eft le rechauffement de la charité que l'on a pour une perfonne à qui Dieu nous unit par cette forte d'affection qui n'eft bien connue que de ceux qui l'aiment véritablement. le Amitié 450. L'Ecriture nous apprend que faint Efprit ayant fait de tous les Chrétiens une même ame, ils doivent avoir les mêmes joyes & les mêmes douleurs. Mais s'il lui plaît, comme il y en a des exemples dans la même Ecriture, de faire de trois ou quatre perfonnes chrétiennes un même cœur & une même ame, il doit alors y avoir dans leurs faintes affections un accroiffement de joye d'autant plus grand, que leur amitié eft plus parfaite que celle des autres Chrétiens. chain. 451. L'une des principales regles de Amour la dévotion eft de ne perdre aucune du prooccafion de fervir Dieu; & étant, commeil eft, invisible à nos yeux & caché à nos ames, nous devons le fervir dans notre prochain en la perfonne duquel il a dit, qu'il recevroit invifiblement les mêmes fervices qu'on lui rendroit à lui-même, fi l'on étoit digne de le voir. 452. On peut se trouver en tel état, Charité. que l'on ne fçauroit, quelque defir que l'on en ait, rendre à JE ́S U S Mérite des ac tions, CHRIST amour pour amour par 453. Quand Dieu veut élever queldes gran- que perfonne à une grande vertu, il commence d'ordinaire après une action de grand mérite qu'elle aura faite, & qui eft comme la base des autres : Au contraire, lorfqu'il veut rabaiffer quelqu'un, il le fait enfuite d'une mauvaife action qui fert comme de fondement à celles dont elle eft fuivie. Grace les incli nations, 454 Durant que l'on eft éloigné de fanctifie Dieu,il ne confidere point l'inclination naturelle l'on a à certaines bonnes que œuvres, & l'averfion à de mauvaises. Mais dès l'inftant que l'on entre dans fa grace, il fanctifie cette inclination & cette averfion, & s'en fert pour l'augmenter; fans néanmoins que la facilité que nous avons à faire ces bonnes œuvres & à fuir les mauvaises, diminue rien de notre mérite. Ainsi, ce qui n'étoit auparavant qu'une vertu payenne ou raisonnable, devient une vertu chrétienne par l'infufion de la charité, qui eft en nous comme une feconde ame toute divine, laquelle transforme en elle celle qui auparavant animoit le corps. 455. Quelque claivoiant que l'on Chatité. foit d'ailleurs, on ne voit guéres tout ce que la charité oblige de faire, fi l'on n'a de l'affection pour cette vertu. 456. L'Evangile nous apprend que Charité. ce n'eft pas pratiquer la charité dans les bons offices que l'on defire de nous lorfqu'on fe contente de ne faire qu'ne partie de ce que l'on juge nécessaire, & que l'on croit pouvoir faire pour en obtenir l'effet. 457. Moins on cherche fon intérêt Charité. dans les œuvres de charité, pour n'y regarder que la gloire de Dieu & l'utilité du prochain, plus on avance par une excellente maniere dans l'amour de Dieu, & plus on s'acquitte de ce que l'on doit à fa justice. 458. Le moyen de s'avancer de plus Charite en plus dans la charité, c'eft de la pratiquer. Charité. Amour 459. La charité comprend toutes les vertus & purifie plus que nulle autre les reftes de nos péchés, comme l'Ecriture nous l'apprend, lorsqu'elle dit : Qu'elle en couvre une grande multitude, & que Dieu parifie les cœurs par la foi qui opere par la charité. 460. Le meilleur moyen de rentrer de Dieu. dans l'innocence du baptême, eft d'aimer autant Dieu que l'on aimoit les créatures. Amour 461. Le culte principal qu'on doit à de Dieu. Dieu, confifte à l'aimer feul de tout Charité. notre cœur fans le partager avec les créatures. Elles ne nous doivent fervir que de degrés pour nous élever vers lui par l'exercice de la charité. 462. La charité a cela de commun avec le facrifice, qu'elle ne doit être déferée qu'à Dieu comme à fa derniere fin. Oraifon. 463. Pour conferver la vie de l'ame, l'oraifon doit être jointe au facrifice de la Meffe & à la charité, puifqu'elle eft le canal qui s'étend depuis la terre jufques au Ciel, pour attirer & faire defcendre dans l'ame cet air celefte, fans lequel elle ne fçauroit vivre. Charité. 464 La charité ne peut être bien pratiquée, frdeux chofes ne s'y ren contrent l'une, de l'exercer auffi-tôt que Dieu en fait naître l'occafion : & l'autre, de fe retirer dans la folitude un inftant après, principalement lorfqu'elle eft éclatante, afin de faire mourir en Dieu ces bonnes œuvres par une humble action de graces; & cela pour trois raifons: La premiere, pour lui rendre ce que nous avons reçû de lui: La feconde, pour éviter cette dangéreufe tentation qui naît de l'excellence des œuvres de la grace: Et la troifiéme, afin de nous unir à Dieu, dans lequel l'ame fe répand en l'oraison avec toutes les graces qu'elle a reçûes & les bonnes œuvres qu'elle a faites, pour tirer de fon affistance de nouvelles forces contre les affoibliffemens dont les effets mêmes de ces bonnes œuvres font une occafion fi nous manquons à nous fervir des remedes que la foi nous ordonne comme des contrepoifons. Le vrai moyen de fe remplir de nouveau des richesses de la grace, eft de s'humilier, & fans cela il est très-difficile de ne pas reculer dans la pratique des bonnes œuvres. 2 465. Il faut, à l'imitation de faint Cacher Paul, croire que le bien que nous fai- nos bonfons, vient de Dieu ; & qu'ainfi que nes œu |