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ACTE II I.

SCENE PREMIERE.

(Le Théâtre représente la Salle du Sénat). SÉJAN, VARRO, LATIARIS, COTTA, AFER, d'une part; GALLUS, LÉPIDE, ARRUNTIUS, d'une autre ; des Héraults, des Licteurs.

SEJAN, à demi-voix.

CÉSAR & moi nous garderons le silence, & si nous le rompons ce sera pour vous défendre. Varro, c'est à vous qu'est réservé l'honneur de l'accuser. L'inimitié qui règne, entre son père & le vôtre, écartera tout soupçon de partialité. Voici les articles sur lesquels vous l'attaquerez. Lisez-les attentivement, & que la ruse seconde l'audace; Afer est informé des volontés de César.

VARRO.

Silius eft-il averti?

SÉJAN.

Non; Tibère ne veut pas qu'il soit prévenu.

AFER.

Il ordonne qu'on l'accuse de trahison.

Fort bien.

VARR 0.

SABINU s, à demi-bas à Gallus.

La mort de Drusus empêchera César d'assister au Sénat.

GALLUS, à demi-voix.

Quelles peuvent être les raisons qui nous assemblent ici?

ARRUNTIUS, montrant le Consul & les Sénateurs de son parti.

Demandez-les à ces lâches intriguans. Ils ne nous rassemblent que pour être les témoins de leur audace; notre impuissance seule fait notre sûreté.

GALLU S.

Remarquez leur agitation.

ARRUNTIUS.

Sans doute ils méditent la perte de quelque

illustre Romain.

SABINUS.

Voyez comme ils se placent.

ARRUNTIUS.

Ils affectent cette humilité, qui est le signe de

la douleur.

GALLUS.

Voyez les larmes qu'ils donnent à la mort de Drusus, pour flatter l'Empereur.

VARRO, aux Héraults.

Commandez le silence.

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Pères conscripts: puisse l'objet qui nous rassemble servir à l'avantage & au bonheur de l'Etat. Voici Silius.

SCENE I I.

Les précédens, SILIUS.

SILIUS.

SALUT, respectables Sénateurs.

UN LICTEUR.

Arrêtez Silius vous n'avez plus de place au

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(1) L'Auteur a cru devoir conserver ici les termes usités à Rome en pareille occasion.

UN HÉRAULT.

Approchez, Silius; le Consul vous accuse....

LES LICTEURS.

Place à César....

SCENE III.

Les précédens, TIBERE entre avec beaucoup de pompe.

ARRUNTIUS, pendant que Tibère se place.

Quoi! l'Empereur dans ces lieux? On mé

dite quelque grand complot.

SABINUS.

Malheur à Caïus Silius!

TIBÈRE.

Sénateurs, pourquoi ce triste maintien? Quel sujet vous accable? Quel accident force le Consul d'abandonner sa place? La dignité romaine, à l'épreuve de tous les malheurs, ne doit jamais oublier le rang qui lui est dû. Que mon exemple vous serve de leçon. D'autres, en perdant leur fils, fuient leurs amis, & se refusent à la clarté du jour; je ne les blâme pas : mais le chef de l'Empire ne peut s'abandonner à de vaines douleurs. Tout entier au bien public, c'est dans

le bonheur de l'état qu'il trouve sa consolation. La grande Augufta ma mère, succombe sous le poids des années; moi-même je sens que la main du tems commence à s'appesantir sur ma tête. Drusus n'est plus, ses enfans sont jeunes, le défaut d'un successeur entraîne de grands désordres; il est de mon devoir de les prévenir, & d'écarter les maux qui menacent l'Empire. Les Dieux, protecteurs de Rome, ont accordé au grand Germanicus l'honneur de donner des soutiens à l'Etat; Nero & Drusus sont dignes d'occuper le trône de l'Univers. Qu'il plaise au Consul de les admettre ici : ils attendent là-bas ses ordres; que le Sénat daigne les protéger, que leur présence fasse succéder la joie à la tristesse, que la main du plaisir essuie les larmes de la douleur.

&

ARRUNT I US, bas à Sabinus.

Je m'égare dans un labyrinthe de conjectures.

SABIN US.

Voici les Princes.

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