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de fouffrir dans notre propre chair. 542. Il faut être préparé par une grande pureté de cœur, pour parler de ment Dieu à caufe du danger qu'il y a de parler de Dieu. blesser ses verités. Car s'il nous demandera compte de nos moindres paroles inutiles, il veut que nous ménagions encore beaucoup plus les fiennes.

543. Toute la vie chrétienne doit viechréêtre une vie de pénitence, foit que l'on tienne. foit dans l'innocence ou qu'on n'y foit pas; parce que les reftes du peché qui demeurent après le baptême, ne peuvent être ruinés que par les mêmes actions qui ruinent les pechés que l'on a commis en le violant.

544. On ne peut faire de bonnes cu- Grace & vres, que felon la mesure de la

grace

que l'on reçoit de Dieu. Car cette grace eft une borne que l'on ne fçauroit paffer: Et fi l'on n'eft humble & que l'on ne prenne bien fes mesures, on s'éleve quelquefois lorfque l'on croit fe rabaiffer, en s'engageant à des auftérités & à d'autres actions pénibles encore trop difproportionnées à notre foibleffe.

bonnes

œuvres,

545. La charité eft figurée par l'or Charité. dans l'Ecriture fainte: & les autres vertus fans elle ne font point méritoires du Ciel.

Grands.

Oraison.

Amour de Dieu.

Priere &

amour

546. Les Grands font plus les images de Dieu que les petits, en ce qu'ils ont plus de moyen de faire du bien ; & l'on peut dire qu'ils ne font nez que pour exercer la charité.

547. L'oraison a cet avantage fur le jeûne & fur l'aumône, que l'on peut toujours la pratiquer.

548. Dieu n'exauce jamais nos prieres, qu'il n'augmente notre charité & notre amour pour lui.

549. Celui qui prie, ne demande autre chofe, à Dieu, foit qu'il le fçanouveau. che ou qu'il l'ignore, finon de répandre dans fon ame un amour nouveau, qui le lui faffe aimer encore davantage, & de vouloir multiplier fes bonnes œuvres: ce qui ne fe peut que par l'infufion d'un amour nouveau.

Oraison.

Oraison.

Oraison,

550. L'oraison eft le premier acte de notre foi: & l'on peut dire d'elle ce que l'Apôtre dit de la foi; qu'il eft impoffible fans elle d'aller à Dieu.

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551. Tout ce que l'on fait dans une vie chrétienne, & même le manger & le dormir eft oraifon quand on le fait avec fimplicité, felon l'ordre qui nous eft prefcrit, fans y rien ajoûter ni diminuer par notre choix.

SS2. Lorfque nous fommes feuls

devant Dieu & à genoux pour le prier, la feule prefence de notre tefprit devant le fien forme l'oraifon, encore que nous n'ayons point de bonnes per fées, & que nous ne nous appercevions pas même d'avoir de bons fentimens. Il faut feulement, fans faire aucun violent effort, demeurer en cet état & tâcher d'exciter dans notre cœur des mouvemens d'amour & une attention de toute notre ame, fans nous diftraire

volontairement. Car Dieu aime autant l'humble fouffrance de la peine que nous donnent les pensées vaines & involontaires que les meilleures que nous pourrions avoir; & l'une des plus excellentes oraifons eft le defir qui procede de notre amour pour lui, joint à cette fouffrance des chofes qui nous déplaisent.

553. 11 n'y a point de plus grande Simplimarque de notre amour pour Dieu & cité dans de cette fimplicité qu'il nous a tant rela priere. commandée, que de n'ofer le preffer de nous donner ce que nous lui demandons, fi ce n'est la grace. Rien ne lui eft plus agréable qu'une ame fi fimple, fi humble & fi foumise à la vo-lonté ; de même que nous fommes ravis de voir un pauvre nous demander

Oraifon.

Oraison.

fans fe troubler de notré refus, quelque long-tems qu'il demeure devant nous, & fans nous regarder que les yeux baiffez & avec autant de modeftic que de patience. On peut dire de la fimplicité d'une ame qui prie de la for qu'à caufe que fon ceil eft fimple, corps eft lumineux, c'est-àdire , que toutes les bonnes œuvres qu'elle fera le long du jour enfuite d'une telle oraison, feront agréables à Dieu.

te,

tout fon

554. La lumiere divine étant invifible & infenfible, il arrive fouvent que quand nous penfons avoir la lumiere de la grace, nous ne l'avons pas ; & que lorfque nous ne penfons pas l'avoir, nous l'avons. Ainfi on se met inutilement en peine de chercher des lumieres dans l'oraifon.

555. David, de qui toute l'Eglife a appris à prier Dieu. dit: J'ai ouvert ma bouche (c'est-à-dire le vafe de mon cœur dans la priere) 5 j'ai attiré fon efprit.

Voiles de 556. Il n'y a que les véritables Chréla foi & tiens qui vivent par la foi ; & la foi Oraifon. laiffe l'ame dans des obfcurités & des féchereffes. L'efprit de Dieu prend alors plaifir de defcendre dans ces ames

qui font fes temples vivans comme il defcendoit dans le tabernacle de Moyfe fous ces deux fortes de voiles, dont l'un le couvre dans notre entendement, & l'autre dans notre volonté, ces deux plus nobles de nos puiflances. Il y imprime feulement un faint respect que l'ame lui rend nonobftant ces obfcuritez ces féchereffes, & le peu d'affurance qu'elle a qu'il a daigné defcendre en elle.

557. Il eft de l'efprit de Dieu, que Oraifon. nous demandons par l'oraison comme

du

corps de fon Fils que le Prêtre produit par la confécration. L'un & l'autre nous eft néceffaire, & nous a été promis par JESUS CHRIST pour la nourriture de nos ames. Cependant ni le Prêtre, ni nous quand nous communions, n'en avons d'ordinaire aucun goût, ni aucun fentiment; mais nous ne laiffons pas d'être affurez la foi, qu'il nourrit nos ames, & produit en elles des effets de lumiere & de force parmi ces ténébres & fes féchereffes.

par

558. La principale de toutes les orai- Oraifon, fons & le modelle des autres est celle du prêtre lorfqu'il offre le facrifice de la meffe & change le pain materiel de

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