil cccc et 1.

Spéculation fâcheuse! On aliénait un domaine de 144 mesures de terre, tenant tout d'une pièce, pris en plein territoire de la ville pour 12 livres de rente (soit en monnaie moderne pour environ 600 francs), n'était-ce pas maladroitement déshériter les pauvres de Desvres de tous. les temps au maigre profit de leurs prédécesseurs du xve siècle? Evidemment l'on jouait de malheur.

Au Pouillé du chapitre de Thérouanne, composé un peu plus tard, la cense aliénée du Désert est l'objet d'un procès. « Item, y est-il dit, item y a ou dist dismage une maison qui se nomme le Désert qui ne veult paier du cent que III, tant de dismes d'aoust de may, de menues dismes, et meismes vueillent acquitter les bestes estranges qui parquent sur les terres de le dite maison de

paier du cent II. Et y en a eu Thomas de Couppes en l'an III XXI VIXX bestes ou environ dont il n'a payet du cent II pièces de laine, Jehan Nortbert, Jehan Ghilbert, et Simon Lemaitre et plusieurs aultres ont eut ou dit Désert I bestes dont ils ont paiet pleine disme en disant que se ils avoient trop paiet et se par le sentence du dit procès estoit qu'ils eussent trop paiet ils poursuivroient le dit Jehan Roussel et les censiers de MM. du Capitre. »

Ce privilège dont les locataires du pâtis réclamaient la jouissance avait son origine dans le caractère de bien des pauvres qu'elle avait eu précédemment ;

(c) Un malheur hélas! ne va point sans l'autre. A côté du Désert, la Maladrerie de Desvres possédait également, au commencement du xv° siècle, un autre domaine moins étendu. Il ne contenait en effet que 38 38 mesures. Il avait été <<< extraict hors des terres du Grand Désert >> dit un acte du 13 décembre 1546. Vraisembla blement leur histoire était la même. C'était Simon le Portier donataire du comte de Boulogne qui avait gratifié ses compatriotes pauvres de cette autre propriété. Toujours mal inspiré et obstiné en ses errements, l'Echevinage de Desvres fit aux deux domaines le même sort. Lui aussi le Petit Désert fut arrenti aux Danel. Il le fut toutefois en de moins mauvaises conditions, ou plutôt dans des conditions trois ou quatre fois meilleures. La

rente annuelle et perpétuelle de 12 livres parisis fut le prix de l'aliénation pour le Petit comme pour le Grand Désert, bien que l'une des propriétés fut trois ou quatre fois plus importante que l'autre. La rente était encore acquittée au moment de la Révolution.

Bureau de bienfaisance de Desvres, que n'as-tu encore cette splendide exploitation de 182 mesures de terrain d'un seul tenant! Quel revenu superbe tu en tirerais! Honneur au bourgeois charitable qui si royalement dota les pauvres de cette ville Regrets sincères pour la maladresse des édiles du xve siècle qui rendirent presque illusoire une aussi généreuse action!

Monsieur Henry Parenty (1) a vu dans une récente histoire de saint François d'Assise qu'un Jean Parenty fut élu en 1227 contre frère Elie. Il en conclut intrépidement que puisque saint François d'Assise s'était intéressé aux Lépreux, puisqu'il était le disciple des crucifères fondateurs de la léproserie San Salvatore delle Pareti dans la banlieue d'Assise, il en conclut, dis-je, que

(1) Justement épris du nom qu'il porte et de l'honorabilité de sa famille, M. Henry Parenty dans un livre intitulé << Prètres, soldats, laboureurs, archives de la famille Parenty en Boulonnois » s'est attaché a en mettre en relief toutes les gloires et à en grouper l'histoire. Piocheur infatigable, il a fureté les bibliothèques et les dépôts d'archives, a amassé d'abondantes notes pour élever un monument imposant à l'honneur des siens. L'effort ne manque pas de grandeur. Il a réussi. Toutefois l'on ne saurait accepter les assertions de ce volume relatives au rôle que les Parenty de Desvres auraient eu dans la gestion de la Maladrerie de cette localité.

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