'dois pas que l'Académie me dût produire une chofe auffi avantageufe que me le doit être l'honneur de votre fouvenir. Il y a mille ans que nous nous connoiffons, & il ne s'eft rien paffé depuis, qui nous ait pû dégouter l'un de l'autre par tout ce que nous avons fait. Madame de C *** notre amic eft témoin que j'ai toujours fait mon devoir à votre égard, jufqu'à être fcandalifé du foin que vous preniez à vous cacher de moi. Quoi qu'il en foit, je fuis ravi que vous foyez enfin revenu à vous & à moi. Je vous envoye ce que vous m'avez de. mandé, & vous vous appercevrez bientôt que ce qui eft fait pour être dit, ne doit point être lû. Ce qu'il y a de moins mauvais, ce me femble, dans ce difcours, c'eft qu'il ne convient qu'à moi, vous en jugerez. Vous n'avez pas tant d'envie de voir les Rondeaux fur la Métamorphofe, que j'en ai de vous les montrer; & je fuis bien-aife que vous en ayez fait auffi pour m'aider à mettre ce ftile en honneur. Mais quand reviendrez-vous ? & quelle bifarerie de s'empreffer d'obtenir une permiffion pour n'en pas uler ? Le Roi fera Mardy à Fontainebleau, & trois jours après à Versailles, fi la nouvelle de la défaite du Duc de Lorraine, & de quelques troupes de l'Empereur, ne rompt fes mesures. Au nom de Dieu, Monfieur le Comte, revenez, & foyez perfuadé que je n'ai pas laiffé d'être de vos amis malgré vos froideurs; & que je ne l'ai point dit, parce qu'il m'a paru que vous ne vous fouciez guéres de le fçavoir. Mais au moindre figne que vous ferez, vous connoîtrez que perfonne au monde ne vous cftime, & n'a plus d'inclination pour vous que, &c. LXXXIII. LETTRE. De Madame de Sc... au Comte. de Buffy. A Paris, ce 23. Juin 1674. E n'ai en ma vie reçu une fi agréable lettre que la derniere que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire. Elle l'eft à un point que quoique j'aime fort à voir mes amis,il n'y a pas moyen que je fois fâchée contre une abfence, qui me fait recevoir de leur part des lettres auffi-bien écrites qu'eft la vôtre. Le Roi fera Samedi à Verfailles pour n'en bouger du refte de l'année. Il a cons quis une Province. N'eft-ce pas une belle campagne? La nouvelle vint hier d'une bataille gagnée par Monfieur de Turenne contre Monfieur de Lorraine à une petite Ville qu'on appelle Sintzin. On dit que ce combat fut opiniâtre, & que Monfieur de Lorraine fut trois fois à la charge. Monfieur de Turenne fut obligé auffi deux fois de fe mêler. Il avoit de l'Infanterie & du canon, & les ennemis n'en avoient point Ils ont plus perdu de foldats que nous, & nous plus d'Officiers qu'eux ; on en attribue la caufe aux armes que leurs Officiers avoient, & les nôtres n'en avoient point. Saint-Abre Lieutenant General a'un coup qui lui caffe la cuiffe, & fon fils a été taè auprès de lui. Bauvefé Maréchal de camp, & qui commandoit la Cavalerie dans cet te armée, a été tué; Coulanges Brigadier tué,& vingt Capitaines de Cavalerie,dont on ne dit pas encore les noms. Mongommery bleffé, le Chevalier de Pifieux, la Marc, & beaucoup d'autres bleffez. Ce fuccès nous va bien relever le cou rage, & établir notre réputation. LXXXIV. LETTRE. Réponse du Comte de Buffy J'A A Buffy, ce 27. Juin 1674. 'AURAI la tête bonne, Madame, fi vos louanges ne me la font pas tourner. Car enfin qui ne croiroit que vous dites vrai? Ma fortune n'eft pas en état que je puifle avoir des flateurs; tant y a, Madame, que je fuis fort aife de vous plaire. de Il est bien jufte que le Roi fe delaiffe de toutes les fatigues; il en a eu affez pour prendre du repos. Ceux qui n'approfondiffent pas les chofes, croyent que la campagne du Comté de 1668. eft la plus grande action du monde, parce qu'elle fut faite en huit jours. Cependant il n'y a pas comparaison entre la gloire que mérita le Roi à cette fois, & celle qu'il vient d'aquerir. Les ennemis furent furpris la premiére, & ne fe défendirent pas, & ils viennent de faire une grande réfistance, parce qu'ils étoient préparez. L'action de Monfieur de Turenne eft fort belle: mais qui vous en a tant appris, Madame ? Vous parlez de la guerre com me un vieux Capitaine. Puifque vous êtes donc fi habile, je m'en vais vous dire mon, fentiment fur cette affaire, comme je fe-; rai avec un homme du métier ; & je vous. dirai que Monfieur de Turenne ayant de l'Infanterie & du canon, & les ennemis n'ayant ni l'un ni l'autre, c'étoit prefque un coup feur à lui de les battre ; mais c'eft l'action d'un homme vigilant de ne l'avoir pas manquée. LXXXV. LETTRE. Du Comte de Buffy à Madame de Sc... I L A Chafeu, ce 19. Juillet 1674. I n'y a plus que pour Monfieur de Turenne à battre les ennemis. Il faut dire la verité, c'eft un grand homme de guerre. Vous fçavez bien que que l'amitié que j'ai pour lui ne m'aveugle pas. Je croirois affez l'accommodement fecret des Hollandois avec nous, & que l'é quipés de Belle-Ifle a été de concert ; & fur cela j'admire la cruauté de la raifon d'Etat, qui fait que Ruiter d'accord avec fes ennemis, facrifie une partie de fes gens pour mieux tromper fes Alliez. Quand nos |