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SCENE X.

BOBADIL, MATTHEW

EST-CE

BO BAD I L.

ST-CE Vous, mon aimable M. Matthew?
MATTHEW.

Vous le voyez, Capitaine; trop d'empressement rend indiscret quelquefois.

BOBADI L.

Point du tout; mais je suis rentré fort tard hier au soir.... quelques amis m'avoient engagé à souper Je ne suis pas encore éveillé.- On

avec eux.

a beaucoup parlé de vous.

Quelle heure est-il ?

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Cet

appartement est tranquille; n'allez pas dire où je loge, je ne me soucie pas d'être accablé par des visites; excepté quelques amis particuliers, je ne reçois personne,

MATTHEW, en tirant un papier de la poche. Vous avez raison.

BOBADI L.

Il ne faut pas être trop populaire.... Un petit réduit propre & paisible vaut, à mon avis, le

plus beau palais.

Qu'avez-vous là ?

MATTHE W.

Ce sont des vers.

BOBADI L.

Lisez-moi cela. (Pendant que Matthew lit, Bobadil achève sa toilette.)

MATTHEW lit.

"O toi! le plus pur objet de mes sentimens, » le plus précieux trésor que couvre le Ciel; c'est

دو

» à toi que j'adresse ces vers: c'est le prélude du » bonheur d'un amoureux tourtereau ».

BOBAD I L.

Continuez, continuez; cela me paroît très-bon. En connoît-on l'auteur ?

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MATTHEW.

L'auteur! Ce sont les amusemens enfantins de ma muse, dans le temps où je commençai à.... Capitaine, quand viendrez-vous voir ma bibliothèque? Je vous montrerai quelques bons morceaux de ma façon. Ah! Capitaine, voilà une botte admirable!

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Ce sont les bottes à la mode parmi les Gentilshommes.

A

MATTHEW.

propos de mode, le frère aîné de Well-bred, M. Down-right, s'avise de critiquer mon goût. BOBAD I L.

Je le connois; il n'a pas plus de jugement que ma pique. Par Saint Georges, je suis surpris que vous vous compromettiez avec un tel homme, le plus grand sot de la chrétienneté. Je jure foi de Gentilhomme & de Militaire, que jamais je ne lui adresse la parole; lorsqu'il parle, on est tenté de le nourrir de foin. Il n'a pas l'esprit de faire une phrase; il sait par cœur trois ou quatre proverbes rouillés, & voilà tout.

MATTHEW.

Cependant il se donne de très - grands airs. Il şe vante qu'il me donnera la bastinade.

BOBAD I L.

Lui! Comment a-t-il appris ce mot?
MATTHEW.

Il s'est servi du terme bâton ; mais j'ai substituć bastinade, il me paroît plus gracieux.

BOBADI L.

Passe pour des coups de bâton. Quand & où s'est-il vanté de ce projet ?

MATTHEW.

Je l'ignore; mais un jeune gallant de mes amis m'en a parlé hier.

BO BAD I L.

Par le pied de Pharaon! envoyez-lui un défi. Des bastinados! Ce terme autorisé par l'incomparable Caranza, dans la bouche de Georges Down-right! Oh! vous le défierez.- Venez ici. - Je vous montrerai deux ou trois passes qui vous apprendront à le tuer à volonté. Venez, vous dis-je, je vous donnerai une leçon.

MATTHEW.

Je sais que vous avez la réputation de connoître

tous les secrets de l'art.

BOBADIL, d'un air satisfait.

Qui vous l'a dit? Nommez-le moi bien vîte....
MATTHEW.

Tout le monde: on dit aussi que vous êtes le plus fameux spadassin de l'Angleterre.

BOBADIL, d'un air satisfait.

On se trompe, mon ami: j'ai quelques principes; je connois le temps, la distance, &c. &c. &c. J'en ai fait plus d'usage pour les Seigneurs & les Gentilshommes, que pour mes propres querelles. (Il lui donne uue leçon d'armes avec le pied du banc.) Allons, M. Matthew, mettez-vous en garde comme cela; approchez, pliez le corps;- de la souplesse, vous aurez l'air plus agréable, - plus noble, une parade plus distinguée. Cela ne va pas bien. Dégagez davantage le corps;

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ferme

sur la hanche gauche; marquez votre distance;

Oh!

observez la proportion de votre temps. vous dérangez furieusement votre pointe. — Avezvous quelqu'argent sur vous, M. Matthew?

MATTHEW.

De l'argent ! J'ai à-peu-près deux shellings.

BOBADI L.

pour

La somme est assez mince; mais elle suffit un déjeûné d'une botte de radis, qui rendra notre vin & notre tabac plus piquans. Allons au cabaret voisin, delà nous passerons chez le jeune Wellbred; si nous y trouvons son aimable frère, votre défi le mettra à la question.

Fin du premier Acte.

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