LIUS SÉJAN, fils de Seïus Strabo, Citoyen Romain, naquit à Vulsinium. Après avoir vécu un grand nombre d'années à la Cour d'Auguste, & y avoir joui d'une haute faveur, il parvint, à force d'art & d'intrigues, à plaire à l'Empereur Tibère, successeur de ce Prince. Il ne manquoit à Séjan que le titre de Céfar, pour être le maître de l'Empire. Drusus, fils de l'Empereur, jaloux du pouvoir de cet homme ambitieux, lui donna un jour publiquement un soufflet. Séjan, furieux de cet outrage, parvint à corrompre Livie, femme de ce Prince. Celle-ci trahit tous les secrets de Drusus ; &, de concert avec Eudemus, son Médecin, elle aida Séjan à l'empoisonner. Le succès de ce crime fit concevoir d'autres desseins au favori. Il osa aspirer à la puissance suprême; mais ayant trouvé de grands obstacles à ce projet, dans la famille de Germanicus, il la rendit suspecte à Tibère, & voulut, en nourrissant les craintes de l'Empereur, immoler les fils d'Agrippine à son ambition. Il commença d'abord par sacrifier les amis de cette Princesse; & pour mieux réussir, il crut devoir demander la main de Livie; mais Tibère la lui refusa. Séjan, pour n'avoir plus à combattre les incertitudes de l'Empereur, l'engagea à se retirer dans l'Isle de Caprée, où la douceur du climat flattoit le goût voluptueux de ce Prince. Tibère suivit ce conseil; il alla dans cette Isle, & s'y abandonna à ses infàmes plaisirs, Séjan, voulant profiter de l'absence de César, chercha à la prolonger, en lui inspirant des soupçons contre tous ses sujets : mais Tibère ayant conçu quelques doutes sur la fidélité de son favori, employa, pour s'en éclaircir, Sertorius Macro, autre scélérat. Il parvint enfin à découvrir l'intrigue, au moment même où Séjan s'attendoit à recevoir de nouvelles dignités. Au moyen d'une lettre qui flattoit l'orgueil de ce traître, il écarta ses gardes, le rendit suspect aux Romains, le fit accuser de trahison, le fit condamner & exécuter dans un même jour. Le peuple furieux traîna son corps dans les rues de Rome; & après avoir outragé son cadavre par les plus grands excès, le déchira en mille pièces. Telle fut la fin tragique du plus puissant sujet dont il soit parlé dans l'Histoire Romaine. |