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vous qu'une perfonne auffi raisonnable qu'elle, parmi de fottes gens qui ne penfent pas l'être. La vie que vous menez eft ce qu'on appelle, une vie reglée. Je fuis ravi que Dieu entre un peu dans vos réflé

xions, & que vous regardiez comme une faveur du Ciel, ce qui eft une difgrace aux yeux du monde. Croyez-moi, Monfieur, votre mauvaise fortune en eft une bonne pour vous, à parler chrétiennement. La Providence a des deffeins de mifericorde fur nous lorfqu'elle nous afflige; & les chemins les plus rudes font d'ordinaire les plus feurs pour aller où elle nous conduit. Mais parlons d'autres chofes.. Pour peu que je continuaffe fur le même ton, vous prendriez ceci pour un fermon, & je craindrois de vous endormir. Enfin nous avons un Confeffeur du Roi. C'eft le Pere de la Chaife, Provincial dans la Province de Lion, homme de mérite & de qualité, qui a de l'efprit, du fçavoir, un grand fonds d'honneur, & une droiture des premiers fiécles; fur tout beaucoup de pieté, & une conduite très-fage. Ceux qui le connoiffent, lui trouvent toutes les vertus d'un parfait Religieux, avec tous les fentimens d'un vrai Gentilhomme. Il eft reveu de l'illuftre Pere Coton Confeffeur d'Henri le

Grand; & felon toutes les

apparences if remplira dignement ce pofte, que je ne lui envie pas, je vous jure. Quand on a une fois renoncé à tout, on eft trop heureux de n'être rien.

CVIL LETTRE.

Réponse du Comte de Buffy au

J

Pere B...

A Autun, ce 10. Février 1675 %

E viens de recevoir votre lettre, mon.

R. P. avec celle de la Fontaine à Madame de Thianges. Cette lettre eft, com me tout ce qu'il fait, d'un caractére ailé & naturel. Cependant j'aime mieux fes autres onvrages. Sa façon convient mieux à conter qu'à écrire. Il eft certain que fi je n'avois Mademoiselle de Buffy pour m'aider à foûtenir les fottifes de la plupart des gens. de Province, elles me fatigueroient bien plus qu'elles ne font. Si tous les fermons étoient auffi bons, auffi agréables, & auffi courts que le vôtre, je n'en perdrois point. On m'a déja dit que le Pere de la Chaise eft Confeffeur du Roi, je m'en réjouis,car j'ai oui dire qu'il a du mérite, de l'efprit,. du fçavoir & de la vertu. Pour la naiffan

1

ce, je le fçai par moi-même, ayant trou vé dans ma Généalogie des titres fort anciens qui parlent de la Maison.

CVIIL

LETTRE.

Du Comte de Buffy à l'Abbé D...

A Autun, ce 18. Février 1675

'A1 appris avec bien du déplaifir, Mon.

JA

J'feur, la perte que vous avez faite de

Madame votre four: car outre la part que je prens aux chofes qui vous touchent j'avois encore l'honneur de la connoître & j'en faifois le cas qu'elle méritoit. Vous vous direz fur cet accident tout ce qu'il y a à vous dire, tant de la part de Dieu,que de votre raison; & pour moi, je me conrenterai de vous affurer qu'il ne vous arrivera rien à quoi je ne m'intereffe extrémeque je fuis de tout mon cœur à

ment

YOUS.

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&

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CIX. LETTRE

Du Comte de Buffy au Duc de
Saint-Aignan.

Ce 13. Février 1675.

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E prens toujours patience fur ma mau vaise fortune, Monfieur. Si l'impatience pouvoit fervir de quelque chofe, je n'en manquerois pas mais je fais de néceffité vertu. J'ai gagné au moins une chỏfe à mes malheurs, c'eft de connoître combien eft véritable & forte l'amitié que vous m'avez promife. Pour répondre à la nouvelle la plus confidérable de votre lettre, qui regarde le choix que le Roi a fait du Pere de la Chaife pour fon Confeffeur, je vous dirai que j'en fuis fort aife. C'est un Gentilhomme de mérite, de fçavoir, & de grande vertu. Je connois fort fa Maison, & même fon ancienneté. Pour fa perfonne, je ne la connois point; j'en ai feulement entendu parler: mais s'il arrivoit que j'euffe affaire du Confeffeur du Roi, j'aimerois toujours mieux que ce fût un homme de condition & de merite comme lui qu'un autre. Il faut dire auffi la vérité, ce n'eft pas fans raison que depuis l'insti

tution de leur Compagnie, les Rais y ont. toujours pris leurs Confeffeurs. Il n'y a point d'ordre fi utile au Public que celuilà, ni où il y ait eu tant de grands hommes. Nous en avons même dans ce tempsci quelques-uns, qui ont ajoûté à la doctrine & à la vertu des premiers, plus d'éloquence & plus de politeffe qu'ils n'en avoient, comme entre autres deux bons amis que j'y ai, les Peres Rapin & Bouhours, le P. Bourdaloue & bien d'autres. Adieu, Monfieur. Voilà un long difeours fur les Jéfuites. Auffi je vous avoue que je les aime fort.

Je m'abandonne à vous pour tout ce que l'amitié vous infpirera en ma faveur. Imaginez. Je m'en fie bien à votre cœur, & à celui de ***

CX. LETTRE

De Madame de Sc... au Comte de Buffy.

J

A Paris, ce 22. Février 1675.

E penferois fur vos affaires, Monfieur, tout ce que vous penfez, fi ce n'étoit que je croi qu'il le faut fouvent gouverner felon les rencontres que la raifon ne peut

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