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Exerci

cens.

paffer d'un genre de vie à un autre, ni du fiecle à la Religion & à la retraite, bien qu'elle foit un port contre les écueils du monde. Car pour faire des changemens agreables à Dieu, c'est lui qui doit nous y porter: Et pour meriter cette faveur, il faut beaucoup le prier.

que

71. Ceux qui font profeffion des ar ces inno- mes peuvent, pour éviter ifiveté s'occuper à des exercices innocens, & Chaffe, que la bonté de l'intention rende bons, tels qu'eft la chaffe, quand on n'y a pour fin d'exercer fon corps, & l'endurcir aux fatigues & aux travaux de la guerre, ainfi que faifoit David en fa jeuneffe, parce que l'oifiveté donne entrée au démon dans le cœur de ceux même qui embraffent la vertu. Mais parmi ces exercices il faut avoir deffein de bien vivre; n'aimer dans fon cœur que Dieu, & fe garder, comme dit l'Apôtre, de fe corrompre dans la coverfation des hommes du monde, & dans l'ufage des chofes du fiecle, afin d'acquerir cette pureté de confcience fans laquelle il n'y a point

Inten

tion.

de dévotion.

72. La bonne intention fanctifie les chofes même indifferentes.

que

Nourri

l'ame.

73. L'ame n'a pas moins befoin le corps d'une nourriture continuelle ture de pour pouvoir fubfifter dans fes exercices: & Dieu feul la lui peut donner. 74. Soit que l'on pense ou que l'on parle à Dieu, que l'on agiffe ou que T'on fouffre pour lui, tout eft priere quand on n'a pour objet que fon amour & le deffein de lui plaire.

Priere.

75. Les plaifirs que l'on prend en ce Salut. monde en paffant par tous les âges, ne laiffent que du repentir, fi l'on n'y travaille pour fon falut en fe rendant agreable à Dieu.

76. Comme une grande partie de verita ceux qui nous paroiffent vivans, font ble vie. veritablement morts aux yeux de Dieu qui ne juge des chofes que felon ce qu'elles font en effet, il y en a au-contraire qui nous paroiffant morts, parce qu'ils ceffent de vivre ici-bas, font veritablement vivans dans un autre monde.

77. Les larmes que l'on répand dans Larmesi la perte de fes amis, fervent de confolation aux vivans & de facrifice aux morts qui en reçoivent du foulagement, quand la charité les offre à Dieu fans excès pour l'expiation de Jeurs péchez.

Pleurs

morts.

78. Il n'y a pas tant de fujet de pleu

pour les rer la plupart des hommes après leur mort que durant leur vie, parce que notre charité pour eux doit nous donner une douleur continuelle de les voir vivre comme ils font.

Com

79. JESUS-CHRIST a tant eftimé la paffion. playe que la charité fait dans notre cœur, par notre compaffion des miferes de notre prochain, qui court avec plaifir à fa perte, qu'il en a fait l'une des huit Beatitudes qui nous conduit par nos larmes à la felicité du ciel.

Bonnes

8o. Les bonnes œuvres que l'on fait œuvres. pour le prochain, ne produifent jamais pour un feul effet, lorfqu'elles font parfaites. Ainfi quoique l'on n'ait autre intention que de faire du bien à autrui, Dieu qui multiplie les fruits de la charité fait que celui qui les répand, auffi-bien que celui pour qui ils font répandus, y participe.

Juftice

81. Il eft impoffible d'aller à Dieu de Dieu. fans fatisfaire fa juftice ou par des actions ou par des fouffrances après l'avoir offenfé depuis le Baptême.

Silence 82. Le filence de l'efprit qui retrande l'ef- che toutes les penfées & les paroles que prit dans l'affliction que nous avons de la mort J'affictio. des perfonnes qui nous font les plus

proches

proches & les plus cheres nous peut fournir, eft la plus parfaite foumission que l'on fçauroit rendre à l'empire que Dieu s'eft refervé fur les vivans & fur les morts. Et la plus grande dévotion que l'on puiffe pratiquer en ces rencontres,eft d'effacer autant que nous le pouvons de notre efprit les images qui nous inquietent & nous affligent, afin que Dieu feul rempliffe notre cœur & demeure pour jamais l'objet & le maître de nos paffions & de nos penfées. 83. Nous devons confiderer dans la Confimort des perfonnes que nous aimions deration le plus, & même de celles de qui nous tenons la vie, que tous les noms de mort de tendreffe & de refpect qui procedent de la chair & du fang, fe perdent au moment de leur féparation d'avec nous pour retourner à Dieu comme à leur principe, afin que le ruiffeau ne coulant plus, nous recourions à la fource; que ceffant de les voir, nous recherchions celui dont ils n'étoient que l'image, & qu'ainfi nous n'ayons plus qu'un pere dans le ciel à qui nous demandions fans ceffe l'heritage éternel, & le pain de vie.

fur la

fes amis.

Mépris 84. L'experience continuelle que du mon nous avons qu'il n'y a point dans le de.

C

Villes & cours des

que

monde de créatures, ni d'ouvrages
des hommes qui ne déperiflent peu à
peu,
doit nous faire mepriser toutes
ces beautés apparentes, dont les illu-
fions trompent nos yeux pour n'aimer
celles que nous ne voyons point,
& qui furpaffent de telle forte tout ce
que nous pouvons nous en imaginer,
qu'il faudra que Dieu nous change
jufques à nous faire semblables à lui-
même pour nous rendre capables de
comprendre la grandeur des biens
qu'il nous a promis. Car il y a cette
difference entre lui & nous, qu'il a
fallu qu'il fe foit rendu femblable à
nous en la terre, pour nous pouvoir
rendre un jour semblables à lui dans
le ciel; au lieu qu'il faudra qu'il nous
rende alors femblables à lui pour nous
rendre capables de fes communica-
tions éternelles, & nous faire jouir
dans notre corps & dans notre ame de
fes biens divins & ineffables

85. Les grandes villes & le grand Princes. monde font les écueils des Chretiens. Sépara 86. Quand nous ferons par la mort tion du féparés des créatures, le premier regret que nous aurons, fera de ne nous en être pas feparés nous mêmes avance, pour meriter par notre con

monde.

par

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