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TRADUCTION

DU

THEATRE ANGLOIS,

Depuis l'origine des Spectacles, jufqu'à
nos jours.

Traduit par Cornélie Wouters, baronne de Vasse et

TOME PREMIER.

.

Marie Wouters.

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Origine & progrès du Théatre Anglois, avec des notes sur l'origine du Théatre François.

TOUTE

OUTES les Nations policées ont encouragé les Spectacles, comme une institution utile à la prospérité de l'état. Foible dans son principe, le Théatre ne servit d'abord qu'au divertissement des gens oisifs; il fallut du temps & le secours des plus grands génies pour le rendre digne des Muses; cette gloire étoit réservée à la Grèce. Sophocles, Echyle, Menander & Euripide l'arracherent du sein de l'ignorance; & c'est à leur exemple que Plaute, Térence, Séneque & Varrius chez les Romains; Shakespear, Fletcher, Beaument & Ben-Johnson chez les Anglois; Corneille & Moliere chez les François, firent de la scène une école des moeurs & de la morale, où la vertu représentée sous un aspect attrayant, inspire au guerrier & au citoyen l'amour de la patrie, montre à la

(RECAP)

* a

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V. 1-2

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jeunesse le danger des passions, & corrige la vieillesse des défauts que l'habitude lui a rendus familiers. Voilà pourquoi les Athéniens décernoient les plus grands honneurs aux Auteurs dramatiques, & dépensoient des sommes immenses pour l'entretien de leurs Théatres (1). Les plus grands Philosophes ne se contentoient pas de fréquenter les Spectacles, mais se plaisoient dans la société des Auteurs dramatiques. Socrate corrigeoit les ouvrages d'Euripide, & le sage Solon recommandoit en mourant l'usage des Théatres. Les Romains, à l'exemple des Grecs, encouragerent la scène ; Lælius & Scipion se délassoient avec Terence; Cesar étoit aussi jaloux d'être bon Poëte, qu'orateur éloquent; Augufte, le vainqueur du monde, essaya vainement de faire une bonne tragédie (2); le vertueux Brutus, oubliant

(1) Ils dépensèrent la valeur de 100,000 livres à une seule décoration dans une tragédie de Sophocles. (*) Il commença Ajax, mais ne put l'achever,

les maux où le meurtre de César plongeoit sa patrie, ne rougit pas d'aller à Naples pour y voir une bonne troupe de Comédiens (1); & Cicéron ne craignit pas de faire l'éloge des talens de Rofcius dans son plaidoyer pour le Poëte Archias.

Après la décadence de l'Empire Romain; les Muses se virent négligées, & les divisions qui déchirèrent les différens états de l'Europe, les firent languir dans l'oubli. Cependant l'attrait du plaisir fit inventer des amusemens dignes à la vérité de ces siècles barbares. La France & l'Angleterre rivales en ambition, le furent aussi dans leurs spectacles: la premiere fixe l'origine de ses Théatres avant Charlemagne (2);

(1) Il en fut si content qu'il l'engagea d'aller à Rome, & la recommanda à son ami Cicéron.

(2) On fait mention en France de Batteleurs, d'His trions & de Farceurs, long-temps avant Charlemagne. Une ordonnance de cet Empereur en 789 supprima leurs jeux à cause des obscènités qu'ils représentoient. On n'en parle plus sous la deuxième race; cependant il subsista toujours une fête qu'on appelloit la Fête des Foux, reste d'une superstition payenne: elle se célébroit dans les Eglises; on

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