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temps. C'est un brave & honnête Gentil homme, & il en a bien ufé fur le fujet de fa femme quand il a vû qu'elle vivoit d'une manière à lui attirer de la honte, ik l'a quittée pour ne fe pas charger de ses iniquitez. Il n'y a que cela à faire quand on ne veut pas fe fervir du feu, ou du poifon. Allez, allez, Madame, vous en fçavez fur le chapitre de l'amour aurant que les maîtres; j'entens pour en parler, & vous l'avez appris à force d'être tendre. pour vos amis. Je ne fçai pas fi Vous avez en quelque amant aimé : mais fi cela eft. vous avez bien caché l'affaire, & l'op vous prendroit pour un cœur neuf.

VI. LETTRE.

Du R. P. R.. au Comte
de Buffy.

A Paris, ce 13. Janvier 1673.

"ENVOYE, Monfieur, des vers de trois Demoiselles de mes amies à Mademoifelle de Buffy On dit que c'eft une mer. veille que vous formez dans vôtre folitude, & qu'elle a autant d'efprit que vous. Si elle veut m'envoyer de fes ouvrages, ję les ferai voir aux Demoiselles qui ont fair

les vers que je lui envoye. C'eft une belle occafion de le faire connoître, fi vous lui en donnez la permiffion ; & en verité vous ne devez pas tout retenir pour vous, Mon fieur: Vous aurez part à la gloire qui lui en reviendra, fi vous fouffrez que nous, voyions quelque chofe de ce qu'elle fait fous votre direction.

Vous ne fçavez pas au reffe combien je m'intereffe pour votre retour à Paris, & quelle joye j'aurois d'y pouvoir contribuer. Nous en parlons Madame de Sc *** & moi quand nous nous voyons. Elle m'a fait voir votre derniere lettre au Roi Je voudrois qu'elle cût fair fur fon efprit le même effet qu'elle a fa t fur le mien : j'en ai été attendri, & elle n'eft faite que pour cela. Si vous ne perfuadez pas, ce n'eft pas la faute de vôtre art, de vôtre efprit,

ni de vôtre coeur.

Je ne me porte pas encore affez bien pour mettre au net les réflexions que je vous ai promises, & que vous me devez corriger.

VII. LETTRE.

Réponse du Comte de Buffy au R. P. R..

A Chafen, ce 22. Janvier 1673.

ADEMOISELLE de Buffy vous rend

Mmille graces, M. R. P. des vers que

vous lui avez envoyez. Elle les a trouvez fort beaux. Au refte, on vous a dit trop de bien d'elle. Je m'en vais vous la définir: C'eft une fille qui a été nourrie ou chez fa Grand'mere de Toulonjon, ou aux Saintes Maries: ce font-là de bonnes écoles pour les mœurs. Depuis que je fuis forti de la Cour, elle a toujours été auprès de moi, où je lui ai plus appris à vivre que toute autre chofe. Cependant elle ne laiffe pas d'avoir affez lû, comme vous pourriez dire des hiftoires, & des ouvrages d'efprit, de profe & de vers. Elle n'en fait point; (car je compte pour rien un bout-rimé qu'elle pourra faire quelquefois par compagnie,) elle fe contente d'en bien juger. Il faut auffi dire le vrai, non feulement elle difcerne les bons ouvrages d'avec les mauvais, mais de deux bons elle connoît bien le meilleur. Enfin, M. R. P. nous

avons lu ensemble tout ce qui vient de vous elle l'a admiré comme moi, & n'a pas attendu bien fouvent que j'euffe parlé pour le récrier aux plus beaux endroits. II y a encore une chofe que j'ai voulu qu'elle fçût mieux que tout le reste, qui eft de ne point faire de parade de ce qu'elle fçait, de craindre même qu'on ne croye trop qu'elle fçache: de peur que la plupart des gens avec qui on eft obligé d'avoir commerce & qui ne fçavent rien, ne la craignent; & quand elle eft avec d'honnêtes gens de mes amis de ne débiter ce qu'elle Içait qu'avec grande réserve & grande modeftie. Voilà comment eft Mademoifelle de Buffy, & comment il me femble qu'une fille de qualité doit être. Je ne doutois pas M. R. P. que vous ne vous intereffiez fort à mon retour; car je crož que vous aimez fort vos amis.

Pour la lettre que j'ai écrite au Roi, vous l'eftimez plus qu'elle ne mérite. Pour moi ce que je trouve de plus fort, c'eft qu'elle eft naturelle, & que rien n'eft plus veritable que la tendreffe que j'ai euë, & que j'ai encore pour Sa Majesté, malgré tous les maux qu'il m'a faits ; & c'est ce qui me fait croire que Dieu qui ne veut pas encore que je retourne à la Cour, en

durcit le cœur du Roi pour moi, quri naturellement ne réfifteroit pas aux marques finceres d'amitié que j'ai fi fouvens données à Sa Majesté.

VIII. LETTRE.

Du Comte de... au Comte
de Buffy.

L

A Vezel, ce 23. Janvier 1673.

I y a près de deux mois que je ne me

fuis donné l'honneur de vous écrire. J'attendois toûjours quelque action importante qui me fournit la matiére d'une bettre,& j'efperois que M. de Brandebourg ou le Prince d'Orange entreprendroient quelque chofe de grand qui relevât la réputation de leurs armes: mais comme nous avons été affez longtemps dans un repos apparent que les gazettes n'ont point patlé de combats ni de victoires, & qu'il n'y a eu que les gens qui entendent parfaitement le métier de la guerre qui ayent pu juger équitablement des raifons qui ont arrêté M. de Turenne auprès de Vitlitk, j'ai laiffé paffer ce temps fans vous rien dire. Cependant comme la vertu la plus éclatante à les envieux, il nous eft revenu

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