de David: J'enseignerai vos voyes aux méchans, & ils fe convertiront. Rien ne leur peut être plus avantageux pour fatisfaire à Dieu. Trois moyens 620. Il y a trois moyens d'édifier le prochain: Le premier, bien traiter au d'édifier moins en paroles ceux qui nous veu- le prolent du mal: & toutes fortes de mé- chain, chans: Le fecond, ne porter jugement de perfonne quelque apparence de mal qu'il y ait; & alors même fe retenir beaucoup & en couvrir une partie par un filence modefte ou par une excufe favorable. Et le troifiéme, ne parler jamais de foi-même en bien ou en mal, fi ce n'eft à quelqu'un à qui l'on puiffe découvrir fans crainte le fond de fon cœur. Ces trois chofes produisent la réputation, & la créance néceffaires pour édifier & gagner le prochain. 621. On ne fçauroit trop admirer Ce que la ces paroles d'un Apôtre : Que la lan- languee gue eft à notre ame ce que le gouvernail à notre eft au saiffeau, la bride au cheval, & une étincelle à un grand embrasement. ame. une des 622. La corruption de la concupif- La lancence qui eft comme le levain du dia- gue eft ble, vient de deux fources principa- fources les, dont la langue eft peut être la pre- de la con miere. supifcen véritable La chari 623. La véritable pieté n'eft autre té eft la chofe que la charité, dont JESUSCHRIST dit: Qu'elle contient les chofes les plus importantes de la loy. Et en un autre lieu: Qu'elle eft l'abregé 5 la plenitude de la loi. pieté. *Aufteri tuelles. 624. Quand les perfonnes qui se tés fpiri- font converties à Dieu, ne se trouvent pas capables de faire des aufterités corporelles, elles doivent les changer en des aufterités fpirituelles, qui se trouvent dans la charité qu'il faut pratiquer envers foi-même, envers fes enfans, envers fes domeftiques, & envers le prochain: En quoi l'on rencontreroit beaucoup plus de peine que dans les aufterités corporelles, fi la charité n'étoit un feu qui confume tout, & qui convertit en plaifirs les plus grands travaux, parce que rien ne paroît difficile à celui qui aime. La chari té ne da tc ja mais. 2 625. La charité a de la complaifance pour les vieux & pour les jeunes, pour les bons & pour les méchans pour les fages & pour les foux, & généralement pour tout le monde. Mais elle n'a jamais de flaterie ni pour les La charie autres ni pour elle-même. ré em braffe tout. 626. La charité jeûne quand elle le peut & autant qu'elle le peut: Elle con duit à l'Eglife & s'occupe à toutes les œuvres exterieures dont elle eft capable: Elle vole en quelque forte par la campagne comme Elie, pour aller trouver Dieu jufques fur le mont Oreb: & s'il lui donne comme à ce Prophete un chariot de feu, elle va à travers les airs vivre avec lui dans quelqu'une de ces folitudes proches du Ciel, & incon nuës aux hommes où l'emporte l'impetuofité de ce vent celefte qui fouffle quand il lui plaît, & où il lui plaît. 627. Si une viande folide ne profite Commus qu'à proportion de la force de celui nion. qui s'en nourrit, on peut juger de la difpofition où l'on doit être, pour recevoir dignement le corps de JESUS CHRIST. 628. La priere du cœur doit être Priere commune à tous & ne ceffer jamais, felon l'Ecriture. 629. Nous devons fouffrir avec pa- Devoirs tience ce qui nous arrive, tolerer les d'un défauts d'autrui, fupporter les nôtres chrétient propres, les avouer à Dieu dans un fecret gémiffement, n'ufer jamais de paroles aigres, & ne fe point laiffer aller au murmure. 630. Si pour fuir les occafions d'of- Solitu fenfer Dieu & nous fortifier dans no.de. Оссира tre foibleffe, nous nous féparons du commerce du monde & nous retirons de tems en tems dans la folitude, il n'eft pas croyable combien nous engageons Dieu à nous affifter & à nous enrichir de diverfes graces. 631. On ne fera autre chose dans le tion dans Ciel durant toute l'éternité qu'adorer Péterni- Dieu en l'aimant, & l'aimer en l'adoté. La mer rant. 632. La mer eft une excellente fieft une gure de la plénitude de Dieu & de figure de celle des Bienheureux. Car de même Dieu & que les fleuves rentrent tous dans la les corps, ames, & les bonnes œuvres des Juftes rentrent en Dieu, pour y vivre dans fon repos éternel. des Prifon. Vie du les 633. L'Ecriture fainte nomme la prifon un fepulchre. 634. La vie du monde eft pleine de monde pieges.; d'écueils, & de précipices: & nulle corruption n'eft plus contagieu té de fe. Difficul- 635. Comme l'imitation de la vie de JESUS-CHRIST à laquelle notre fafefauver, lut eft attaché, oblige d'être humble dans les honneurs, pauvre dans les richeffes, temperant dans les plaifirs, & chafte même dans le mariage; la diffi culté culté d'allier des chofes qui paroiffent fi contraires, fait qu'il eft très-difficile de fe fauver, particulierement pour les Grands; parce que ces empêche- Grands mens qui fe rencontrent féparés dans les autres conditions, fe trouvent raffemblés en eux, & y causent même après le baptême, comme un fecond péché originel. 636. Lorfque les avantages de la for- Voye tune fe joignent à ceux de la grandeur large. de la naifance, ils élargiffent encore Grands. cette voye que l'Evangile dit qui conduit à un malheur éternel. 637. Ce que l'Ecriture nomme le SaintEf doigt de Dieu, n'eft autre chofe que le pric. faint Efprit qui grave dans nos cœurs ce qu'il lui plaît. du bien. 638. Rien n'eft plus contraire au fa- Amour lut que l'amour des richeffes, parce qu'à mesure qu'elles augmentent, l'amour des plaifirs & le défir des honneurs croiffent aussi. 639. La véritable pauvreté d'efprit Pauvreté confifte à aimer autant la pauvreté, d'esprit. que les autres aiment les richeffes. 640. JESUS-CHRIST dit, que Richefl'argent eft tout enfemble le feigneur fes, du monde & le plus grand ennemi de Dieu. Lui feul pouvoit parler ainfi des Q |