vénalité. Son palais renferme les tributs, ou plutôt les dépouilles de toute la terre. SILIUS. Il médite de grands desseins: sous le prétexte d'affermir la discipline militaire, il rassemble dans son camp toutes les forces prétoriennes. aspire sans doute à la puissance souveraine. ARRUNT I U S. Il en a le pouvoir; il ne lui manque que SILIUS. le nom. Drusus s'opposera à ce projet ambitieux. SABIN US. Ah! Seigneur, son sort dépend de Séjan.... ARRUNTIUS. Si Séjan ose attenter à ses droits, je jure par les Dieux, que cette main lui plongera un poignard dans le sein.... SABINUS. Prends garde, on nous observe. ARRUNTIUS se tournant vers les Cliens de Séjan. Je ne crains pas la mort, & défie le pouvoir de Séjan; que ses espions lui disent qu'Arruntius (Ils sortent). méprise les traîtres. SCENE V I. (Le Théâtre représente la gallerie du Palais). SATRIUS, EUDEMU S. SATRI U S. IL va venir dans l'instant. Qu'avez-vous, Eudemus? Vous me paroissez inquiet. EUDEM U S. Je suis surpris, je l'avoue, que Séjan m'ait choisi pour une telle entreprise. Mais les Dieux l'ordonnent sans doute. SATRIU S. Si vous le servez fidèlement, vous pourrez défier l'inconstante fortune: il est généreux, & récompense magnifiquement. Le voici. SCENE VII. SATRIUS, EUDEMUS, SÉJAN. SATRI U S. SEIGNEUR, voilà le sçavant Eudemus, dont le mérite est au-dessus des plus grands éloges. SÉJAN. La renommée m'en a instruit. Approchez; que ce moment soit pour vous l'époque du bonheur je veux vous consulter sur un mal dont je suis dévoré; il m'en coûte de vous confier ce secret important; mais l'espoir d'y trouver un prompt remède.... (A Satrius). Retire-toi va voir qui se promène là-bas. (Satrius sort). — Ah! mon cher Eudemus, j'ai besoin de votre secours. EUDEM U S. Ordonnez, Seigneur. SÉJAN. Vous êtes le Médecin de Livie? EUDEM U S. Oui, Seigneur; & celui de la grande Augusta, mère de Tibère, ainsi que de plusieurs autres Romaines aussi célèbres : je suis le dépositaire de tous leurs secrets, Seigneur. SÉJAN. Vous êtes un homme utile à l'Etat : vous pouvez dévoiler bien des mystères... EUDEM US. Ah! Seigneur, mon devoir est d'être discret. SÉJAN. De toutes ces nobles matrones, laquelle servezvous avec le plus de zèle ? EUDEM U S. Je ne connois point les préférences, Seigneur. SEJAN lui prend la main. Soyez franc; je veux être votre ami: convenez que vous préférez Livie.... EUDEM U S. Son mérite & sa beauté ont des droits sur une ame sensible.... SÉJAN. Je vois qu'elle a le prix. EUDEM U S. Ah! Seigneur, il n'est point de mortel qui mérite plus que vous la préférence : ordonnez; je vous obéirai dans tout ce qui pourra qui pourra s'accorder avec mon devoir & mon honneur. SÉJAN. La confiance de Séjan yous honore assez je sçais récompenser les services; je puis étonner l'univers l'éclat de mes bienfaits. Livie ne se borne pas sans doute à vous consulter; un homme de votre mérite doit être son confident. par EUDEM U S. Je conviens, Seigneur, qu'elle m'honore de sa confiance; mais si je trahissois ses secrets, quelle opinion auriez-vous de celui que vous comblez de vos bontés ? SÉJAN. Plus le sacrifice est grand, & plus la récompense sera brillante; mais je veux vous donner une preuve de ma confiance: mon mal, Eudemus, provient d'une passion malheureuse ; j'aime, oui, j'aime Livie : vous qui l'approchez, instruisez-la d'un amour malheureux; dites-lui que ma flamme ne s'éteindra qu'avec ma vie. EUDEM U S. Si je pouvois vous apprendre que son cœur sent le prix d'une si haute faveur, je serois au comble de mes vœux. Ah! mon cher Eudemus, tu es à moi; oui, tu seras dorénavant mon ami, mon conseil..... Point de remercimens; tes regards annoncent ta reconnoissance; va, cours t'acquitter de ma commission, & que ton retour soit marqué par l'honneur du Consulat. EUDEM U S. Si vous voulez la voir aujourd'hui, je vous ménagerai une entrevue secrète. Dans quel lieu ? SÉJAN. |