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En 1565, Pierre de Parenty et Marie sa sœur, sont « pour le jour du mykaresme, Roy... et Royne... de l'escolle », et ils tiennent sur les fonds de baptême leur petite cousine Marie Hibon, en présence de « grande asamblé de peuple... voiant le frère et seur en bone escipaige» dans l'exercice de leurs fonctions de parrainage.

Quelles agapes gargantuesques n'évoque pas cette mention (1633) des noces d'Antoine Hibon et 'de Françoise Heuzé: «la fête, des plus brillantes, dura quinze jours » !!! Les détails manquent, malheureusement.

Bien des renseignements peuvent aussi se relever sur les éducations d'autrefois, car le père de famille, rédacteur, n'omet jamais de dire ce qu'il fait de ses enfants, s'il les envoie étudier en quelque université, ou faire l'apprentissage du négoce, en Hollande de préférence. Souvent les puînés sont d'église ; un seul est d'épée, Claude, «< cadet dans le régiment de Piedmont », qui en 1656, blessé à mort à La Chapelle, meurt « pour le service du Roy », jetant un reflet d'honneur militaire sur cette race honnête et quelque peu prosaïque de bourgeois marchands.

Les Hibon avaient, de temps immémorial, leur sépulture dans l'église de Saint-Nicolas, basse-ville de Boulogne, en la chapelle de la Vierge, près d'une vitre historiée, offerte par l'ancêtre Pierre Hibon. C'est là que, pendant plusieurs centaines d'années, ils entendirent messe et vêpres, age

nouillés sur la dalle funéraire de leurs prédécesseurs, entourés de souvenirs domestiques et sentant en quelque sorte flotter autour d'eux l'âme de la famille :

Au moustier vois, dont suis paroissienne,
Paradis paint où sont harpes et luz
Et un enfer où damnez sont boulluz

En cette foy je veux vivre et mourir.

On ne saura jamais combien cette stabilité des existences et des usages a contribué au maintien de l'ancienne France et à celui des familles qui la composaient.

Il y aurait là matière à philosopher longtemps. Mais ce n'est pas le lieu de le faire. Je crois en avoir assez dit pour montrer qu'en tronquant de sa partie généalogique le livre de raison des Hibon de La Fresnoye, je le mutilerais gravement et lui enlèverais la moitié de sa valeur. La Société Académique semble bien, d'ailleurs, avoir compris de tout temps l'intérêt qui s'attache à ces annales de famille, car en éditant les livres de raison des Duhamel et des Frest, elle a reproduit toutes les notes d'état-civil ancien qu'ils contenaient. Je ne fais donc que suivre ici l'exemple de MM. Deseille et Dutertre.

Les études de ce genre sont du reste à l'ordre du jour. Qui pourrait travailler sur l'histoire du Boulonnais, sans consulter les quatre volumes de

Recherches Généalogiques de M. Eug. de Rosny? Et ne voyons-nous pas la plus jeune, mais l'une des plus actives des sociétés savantes de notre voisinage (1), publier en ce moment- en attendant la suite les quatre premiers tomes des Généalogies Lilloises de M. Denis du Péage? Par l'histoire des familles, l'histoire du pays se construit pierre à pierre, car les familles sont les cellules sociales, dont l'agglomération compose la petite et la grande patrie (2).

(1) La Société d'Etudes de la province de Cambrai.

(2) Le texte de ce livre de raison étant déjà très long, je serai très sobre d'annotations, afin de ne pas abuser de l'hospitalité que la Société Académique veut bien donner à ma copie.

LIVRE DE FAMILLE

DES

HIBON DE LA FRESNOYE

1552-1696

[Ce livre appartient à Jacques-Antoine Hibon, sieur de La Fresnoye, le fils, chez Monsieur son père, en la Basse Ville de Boulogne, fait ving de juin 1731.] (1).

Le xxi jour dauril mille veLII, Pierre Hibon espouza Jene de Parenty de laquelle sont issus les enfans cy après només : primes

Ledict Pierre Hibon est décédé en feburier 1583 et mis en terre en leglisse St Nicollas, en la chappelle Nostre Dame, au desoubz de la vistre quil avoit donné et depuis feict referre par moy François Hibon son petitfilz.

Mariage

de Pierre Hibon

et de Jeanne Parenty, du 23 avril 1552 (2).

François.

Le xve jour de septembre mille VIII, la dte Jenne acoucha dun filz nommé FRANÇHOIS, lequel fut batizé François, fils de

en lecglize St Nicolas, et furtes (sic) ses parrins Jacques de Crepieul et Pierre de Talles, et ses marines furtes

(1) Ce titre, ainsi que toutes les notes en italiques, ont été ajoutées sur l'original à différentes époques. La rédaction du XVIe siècle n'a pas de titre.

(2) Les notes marginales ont été ajoutées au XVIIIe siècle.

Naissance de

Pierre, du 15 septembre

1554.

Jenne de Hautefeuille femme de Robert de Parenty, et Apolline Cleuet estant jeune fille.

Et le 14o juin 1601 ledict François Hibon (1) est décédé et my en terre et sépulture dans la chappelle Nostre Dame en leglise St Nicollas en ceste ville basse, où est ausy enterré feu Pierre Hibon son père et Jehanne de Parenty sa mère. Priand Dieu quil leur fache miser(icorde). Avoit eu femme en premier nosse dame Françoise Dieu, et

(1) « François Hibon le Viel, eschevin et recepveur à son tour de l'église Saint-Nicolas, mourut le 13 de juin 1600. Il a fondé les matines du premier jour des Avans. De son temps on a commencé à travailler à l'église Saint-Nicolas qui estoit destruicte par les guerres. » (Premier reg. de catholicité de Saint-Nicolas.)

Le 13 juin 1600 ne doit pas être la date exacte, puisque le 24 juin de la même année « François Hibon, marchant bourgeois et eschevin de ceste ville de Boullongne, a recongneu (en la presence de domp Jehan Marestz, doïen et curé propriétaire de l'église de Dieu et de Saint-Nicolas au bourg de Boullongne, et d'Antoine Gest, recepveur... que par cy devant auroict esté fondé par deffunctz Pierre Hibon et damoiselle Jehanne de Parenty, ses père et mère, un obit solennel... à estre chanté le vendredi auparavant le jour Sainte-Croix en septembre; au lieu duquel obit a recongneu) avoir fondé... une matines, messe sollemnelle et toutes les heures du jour, avecq les complies... qui se chanteront le premier dimanche des adventz de Noël... et pour le paiement desdictes matines iceluy Hibon a baillé 40 s. p. de rente qui luy est deube... par les Relligieux, abbé et couvent de Saint-Willemer en Boullongne pour raison d'une maison, manoir et tenement nommée Enfer, sceant... rue des Vivetz, tenant à l'Escu d'Orléans... dont est homme... Mre Regné de Joigny, abbé de ladicte abbaye... ». Cet acte a été ratifié le 24 juin 1614 par François Hibon, son fils. (Martyrologe de Saint-Nicolas, p. 93-94.)

Le jour de sa mort doit être reporté au 12 ou 13 juin 1601 (voir ci-dessus), puisqu'il fut inhumé le 14.

François Hibon, le Viel, était propriétaire d'une maison rue Neufve Cauchie auprès de la maison de la Couronne, et en habitait une autre sur la place St-Nicolas, appartenant à Jacques Lardé.

(A. de Rosny. Recueil hist. du Boulonnais, t. II, p. 175).

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