Ne cher la terre au corps glorieux de JESUSCHRIST, & en la viande des Anges & de Dieu même,qui ne peut avoir d'autre vie & d'autre nourriture, s'il en a, que fa propre fubftance dont il nous nourrit dans l'Eglife de la terre fous les voiles du pain, & parmi ces obscuritez & ces féchereffes qui l'accompagnent, en attendant qu'il nous nourriffe dans l'Eglife du Ciel de sa même fubftance & de fa même divinité, mais -dévoilées. 559. Il y a des perfonnes fort unies cher de à Dieu, qui l'ont prié durant plufieurs confola- années fans recevoir de lui aucune contionsfen- folation fenfible, & qui n'ont pas laissé de demeurer invincibles dans les plus grandes tentations & inébranlables. dans fon amour, s'eftimant heureufes de ne rien recevoir de fenfible de fa fibies. grace, & d'endu rer pour lui toutes fortes de peines & de travaux. Oraifon 560. La veritable oraifon n'eft pas verita dans la partie inferieure où font ces ble. Oraifon. émotions fenfibles, mais dans la partie fuperieure de l'ame où regne la foi qui regarde inceffamment Dieu fans rien attendre de lui, finon d'agréer qu'elle le regarde. 561. Il ne faut point s'arrêter aux chofes qui peuvent nous détourner de 562. La charité eft la feule vertu Charité. qui n'a point de bornes. 563. Les faveurs de la premiere al- Differenliance que Dieu a faite avec les hom- ce des mes, étoient les biens de ce monde. Juifs & Ainfi c'est être Juif que de défirer feu- desChrélement les richeffes, les honneurs, les tiens. plaisirs, & la fanté. Mais c'eft être un veritable Chrétien que d'être prêt de fouffrir avec patience la pauvreté, le mépris, & les douleurs. Et quelle apparence y a-t-il de vouloir être plus favorablement traitez que ne l'a été ici-bas celui dont nous portons le nom en qualité de ses Religieux ? 564. Les vœux du baptême étant Vœuxda comme une profeffion que nous avons baptéfaite à la face de toute l'Eglife, il faut me. bien prendre garde à ne vivre pas comme des Religieux déreglez. tences. 565. Encore que l'on dife d'ordinai- Prifons re qu'il n'y a point de belles prifons il & péniy a un moyen de les rendre belles, qui eft de les convertir en des pénitences en les recevant comme venant de Trois des mé la main de Dieu. Et l'on peut fe fervir du même moyen pour rendre les pénitences agréables. 566. Il y a trois peines très-grandes peines dont l'Ecriture nous apprend que Dieu punit en ce monde les méchans. La chans. premiere de lâcher la bride à leurs défirs. La feconde, de faire réuffer tout ce qu'ils fouhaitent: Et la troifiéme, de les en laiffer joüir long-tems en repos. Regle de $67. Plufieurs croyent fervir Dieu l'Evan- en leur condition qui s'en trouveront bien éloignez fi on compare leur vic aux regles divines de l'Evangile. gile. Charité $68. JESUS-CHRIST n'a pas moins &vérité, réduit en abregé les operations de la charité que les paroles de la vérité. 569. Il y a un repos qui eft auffi agréable à Dieu que les actions, comme il y a un filence qui lui plaît autant que les difcours. Repos. L'hom de cor ruption. 570. Les philofophes payens ont meeft un bien connu que l'homme eft l'abregé monde du monde. Mais ils ont ignoré que chaque homme eft un monde de corruption; & que tout ce qu'il y a d'impur dans les créatures vient de l'impureté renfermée dans chacun de nous. 571. L'oraifon & le facrifice de la & Meffe, meffe ont cela de commun, qu'on les Oraifon offre à Dieu le Pere: ce qui a fait dire à l'un des plus grands Saints de l'Eglife, que lorfque l'on prie foit en public ou en particulier, il faut s'élever en efprit dans le Ciel & parler à Dieu qui y eft affis fur le trône de fa gloire. C'eft auffi à quoi le prêtre qui facrifie exhorte tous les affiftans, en difant à haute voix: Elevez vos cœurs à Dieu. Obéif $72. L'obéiffance eft tellement enfermée dans la foi que l'on ne peut fance. conferver la foi fi l'on n'obéit non feulement à tous les fuperieurs établis de Dieu, mais à toute humaine créature, comme l'a dit l'Apôtre S. Pierre. 573. Quand les hommes ceffent par Tradileur relâchement de faire les actions tion. faintes marquées par la tradition de l'Eglife, non feulement ils oublient cette tradition, mais ils en contestent peu à peu la vérité, & veulent même quelquefois fubftituer une autre tradition en la place de la premiere. Ce qui oblige l'Eglise à travailler de tems en tems dans les conciles, comme elle a fait en celui de Trente à la réformation des mœurs, rétablissement de la difcipline. & au 574. Un veritable pénitent doit en Pénitenquelque état que Dieu le mette, être œ. durant tout le cours de fa vie dans la même joye que les Anges ont euë pour Ce que le lui au jour de fa converfion. Ciel & 575. Le Ciel & l'Eglife compofent P'Eglife enfemble felon l'Evangile un même font con- feftin, un même Royaume, & une jointe- même focieté de fidéles. ment. Confef fion. Impéni tence. Profon Famc. 576 Comme le diable eft plein de l'orgueil qui l'a empêché d'avouer fon crime, il ne peut fouffrir que les hommes déclarent les leurs à un prêtre qui étant quelquefois plus grand pécheur qu'eux, ne laiffe pas dans le tribunal de la confeffion de representer JESUSCHRIST, lors qu'en fon dernier avenement il jugera les vivans & les morts. 577. L'impénitence qui fe rencontre avec la fin de la vie eft le feul péché irremiffible. L'Eglife pardonne tous les autres quelque grands qu'ils foient, pourvû qu'on les confefse à Dieu en la perfonne du prêtre avec un efprit de foûmiffion & de pénitence. 578. Si les plus habiles philofophes deur de ont peine à rendre raison des troubles qui fe forment dans l'air, & ne s'accordent pas en ce qu'ils en difent: comment pourrions - nous la rendre de ceux de notre ame dont la pro |