Imágenes de páginas
PDF
EPUB

XXI. LETTRE.

Réponse du Comte de Buffy au Comte de L...

I

A Chaseu, ce 3. Mars 1673..

Ls ont raifon de fe réjouir à Saint Ger main; leurs affaires vont bien. Le Roi eft bienheureux : mais il faut dire le vray, il aide bien la fortune à le favorifer.

Le Roi d'Angleterre eft dans nos interêts, parce qu'il efpere que nous l'aiderons à reprendre l'autorité que les Rois fes prédeceffeurs on eue, & plus grande encore peut.

s'il fe

Il faut non feulement être bien méchant pour faire l'action de l'affaffin du Médecin, mais encore bien fot; car il n'y a pas d'éxemple que tels coups ayent été impunis.

"

La femme de Moliere ne fe contraint pas trop de monter fur le theâtre trois jours après la mort de fon mari. Elle peur jouer la comedie à l'égard du public: mais fur le fujet du pauvre défunt elle ne la joue guéres; à ce que je voi, fon deuil ne lui coûtera pas beaucoup.

L'Epitaphe eft affez plaifante, & le Sonnet fort beau. Un de mes amis m'a écrit

une espece d'apologie de Monfieur de Turenne: mais la plus belle apologie pour lui, c'eft de faire fçavoir par tout que fes cnnemis le craignent affez pour faire des confpirations contre lui.

Cela eft beau à Monfieur de Brandebourg de n'avoir pas voulu profiter de la mort d'un ennemi redoutable aux dépens d'un fcelerat ; & l'avis qu'il a donné à M. de Turenne peut venir d'un grand courage, qui veut faire voir à fon ennemi qu'il viendra bien à bout de lui par les voyes de gloire & d'honneur, & qu'il méprife toutes les autres.

XXII. LETTRE.

Du Comte de Buffy au Préfident de R..

Q

A Chafeu, ce 4. Mars 1673.

UAND j'ai affuré Monfieur le Comte de L*** que j'avois bien envie d'être de vos amis, Monfieur, j'ai fouhaité qu'il vous le dît, afin que cela me pût attirer votre amitié, fans fonger précifément de quelle maniere elle me viendroit. Aujourd'huy que vous me faites l'honneur de m'en affurer vous-même, ja

[ocr errors]

yous en rends mille graces, & j'en ai la plus grande joye du monde : car j'ai toute ma vie recherché foigneufement l'amitié des gens qui ont l'efprit & le cœur auffibien faits que vous.

XXIII. LETTRE

Du Comte de Buffy à Madame de Sc....

[ocr errors]

A Chafeu ce 6. Mars 1673.

E vous trouve toujours plaifante, Madame, fur le chapitre de l'amitié, vous étes inépuifable. Pour moi, je ne me vante de rien; cependant je le pourrois faire en cette rencontre. Quand vous voudrez, je vous nommerai dix ingrats célebres que j'ai fais en ma vie, fans les ingrats obfcurs qui font fans nombre.

Si vous n'avez pas trouvé trop jolies les douceurs que des gens affez redoutables vous ont dites, c'eft peutêtre qu'elles ne l'étoient pas, ou qu'elles ne l'étoient pas pour vous vous les cuffiez peutêtre trouvé meilleures de tel autre. Peutêtre euffentelles fait impreffion fi on les eût recommencées une autre fois. Car il n'y a pas de quoi le vanter de ne s'être pas rendue d'a

bord

bord: cela vient par dégrez; & telle Dame a eu une grande paffion pour un tel homme qui lui avoit déplu à la premiere vifite, & peutêtre à la premiere déclara tion d'amour. Ne vous affurez donc pas trop là-deffus, & croyez que votre heure peut encore fort bien venir.

XXVI. LETTRE..

De l'Abbé F.. au Comte de Buffy.

A. Versailles, ce 9. Mars 1673.

E ne fçaurois affez vous témoigner Monfieur, la joye que j'ai de l'honneur que vous me faites, d'approuver le choix que l'Academie a fait de moi, & de me donner votre fuffrage, & même quelquepart en l'honneur de votre amitié. Je n'a vois ofé efperer tant de profperitez à la fois, & je fuis plus heureux que je ne penfois, puifque vous voulez bien, me compter au nombre de vos ferviteurs. après m'avoir reconnu pour un de vos Cortefreres.

Je vous envoye le Difcours que j'ai pro noncé dans l'Academie, & je vous prie de le recevois, non pas comme: un cuvrage Tome IV.. D

il

qui merite d'être eftimé, mais comme une marque de l'eftime & du refpect que j'ai pour vous. Je m'affure que lorfque j'aurai l'honneur d'être plus connu de vous, vous vous détromperez peutêtre de la bonne opinion que vous avez de moi fur le bel efprit; mais vous trouverez que j'ai le cœur bon, & que perfonne n'eft à vous: avec plus de zele, plus d'estime & plus de refpect que moi.

XXV.

LETTRE.

Réponse du Comte de Buffy à l'Abbé F..

A Chafeu, ce 14. Mars 1673.

E viens de recevoir votre lettre, Monfieur, & la Harangue que vous avez faite à l'Académie. Je la trouve très belle: y a du feu, il y a du jugement; mais fur tout elle eft naturelle, & l'art y est bien caché. L'Eloge du Roy y eft admirable; & quoique vous ne lui faffiez point de grace, vous dites fi agréablement la verité, qu'il en doit avoir pour vous autant de reconnoiffance, que les autres grands Rois, qui font au-deffous defon mérite, en ont pour ceux qui les flatent.

« AnteriorContinuar »