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ANNÉE 1504.

LE Nécromancier, Farce morale, par

maître Skelton, Laureat ou Poëte du Roi. Cette pièce fut représentée le Dimanche des Rameaux, en présence du Roi Henri VII, & de plusieurs personnes de tous états, dans la maison seigneuriale de Woodstock, située dans la province d'Oxford, & de laquelle il ne reste plus de vestiges. Elle fut imprimée dans la même année, en petit format in-4°., par Wynkin de Worde.

Les principaux Personnages de cette pièce, sont un Nécromancier, un Diable, un Notaire; la Simonie & l'Avarice. Le sujet de l'intrigue, est le jugement de l'Avarice & de la Simonie; le Diable est le Juge, & le Notaire est son Clerc. Le Nécromancier invoque le Diable dans un long Prologue, & le force par son art, à comparoître sur la terre, & à y tenir son tribunal; celui-ci,

furieux d'être réveillé de si grand matin (1), chasse le Nécromancier à grands coups de pied. Pour rendre la figure de Belzebut plus intéressante, il porte un masque épouvantable, à longue barbe grise; il parle en vers, & les autres personnages, par un motif de respect, parlent en bouts rimés, composés de phrases Angloises & Françoises. Dans le cours du plaidoyer, l'Avarice cite Sénèque & Saint-Augustin; la Simonie tâche de corrompre le Juge; mais le Diable indigné de ce qu'on soupçonne son intégrité, jure par les Euménides & la barque de Caron, que la Simonie sera grillée dans les abîmes du Cocyte, avec Mahomet, Ponce-Pilate, le Roi Hérode & le traître Judas: il envoie les deux Parties en Enfer; la derniere scène en représente le vestibule; le Diable, Nécromancier, & une dame dansent ensemble; au milieu du Ballet, le Diable fait trébucher le Nécromancier, & auffi-tôt ils

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(1) On commençoit le Spectacle le matin, & on le représentoit dans la Chapelle du Château,

disparoissent au milieu d'un tourbillon de fumée & de flammes.

L'on trouve dans cette farce, quelques satyres assez piquantes contre la Simonie & contre les Magistrats; mais en général, le langage & l'intrigue se ressentent également de la barbarie de ce temps. Idem, tom. 2, page 254.

cens,

ANNÉE 1512.

La Chandeleur, ou le Massacre des InnoFarce morale, composée par ShanParfre, & imprimée d'après le manuscrit déposé dans la bibliothèque Bodlienne.

M. Hawkins en parle en ces termes dans un ouvrage nommé l'Origine du Drame.

« Nous apprenons par le Prologue de » cette pièce, dit-il, que l'année précé» dente, l'Auteur avoit donné au Public

l'Apparition des Anges aux Bergers, & » l'Adoration des Mages, deux mystères » également intéressans, ornés de plusieurs » beautés poétiques: il y fait entrevoir qu'il » se propose de donner dans le courant de

>> l'année 1513, la Difpute des Savans; » cependant nous ne trouvons aucun frag>> ment de ces deux pièces.

» Dans le Massacre des Innocens, les >> Soldats Hébreux jurent au nom de Ma» hound ou Mahomet, quoique celui - ci » soit né six siècles après cet évènement. » On nomme le Messager d'Hérode, M. » Watkin, & l'on fait promener sur le » Théatre, des Chevaliers armés de pied » en cap, pendant que la Sainte-Famille » s'enfuit en Egypte. Malgré ces absurdités, » le rôle d'Hérode a du caractère & de la » dignité ».

Nous ajouterons aux observations de M. Hawkins, qu'une partie de cette farce morale est imitée d'un Mystère représenté par les Pères de l'Eglise Anglicane, au fameux Concile de Constance. Un Bouffon du Roi Hérode demandoit à Sa Majesté Judaïque le titre de Chevalier, & la permission d'aller à Béthléem tuer les mères des enfans qu'on y avoit massacrés: le Prince y consent & le Héros part: il attaque

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ces femmes qui se défendent avec leurs quenouilles, l'accablent d'injures, le traitent de poltron, d'opprobre de la Chevalerie, & le renvoient ignominieusement à sa Cour. Que d'absurdités ! & qu'on doit se féliciter de vivre dans un siècle plus éclairé.

ANNÉE 1513.

L'Homme, pièce morale par John Skot, imprimée & publiée à Londres au commencement du règne de Henri VIII. La briéveté du titre de cette pièce nous paroît d'autant plus étonnante, qu'en général le titre de toutes les autres excède les bornes ordinaires. On voit à la tête de cet ouvrage, dont le manuscrit est déposé dans la bibliothèque Bodlienne, l'avertissement suivant.

Ici commence un traité fort instructif; » on y verra comment le Pere Eternel en» voya la Mort chez les hommes, pour les » sommer de lui rendre compte de leurs

>> actions >>.

Les Personnages de cette pièce, sont, Dieu, la Mort, un Messager, l'Homme,

les