Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Confef

fion.

qui fatisfaffe davantage la juftice de
Dieu, que cette foumiffion accompa-
gnée de l'humilité & du filence de
l'enfance chrétienne, qui fait
que
l'on
fe rend à la voix d'un homme mortel
& environné d'infirmité, comme à
celle de Dieu même, & c'eft la meil-
leure marque d'une ame prédestinée.

144. On peut dire après un faint Pere, qu'une humble & fidelle confeffion génerale, accompagnée des larmes des yeux ou du cœur par la componction qui la précéde,& par la grace qui la fuit, lave tous les péchés & tient beaucoup du premier baptême. Les combats qui fe paffent dans une ame avant que de fe pouvoir réfoudre à faire une action fi humiliante, eft ce qui la rend de plus grand merite. 145. JESUS-CHRIST a voulu pour dej. C. nous abfoudre de nos pechés, s'en charger lui-même. Il en a fait une pénitence publique par fa paffion fi cruelle & fi honteufe, & il s'eft rendu pour l'amour de nous, miferable & fujet à la mort, afin de nous délivrer de notre double mifere, & de notre double

Paffion

Grace.

mort.

146. Les plus juftes mêmes, reconnoiffent qu'ils ont en eux une fource

de corruption, & admirent la grace
que
Dieu leur fait de les préferver de
tant de péchés, dont ils fentent &
portent dans leur cœur les mouve-
mens auffi-bien
que les plus méchans
qui les commettent ; & ils recon-
noiffent avec une profonde humilité
qu'ils ne font differens des plus grands
pécheurs, que par le fecours d'une
main invifible qui les foutient & qui
les empêche d'y tomber.

Recom

noiffancer

147. Si quelqu'un a été fi heureux, particulierement dans une grande jeu- des gra neffe, favorisée de tout ce qui peut ces de porter au péché; que de s'abftenir de Dieu ceux qui bleffent prefqu'autant l'orgueil des fens fi fiers & fi fuperbes des hommes, que la fainteté de l'efprit de Dieu, il ne doit pas s'en eftimer davantage; mais le remercier de ce qu'il lui a plû de faire voir en lui la toutepuiffance de fa grace, plûtôt que dans ceux qu'il abandonne à leur propre infirmité & aux paffions déreglées de la jeunesse.

148. Lemal que l'on commeten taifant Confel quelques péchés dans la confeffion par fion. la honte de les déclarer, eft fi grand, qu'il rend l'homme plus coupable devant Dieu qu'il ne l'eft par fes pechés

Confef

fion.

ce.

qu'il cache, quelque grands qu'ils foient.

149. La confeffion eft le premier témoignage public que le pécheur rend, que fon cœur eft humilié & abbatu par la puiffance de la grace. Car les mouvemens qui précedent, font fecrets & connus feulement de Dieu & de celui en qui il les opere: au lieu que le défir de les aller expofer à un Prêtre, eft une marque vifible qu'ils procedent du faint Efprit.

Péniten- 150. La pénitence ne doit pas paffer. pour une peine, lorfqu'on la fait avec cet efprit de charité que le Fils de Dieu demande, puifque l'on peut dire avec vérité que l'amour fait que fon joug n'a rien de pénible & de fâcheux.

Playe

ché.

[ocr errors]

151. Pour trouver étrange qu'il naifdu pé- fe de fi grands monftres de la petitesse du cœur humain il faut ignorer quelle a été la playe que le péché du premier homme a faite à fa pofterité, la corruption de toute la nature, la haine que le diable porte aux enfans de Dieu, la fuite des pechés qui naiffent de la perte de l'innocence, l'exemple d'un fiecle corrompu dans toutes les profeffions, & les funeftes ren

contres où la jeuneffe fe trouve engagée, plus encore dans les perfonnes de qualité que dans les autres.

152. Comme Dieu ne fait rien que Confefdans une fimetrie & une proportion ad- fion. mirable qui fait éclater la fageffe & fa justice, il a voulu pour punir l'homme de ce qu'en l'offenfant il avoit ofé entreprendre de s'élever par-deffus lui qu'il fût foumis à un homme semblable à lui, & fouvent moindre que lui comme s'il étoit fon Dieu, de même que Moïfe eft nommé le Dieu de Phaafin d'obtenir de lui le pardon de fes pechés, en la même forte qu'il l'obtiendroit de Dieu même s'il parloit à lui, ainfi que la Magdelaine profternée aux pieds de JESUS-CHRIST l'obtint de lui fans l'interpofition d'aucune créature.

raon,

[ocr errors]

153. Si Dieu avoit voulu que ce fût Confesà un Ange que l'on confeffât fes pé- sion. chés, & non pas à un homme mortel formé de la même masse corrompue, dont nous avons été tirés, nous aurions quelque raison d'avoir honte de les lui déclarer. Et ainfi c'est par un effet extraordinaire de fa fageffe & de fa bonté, qu'il nous oblige de les confeffer à un homme qui gémit lui

Pechés

fpiri

tuels.

même fous le poids des fiens, & qui doit par confequent compatir à ceux des autres: C'eft-pourquoi il a permis que les deux plus grands de tous les Apôtres, ayent commis deux des plus grands pechés, l'un en renonçant JESUS-CHRIST, & l'autre en le perfecutant & fon Eglife.

154. Comme une feule ame furpaffe en excellence tous les

corps, quelque beaux qu'ils foient, ainfi un seul péché fpirituel furmonte fouvent en malice une multitude de péchés corporels: Et ces péchés fpirituels font d'autant plus dangereux, qu'au lieu que les corporels finiffent d'ordinaire ou avec l'âge, ou avec les biens, ou avec les occafions qui y donnent fujet, ou par les dégoûts & les amertumes qui les accompagnent, ou par les malheurs qui en procedent; il n'y a point au-contraire de fécondité pareille à celle des péchés de l'efprit. Conver. 155. Lorfque les plus grands pecheurs fe convertiffent, Dieu ne se fouvient plus de leur vie paffée, ni du grand nombre de leurs crimes. On voit en eux l'accompliffement de ces paroles de JESUS-CHRIST: Qu'il n'eft pas venu pour les fuftes, mais pour les

fion.

« AnteriorContinuar »