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pu trouver qu'une portion du furplus de ce Traité qui n'a pas été achevé.

Il y a une liaison nécessaire entre toutes les vérités, & l'on pourra trouver quelquefois dans un des Ouvrages que nous avons rassemblés, ́celles qui font présentées dans un autre ; mais elles pourront paroître nouvelles par la variété des fujets auxquels elles font appliquées: & la méthode de M. le Chancelier d'Agueffeau étoit -de remettre toujours devant les yeux les principes dont il avoit à tirer des conféquences, & qu'il croyoit qu'on ne pouvoit ni trop mé diter, ni trop rappeller aux hommes.

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On trouvera après cet Avertiffement un Abrégé des principales circonftances de fa Vie qui étoit à la tête du Recueil de fes Difcours imprimé en 1756. Nous y ajouterons l'Epitaphe qui a été mise fur fon Tombeau, & celle de Madame la Chanceliere qu'il a compofée luimême, ce qui étoit une nouvelle raison de la comprendre dans une Collection de fes Ouvrages.

C'est un ufage ordinaire de mettre au com

mencement du Recueil des Ouvrages d'un Auteur illuftre, les Eloges qui en ont été faits par différents Ecrivains. Pour fatisfaire à cette efpece de coutume, nous placerons encore au commencement de ce Volume, des Difcours pour la présentation des Lettres de M. le Chancelier d'Agueffeau, qui feront honneur à la mémoire de trois Avocats célébres, en mêmetemps qu'à celle du grand Magistrat qu'ils ont loué fi dignement. Mais le plus grand Eloge qu'on puiffe lui donner, c'eft de dire qu'il a vécu fans autre paffion que celle de la Science, fans autre défir que celui du bien Public; & c'est auffi à l'utilité publique que ce Recueil doit être confacré.

L'Impression de ce Volume étoit presque achevée, lorsqu'il a paru deux Eloges de M. le Chancelier d'Agueffeau. L'un a été prononcé à la Sénéchauffée de Touloufe par le Chef de ce Tribunal. L'autre eft celui que l'Académie Françoife a jugé digne du prix qu'elle avoit propofé pour l'année 1760. Le Public a reconnu dans le premier, les fentiments du Magiftrat avec les talents de l'Orateur. Il a joint fon fuffrage à celui de l'Académie, pour applaudir à l'Auteur du fecond, qui a eu deux

fois la préférence fur fes concurrents en célébrant deux Grands Hommes d'un genre différent. Nous avons cru que l'un & l'autre méritoient d'autant plus d'être joints à ceux qui furent faits lors de l'élévation de M. d'Aguesseau à la Dignité de Chancelier de France, qu'ils ajoutent ce qui y manquoit, en rappellant les fervices qu'il a rendus dans cette Place à la Juftice & à l'Etat.

C'est avec regret que nous nous voyons obligés de remettre à un autre Volume les Notes hiftoriques qui accompagnoient le fecond de ces Eloges. Mais ce premier Tome contient un nombre de feuilles trop confidérable, que ces deux Difcours ont encore augmenté. Les Ouvrages que nous y avons rassemblés ne pouvoient étre féparés, parce qu'ils font du même genre, quoique faits en des temps différents. Ceux que nos recherches nous ont encore procurés, peuvent être partagés en plufieurs Tomes, & arrangés fuivant l'ordre des temps; ainfi des Notes hiftoriques y feront d'autant mieux placées, qu'elles ferviront à donner une idée fuivie des travaux de M. le Chancelier d'Agueffeau, foit pour acquérir un fi grand nombre de Sciences, foit pour en faire ufage dans des Places fi importantes. Nous nous hâtons de fatisfaire à l'empressement du Public, en lui préfentant ce premier Volume. Nous efspérons qu'il n'attendra pas long-temps ceux qui doivent le fuivre, l'Impreffion en eft actuellement commencée, & nous ofons dire que notre zèle pour avancer ce travail égale fes défirs.

TITRES

willon

ABRÉGÉ

DE LA VIE

DE M. LE CHANCELIER

D'AGUESSEAU.

au

ENRY-FRANÇOIS D'AGUESSEAU, Chancelier de France, Commandeur des Ordres du Roi, né à Limoges le 27 Novembre 1668, doit être mis rang des Hommes illuftres, foit comme Sçavant, foit comme Magiftrat. Il étoit defcendu, du côté paternel & du côté maternel, de familles diftinguées par leur ancienneté, & leurs fervices. HENRY D'AGUESSEAU, Confeiller d'Etat & au Confeil Royal, fon pere, CLAIRE LE PICART DE PERIGNY, fa mere, lui fourniffoient deux grands modèles ; & l'on reconnoiffoit en lui leurs différents caractères. Il avoit un cœur vertueux, plein de dou

par

&

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ceur & de bonté, un efprit élevé, une imagination féconde en grandes images, qui lui fourniffoit fans effort les expreffions les plus lumineufes, & qui étoit toujours conduite par la Raifon; une facilité furprenante pour apprendre, avec une mémoire prodigieufe qui acquéroit toujours, fans rien perdre de ce qu'elle avoit acquis. Son pere fut prefque fon seul maître. Il avoit fenti, dès fon enfance, tout ce qu'il pouvoit en attendre; & s'appliquoit à l'instruire, même dans le temps, où des conjonctures difficiles lui donnoient le plus d'occupation dans l'Intendance de Languedoc. Les fréquents voyages qu'il étoit obligé de faire, dans lefquels il étoit prefque toujours accompagné de quelques perfonnes qui aimoient les Lettres, étoient pour fon fils autant d'exercices littéraires. Une telle éducation lui donna tant d'ardeur pour les Sciences, qu'il parvint à les réunir prefque toutes. Il fçavoit la Langue Françoise, non par le feul ufage, mais par principes; le Latin, le Grec, l'Hébreu, & d'autres Langues Orientales, l'Italien, l'Espagnol, le Portuguais & l'Anglois. Auffi il difoit quelquefois que c'étoit un amusement d'apprendre une Langue. La lecture des anciens Poëtes fut, felon fon expreffion, une paffion de fa jeunesse. La fociété de deux grands Poëtes François (Racine & Boileau) faifoit alors fes délices, & il ne s'en permettoit point d'autres : luimême faifoit de très-beaux vers, & conferva ce talent jufqu'à fes dernieres années. Quoiqu'il le cachât, on le reconnoiffoit dans fa Profe même, qui avoit le feu noble & l'harmonie de la Poëfie. Son pere, qui lui avoit fait apprendre exactement les regles de l'Art oratoire, l'engagea, après l'avoir appliqué enfuite à la Philofophie, à lire encore pendant une année les anciens Orateurs. Il le mit par-là en état de les atteindre, en y joignant l'art de raifonner fi néceffaire, furtout dans le genre d'éloquence, qui a pour objet d'affermir l'autorité de la Juftice. Jamais il ne connut, ni ne voulut employer d'autres moyens pour faire adopter fes pensées. Les Ouvrages de Defcartes, que fon pere ne lui fit lire qu'après ceux qui étoient dans le goût de la Philofophie d'Ariftote, lui

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