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cule fi on ne s'avance pas par un travail continuel afin de parvenir à ce haut point de vertu, où comme dit l'Ecriture, on fe moque prefque des démons qui ne font peur qu'à ceux qui ne connoiffent pas leurs trompe

ries.

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à

foibleffe.

419. On doit travailler d'autant plus Combat gaytement par les bonnes œuvres, à dé. tre notre truire la foibleffe interieure qui donne quelque avantage fur nous au démon que fouvent il plaît à Dieu de nous porter par la puiffance de fa grace une perfection que nous n'oferions efperer. Mais pour l'engager à nous faire une faveur i particuliere, il faut qu'il nous voye dans un exercice continuel de vertu, & que parmi l'infirmité de notre corps, il y ait toujours dans le fond de notre ame une vigueur qui nous faffe vouloir fincerement ce que nous pouvons, fans nous flatter ni nous épargner dans les chofes que nous nous croyons capables de faire.

420. Il faut travailler comme fi l'on Grace ne s'attendoit point à la grace de Dieu; & fe confier en fa grace comme fi l'on ne prétendoit rien obtenir par fon travail; L'un nous éloigne de la négligen, ce, & l'autre de la présomption.

Occa- 421. Il faut extrêmement ménager fions uni- pour notre falut certaines occafions uniques, parce qu'une feule eft incomparablement plus confiderable au jugement de Dieu, que plufieurs ordinai

ques.

Unifor

mité.

res & communes.

422. Il n'y a que l'uniformité qui foit agréable à Dieu : & la fingularité déplaît même aux gens du monde. Sortir de 423. Il faut que Dieu faffe une granla capti de grace à une ame pour pouvoir par une fainte violence & une généreufe réfolution, s'affranchir de la captivité du monde, dans laquelle autrement elle demeureroit toûjours.

vité du

imonde.

Befoin

continuel de la grace.

424. Celui qui étant dans la grace & ainfi dans la santé, croiroit n'être pas infirme & n'avoir pas besoin de recevoir de JESUS-CHRIST de nouvelles forces, deviendroit auffi-tôt plus infirme & plus malade que celui qui le feroit en effet, & le croiroit être puifqu'on voit dans l'Evangile, qu'il n'y a que ces fortes de péchés que JESUS-CHRIST a jugés irréparables, à caufe qu'ils ferment la porte à la guérifon en ne demeurant pas d'accord de la maladie, qui est toujours en nous en quelque tems, en quelque lieu, & en quelque état que nous foyons.

425. L'exemple de cette horrible Pouvoir tentation dont faint Paul fe plaint, & de la gradit qu'ayant demandé tant de fois à ce. Dieu de le délivrer, il lui avoit toûjours répondu: que fa grace lui fuffifoit, fait voir la grandeur de cette grace dans la grandeur de l'infirmité d'un des plus grands hommes de l'Eglife, & doit arrêter tout le trouble que les perfonnes qui font à Dieu pourroient avoir de fe trouver fi infirmes, après avoir beaucoup travaillé pour fe rendre fortes, puifque même l'infirmité la plus perilleufe & qui refte dans les plus forts eft par le témoignage de Dieu, un fujer & une occafion pour devenir encore plus forts & plus inébranlables dans fon fervice.

426. Nos bonnes œuvres appartien- Bonnes nent toutés à Dieu, parce qu' u'elles pro- œuvres cedent de lui & de fa grace, qui triom- dûes à phe de notre infirmité lorfque rele- Dieu.

vant nos œuvres & les rendant toutes divines, il s'honore lui-même en nous par elles. Et ce qui eft admirable, c'eft qu'il le fait en augmentant notre vertu & notre liberté.

427. Il y a cette difference entre les Premier laboureurs & le divin jardinier de nos effet de ames, qu'au lieu que les premiers se la grace;

Second

repofent durant quelque tems après
avoir femé, JESUS-CHRIST qui eft ce
céleste jardinier, n'a pas plûtôt ré-
pandu fa grace dans nos ames, que nous
devons le prier d'achever ce qu'il a
commencé Cela fuffit
pour arrêter les
efforts du diable, qui n'oublie rien
pour empêcher que ces heureufes fe-
mences ne croiffent & ne fructifient.

428. Lefecond effet de la grace dans effet de ces ames infirmes, eft que quand elles. la grace font tombées en des péchés veniels,elle leur pardonne par la vertu de quatre paroles de l'Evangile & de l'Oraison Dominicale. Car elles n'ont pas plûtôt dit, Mon pere, mon pere, qu'il leur donne un témoignage de fa grace & leur fait ainfi connoître par la facilité de ce pardon, de quel pere elles font filles: ce qui fuffit à une ame pour diffiper les plus grands troubles, que les péchés veniels qu'elle commet par infirmité lui peuvent caufer, & lui fait dire du fond de fon cœur avec S. Paul: Je ne fais pas le bien que je veux: mais je fais le mal que je ne veux pas. 429. Le troifiéme effet de la grace me effet dans ces ames infirmes eft de les puride la gra- fier & de les rendre plus fortes après les fautes mêmes où elles tombent.

Troifié

ce.

430. Le

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ce.

43. Le quatriéme effet de la grace Quatriédans les infirmes, eft de faire voir me cffet la difference qu'il y a entre les juftes de la graparfaits & les juftes imparfaits, & celle qui fe rencontre entre tous les juftes & tous les méchans. Dans les juftes parfaits, cette grace produit des effets de trouble, Dieu permettant que leur infirmité les conduife quelquefois jusques fur le bord du précipice, fans néanmoins qu'ils y tombent par le péché mortel: ce qui les purifie des reftes du péché & de l'orgueil où ils pourroient se laiffer aller, fi l'appréhenfion continuelle que cette vûe leur en donne ne les retenoit. Dans les juftes imparfaits cette même grace produit auffi des effets de trouble, à caufe des péchés où ils tombent, qui n'étant que veniels, les rendent plus vigilans & plus humbles,& ainfi les purifie. Quant aux méchans cette grace excite en eux ́un trouble fecret & une horreur de leurs péchés qui les en corrige peu à peu, & leur donne enfin la douleur qu'ils en doivent avoir.

431. Si l'on ne témoigne à Dieu par Grace, un foin continuel de fon falut que l'on eftime fa grace infiniment, comme étant l'infufion de fon faint Esprit &

L

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