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toit de foûtenir les Alliez. C'eft pourquot il fit defcendre dans des bateaux une partie de fon Infanterie à Vezel, & ayant auffi envoyé devant quelques brigades de Cavalerie, il marcha lui-même à grandes journées, & arriva bien à propos dans cette Ville, puifque M. de Munfter forcé par fon Chapitre qui ne vouloit point entendre parler de voir ruiner le pays, s'accommodoit avec M. de Montecuculi, & remettoit deux jours après entre les mains toures fes Places. La perte d'une bataille n'eût affurément pas été d'une fi grande conféquence que cet accommodement, & c'est l'étoile du Roi, & la réputation de M. de Turenne qui nous ont garanti de ce malheur. Car, voir l'Empereur, les Efpagnols, les Hollandois, & M. de Brandebourg mat tres des Places de M. de Munfter, & de tout le pays jufqu'à l'Iffel, ce n'étoit plus voir les affaires du Roi en bon état, & celles des ennemis délabrées ; il ne restoit plus de Princes neutres en Allemagne, & les François n'euffent pas été dans la dé route ce qu'ils font dans la profperité.

Si-tôt que M. de Munfter fut affuré de M. de Turenne à Vezel, il envoya à l'inftant des contre-ordres aux Commandans de fes Places qui devoient recevoir les Im

periaux; & ce parti reprit une telle vigueur, que quatre cent hommes des troupes de M. de Munfter qui étoient dans Verle, foutinrent huit jours de fiege, & trois affauts, & firent des forties, & enfin fe défendirent fi bien, que les ennemis furent obligez de lever le fiege.

Mais afin que vous puiffiez mieux juger de l'état des affaires de ce pays-ci, il fauc yous dire la fituation des troupes des ennemis, & celle des nôtres. M. de Montes cuculi eft à Paderborn, & toutes les trou

pes

font étendues dans des quartiers, qui font entre le Veser & les fources des rivieres de la Roëre & de Lippe, comme Ru den, Buron, Brakel, &c. M. de Brande. bourg eft auprès de Patberg à la fource de Lems,à Gattori, &c. M. de Turenne a fait paffer depuis deux jours M. de Renel avec deux mille chevaux à Arenfberg fur la Roëre, pour ferrer les ennemis par les fans à notre droite. M. de Munfter a fes troupes à Varendorf, qui marcheront à nôtre gauche;& M. de Turenne part demain avec le reste de fon armée. Il paffera par d'Orftern & par Roklineufen,& marchera entre Lumen & Portmund droit aux ennemis. Si bien que nous allons à l'heure qu'il eft, faire ce qu'on appelle en bon Latin ş

Gerere bellum: prendre des poftes, tomber für des quartiers, & peutêtre engages une affaire décifive ;.& comme c'eft particuliérement à cette nature de guerrequ'excelle M. de Turenne, je ne puis: exprimer la joye & la confiance avec la quelle les troupes le fuivent.

IX. LETTRE.

De M. l'Abbé F.. au. Comte de Buffy.

A Paris, ce 28. Janvier 1673.

MON

ONSIEUR, la Meffieurs grace que de l'Académie viennent de me faire en me donnant une des places vacantes, de leur Compagnie, & la bonté que le Roi a euë d'approuver le choix qu'ils ont fait, m'ont touché très-fenfiblement mais ma joye n'eft point accomplie, & je ne me tiens ni bien choifi ni bien reçu, jufqu'à ce que vous ayez eu la bonté de confirmer mon élection & ma reception. Je fçai de quel poids doit être vôtre fuffrage; & je ferai bien glorieux quand je ferai mis encore de vôtre main dans la place qu'on m'a donnée. J'efpere que vous ne me refuferez pas vôtre agrément, n'ayant pas

T'honneur d'être connu de vous vous jugerez favorablement de moi, & vous voudrez bien vous tromper en ma faveur, après que tant d'autres de qui j'ai l'honneur d'être connu, s'y font trompez eux-mêmes.. Ce qui me donne encore quelque confiance, c'elt que MademoiLelle du P* en qui vous en avez beaucoup, vous dira hardiment, que je ne fuis pas indigne de la grace qu'on m'a faite, & ne croira point charger fa confcience quand elle corrompra vôtre jugement. Je l'ai priée de mêler à fes menfonges officieux au moins quelque verité, en vous affurant comme je fais ici, qu'il n'y a perfonne au monde qui vous honore plus que moi, & qui foit plus finccrement & plus respec tueufement, &c..

4.

X. LETTRE.

De Mademoifelle du P. au Comte de Buffy.

A Paris, ce 29. Janvier 1573:

E m'étois fait une néceffité d'attendre Monfieur Fléchier qui a cru qu'il n'avoit point de droit de fe donner l'honneur de Vous écrire, jufqu'à ce qu'il ait été de L'A

cadémie Françoife; ce qui a été differé longtemps à caufe du voyage que le Roi a fait à Compiegne, & qui s'eft enfin con clu avec l'approbation generale, à laquel le il ne manquoit que vôtre voix, Monfieur, qu'il auroit comptée pour trente. Je ne doute pas qu'il ne vous mande qu'il vous envoyera fa harangue fi elle s'imprime. Elle a charmé toute la compagnie.

La Pulcherie de M. Corneille eft imprimée depuis peu. Je ne vous en dis rien; car peutêtre l'avez-vous vuë; en ce caslà vous en fçaurez mieux juger que perfonne. Monfieur le Maréchal de Grammont lui a dit qu'il lui fçavoit bon gré d'a voir trouvé un caractére d'amant pour vieillards, dont on ne s'étoit point encore avifé, & qu'il lui en étoit obligé pour la part qu'il y pouvoit avoir.

les

Je ne voi point le P. R. fans que nous parlions de vous, & vous pouvez juger en quels termes.

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