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cestuy cy, car poursuivant mon entreprise que vous avez entendue par le sr de Chemault, je feiz marcher mon armée droit devant le fort de Sellaque, prochain de la ville et chasteau d'Ambleteul qui fut assiégé et assailly si vivement que quatre heures après la batterie commencée il fut pris de force et de quatre à cinq cens hommes qui estoient dedans ne s'en est saulvé ung seul qui n'aist esté taillé en pièces ou prins prisonnier. Il s'y est trouué 22 pièces d'artillerie et grande quantité de munitions. Le soir mesme et tout d'une fureur mes gens prindrent la basse et haute ville d'Ambleteux et contregnirent les ennemis à se retirer tous dans leur grand fort qui est une très belle et forte place, ou je feiz la nuict faire les approches de mon artillerie et tout le jour ensuivant battre leurs deffences, de sorte que l'autre nuict d'après elle fut en batterie et commença de si bonne heure et avecques telle violence que ceulx de dedans qui estoient plus de douze cens hommes espouvantez de crainte d'estre prins d'assault comme le furent les aultres, vindrent se mettre en ma miséricorde et me rendirent la place la nuit en les laissant aller les vies sauues, ainsy que j'ay fait, usant envers eulx de clémence et meilleur traittement qu'ils n'ont accoustumé faire aux français et y estoit entre aultres milord Jehan Grey, nepveu de milord Grey pour chef et capitaine, personnage fort estimé entr'eulx et bien accompagné de beaucoup de vieils capitaines et bons souldards qui laisserent toutes leurs armes dedans la place, 25 pièces d'artillerie de bronze, sept vingt (140) caques de pouldre et pour plus de 50,000 francs de tous vivres, car à ce que disent ceulx qui en sortirent c'estoit le

magasin de toutes leurs places de deçà, aussi vous assuré-je bien, mons. Marillac que c'est une aussi belle place et autant commode que vous en sçauriez veoir, ayant ung bon grand port, meilleur sans comparaison que celluy de Boullongne et lequel ils ont desja grandement amendé et une infinité d'autres choses qui me font cognoistre que Dieu n'eust sçeu mieulx faire pour commencer à me remettre en main le pays qu'ils me occuppent, et s'il luy plaist me continuer la faveur dont par sa grace et bonté il a accompagné mon entreprinse jusque icy vous aurez bientost nouvelles qui vous feront croire que Boullongne leur sera peu asseurée et encores moins utile. Tost après l'execution dudit Ambleteux faite j'envoyai un trompette sommer la place de Blaqnetz qui est à une lieue et demie de la tirant à Calais, laquelle ils ont ja bien avancée de fortiffication et y tenoient e hommes de guerre, lesquelz aussi peu asseurez que les autres, envoyerent incontinent quant et ledit trompette le capitaine dudit lieu, qui me rendit aussi ladite place en sortant la vye et bagues sauves, ainsi quils ont fait ce matin, et y ont laissé 18 pièces d'artillerie et environ 40 quaques de pouldre, grande quantité de bestal et beaucoup d'autres vivres, de sorte que je tiens de present toutes lesdites places que j'espère tellement faire acheuer et pourveoir de si gens de bien que jamais Anglois n'y commandera riens; voilà tout ce qui est succedé depuis le partement dudit s de Chemault dont j'ay bien voulu vous faire part comme je feray cy après de ce qui surviendra afin qu'en puissiez parler à la vérité...

BIBL. NAT. Clairambault, 343, no 192 ro et vo

XXXIV

Depesche du Roy à M. de Marillac

1549 30 aoust.

Du camp dardintin le xxxe aoust 1549.

Depuis deux jours je vous ay escript par la poste la prinse que j'avois faite sur les Anglois des places d'Ambleteux, Blaquenet et Sellaques et par le meme adverty à la verité comme les choses estoient passées. Depuis poursuivant mon entreprinse, je partis avecques mon armée pour venir le chemin droit au mont lambert qui est une place desdits anglois près Boullongne, très forte et bien pourveu d'artillerie, munitions et de IIII à ve hommes de guerre, de laquelle j'avois moins d'espérance que de toutes celles quils ont en Boullenois hors mis Boullongne, mais comme Dieu dispose des choses Il est si bien advenu que la nuict d'hier entre le me(r)credy et jeudy les dits Anglois estonnez et en crainte d'estre traictez comme ont esté les autres après avoir retiré secretement quelque piece d'artillerie à Boullongne, ils partirent dudict Montlambert, habandonnant la place et meirent le feu dedans, de quoy mes gens, que j'avois laissez en un fort devant ledit Montlambert pour leur faire teste et donner plus de seureté aux vivres de mon camp, eurent incontinant cognoissance et soudain arrivèrent aux environs de ladicte place où ils tuèrent et meirent en pièce cinquante ou soixante desdits Anglois qui estoyent demourés derrière, se saisirent de ladicte place, estai

gnirent le feu et sauverent ce qui estoit d'entier, de sorte quil y est demouré encore beaucoup de bledz, plus de cent pièces de vin, grande quantité de chères sallées et quelques pièces d'artilleries: et quant à la dicte place elle est entière et si forte que j'espère par là en recouvrer sans difficulté Boullongne, ne leur estant demouré que l'enceinte de leurs fossés sans aucun moyen de l'ayder et secourir de vivres ne de bois, par terre ne aussi peu par mer pour l'ordre qui sera donné au port dudit Boullongne Et le commandement que de mon fort d'Oultreau et le mont Chastillon que j'ay fait faire d'aultre costé dudit port ont dessus. Joinct aussy les bonnes et grosses garnisons que je mectray dedans lesdictes places nouvellement conquises et èz environs, dont, à ce que je veoy, lesdits Anglois sont merveilleusement estonnez, et si le temps et la saison qui se commance à faire fort pluuieuse vouloit permettre que cette armée demourast plus longuement en campagne, j'espererois à l'effort qu'ils ont et au peu de forces dont ils sont pourveuz pour le present, sans espérance de grand secours pour plusieurs raisons, que vous sçauez assez, les chasser en bien peu de temps hors de ce Boullenoys, mais je me contenteray pour ce coup du bien et de la grace quil a pleu à Dieu me faire avecques ferme fiance qu'il ne m'a point approché si près dudict Boullongne sans voulloir me remettre dedans et favoriser jusques au bout ma bonne et juste querelle.

(Ibid.)

1549 dernier aoust.

XXXV

Marché fait avec Jehan de Montpellé,

marchant, demeurant à Dieppe pour l'envitaillement, entretenement et renouvellement des vivres és

places d'Ambleteuil, Selacques et blacquenay.

Aujourdhuy dernier jour d'aoust l'an 1549 le Campdu Roy estant à huit mille (1) près Boullongne, Jehan de Montpellé, marchant, demt à Dieppe a accordé et promis à Mgr le connestable de faire l'advitaillement et fournissement des vivres cy après déclairez, necessaires pour la nourriture de mil bouches pour ung an dedans les places d'Ambleteuil, le fort de Selacques et Blacquenay, selon l'estat et despartement qui pour ce en seront faitz Et d'entretenir entièrement lesdites vivres et munitions en estat, bon, loyal et marchant, durant 3 ans qui commenceront le 1er jour du mois d'octobre prochain, le tout aux charges et condicions qui s'ensuivent.

Premierement: Fournira esdictes places et y entretiendra ordinairement durant lesdits 3 ans la quantité de 210 muys 5 septiers blé froment, mesure de Paris.. à raison de 50 liv. ts. le muy.

1,277 muys 1/2 de vin, mesure de Paris.. à raison de 17 1. 10 s. ts le muy., 80 muys d'orge, à 30 liv. ts. le muy. Deux milliers de hobelon, à raison de 12 liv. 10 s. ts. le cent. Desquelles orge et hobelon se brassera 3,800 cacques de biere, pour la valleur de semblable quantité de 1,277 muys et demi de vin, à prendre

(1) Wimille.

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