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CCCVII. LETTRE.

Du Comte de Buffy à S. A. R.

MONSIEUR.

A Buffy, ce 30. Septembre 1679.

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ONSEIGNEUR, je prens tant de part à tout ce qui arrive à V. A. R. qu'elle peut bien croire que le mariage de Mademoiselle m'a donné une tres-grande joye. J'aime bien à voir entrer des Couronnes dans vôtre Maifon, Monfeigneur, & je prie Dieu que celle-ci ne foit pas la derniere. Je le fouhaite de tout mon cœur, & de voir un jour l'Europe partagée entre le Roi & vous, car perfonne ne s'intereffe plus que moi à vôtre gloire & à vôtre fanté, & n'eft avec plus de verité & de fou miffion, &c.

CCCVIII. LETTRE.

De Madame de M... au Comte de Buffy.

T

A Paris, ce 25. Septembre 1679.

AISEZ vous, taifez-vous; car je m'i. magine que vous parlez mal de moi

que vous m'appellez pareffeufe, irrégulie re, & peutêtre pis, c'eft-à-dire, ne me fouciant pas de faire plaifir à mes amis. Pour vous faire voir le tort que vous avez de condamner les gens fans les entendre, je vais vous conter ma déplorable avanture. En paffant fur le Pont Nôtre-Dame, un bœuf caffa avec fes cornes la glace de mon caroffe du côté où j'étois, & un morceau tomba fur ma cuiffe, qui me la coupa affez avant. J'en ai gardé le lit; & quoiqu'il y ait quinze jours, je fens encore des douleurs, & je marche avec peine. Après cela qu'avez-vous à dire ?

CCCIX. LETTRE.

Réponse du Comte de Buffy à Madame de M....

N

Ce 1. Octobre 1679.

E vous fâchez pas, Madame, de ce que j'ai dit, quand j'ai été longtems fans recevoir de vos lettres. J'en ai affez parlé pour ne pas témoigner de l'indifference pour vôtre amitié, & pas trop pour vous accufer fans raifon. Si vous m'aviez entendu, vous en feriez contente. Il fuffit que je fçache aujourd'hui que vous n'avez

que trop de fujet de ne me point écrire. Cependant je ne comprens pas comment un morceau de glace tombant de fi peu haut fur vôtre cuiffe a pû couper vôtre juppe, vôtre chemife & vôtre chair. II eft vrai qu'il ne faut pas raifonner fur les chofes de fait. Tout ce que je vous dirai donc, c'eft que je vous plains fort, & que je ne pense pas que perfonne ait été fi bleffe que vous à Hombourg & à Bitche.

CCCX. LETTRE.

De M. de P. Miniftre & Secretaire d'Etat au Comte de Buffy.

J

Ce 8. Octobre 1679.

de

'Ay bien de la joye, Monfieur, vous pouvoir dire que le Roi vous accorde la grace que vous lui avez demandée de pouvoir paffer fix mois à Paris pour vos affaires. Je m'eftimerois heureux de pouvoir réuffir aux chofes que vous defiriez de moi dans des occafions plus confiderables, & de vous pouvoir faire connoître l'eftime avec laquelle je fuis, Monfieur, vôtre, &c.

CCCXI. LETTRE.

Du Comte de Buffy à Madame de S...

A Chafeu, ce 4.Novembre 1679.

NOU

Ous ne ferons pas à Paris avant la fin de ce mois, Madame. Vous avez raifon de bien vivre avec Monfieur de*** malgré vos petits sujets de plainte. Il faut une vie pour vous redonner un ami tel qu'il eft. Pour l'autre, il faut dire la verité, il oblige de fi mauvaise grace, qu'en même tems, comme difoit Monfieur de Rouville du C***, il foulage de la reconnoiffance. Je comprens comment Mada

me*** & Monfieur*** vivent enfemble. Deux amans refroidis font comme deux amis qui ne s'aiment guéres. Si Madame de M*** eft fage, elle ne fongera qu'au jeu, & laiffera l'infidele en repos fur l'a mour : car enfin on ne fait pas revenir les inconftans par des plaintes & par des fracas. J'en puis parler fçavamment.

Je n'ai guéres vû Madame de Briffac, mais dans ce tems-là j'ai pris beaucoup d'eftime pour elle. C'eft comme cela qu'il me falloit une Maîtreffe, & non pas

une qui n'avoit rien de délicat que le Palais.

CCCXII. LETTRE.

De Madame de Sc*** au Comte de Buffy.

J'A

A Paris, ce 3. Novembre 1679.

'Ay differé à vous écrire, Monfieur, car j'ai été occupée par des foins, & depuis trois jours par une tres-grande affliction que vous aurez auffi: c'eft de la mort de Monfieur de V***. Vous fçavez que je n'en étois pas contente; cependant il a fait depuis tout ce qu'il falloit pour me donner un extrême regret de fa perte. Dès qu'il fut arrivé hydropique, il m'écrivit pour me prier de l'aller voir. Il me parla de fon mal, de fes fentimens, de fon falut, & il me dit mille chofes obligeantes. Depuis cela il n'a vû que moi tous les jours. Je me promenai avec lui pendant deux heures dans fa chambre la veille de fa mort: il ne la croyoit pas fi proche. Le jour qu'il mourut, il prit une groffe medecine qui le tua; & ce jour-là fur les deux heures il m'avoit envoyé prier de l'aller voir à fix, & à cinq

toit mort. Je vous l'avoue, Monfieur

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