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ftie & une fi grande retenue, que fi leurs paroles & leurs entretiens font les mêmes qu'auparavant dans les chofes indifferentes, ce ne foit que par condefcendance à ce qu'elles ne fçauroient éviter, en forte que Dieu voye dans ces contraintes civiles que leur ceeur n'y eft pas, mais qu'il repofe où eft leur tréfor. C'eft ce qui s'appelle une espece de diffimulation toute fainte.

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19. Chacun a fon don de Dieu fe- Mortifi lon Saint Paul, & il ne faut pas le cations. loir fervir dans le don d'un autre en laiffant le fien. Celui qui ne peut jeû ner, fe peut feparer: celui qui ne fe peut feparer, fe peur mortifier ; & celui qui ne peut mortifier fon corps, peut mortifier fon efprit, & faire au milieu d'une compagnie, plufieurs fignes fecrets à Dieu pour lui plaire dans l'amour extrême qu'il lui porte, comme dans l'amour des créatures, felon la comparaifon ordinaire de faint Auguftin, on en fçait faire en tant de manieres differentes.

20. Les plus grandes mortifications Mortif font les mauvais traitemens, les dé- cations. plaifirs, & les pertes qui nous arrivent. Il faut les fouffrir humblement

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comme étant les plus fenfibles de toutes les pénitences, à caufe que nous n'y avons point de part, ainfi qu'aux autres que nous choififfons nous mêmes & que nous aimons, parce qu'en les faifant, nous faifons notre volonté, qui eft dans ceux qui commencent, prefque toûjours infeparable de l'amour propre, qu'on peut nommer la plus grande pefte de la dévotion: au lieu que les mortifications qui ne viennent pas de nous, font des pénitences de l'amour & de la charité de Dieu qu'il nous impose en fe cachant. Car il eft très-important pour notre bien, que nous croyions fans le voir que c'eft lui qui nous afflige. Men fils, dit le Sage, quand vous entrerez dans te fervice de Dieu, préparez-vous à la tentation à l'affliction.

21. Le premier fruit de la pénitence eft l'aumône : & il n'y a point de meilleur moyen d'obtenir mifericorde de Dieu, que de la faire à Dieu même en la perfonne des pauvres.

22. Il faut prier les Saints, afin qu'ils nous regardent du ciel & qu'ils intercedent pour nous. Car ce n'eft pas humilité de vouloir obtenir du Roi des graces extraordinaires par foi-même,

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aprês l'avoir long-tems offenfé; mais on doit s'adreffer à ceux de fa cour qu'on fait lui être agreables par les grands fervices qu'ils lui ont rendus.

23. Malheur à ceux qui cherchent Pratides interpretations pour obfcurcir l'E- quer l'Evangile, & fe rendre la voye du falut vangile. plus large qu'elle n'eft. Car on ne fçauroit changer cette parole de JESUSCHRIST qui oblige tous les baptilez. Je vous ai donné l'exemple afin que vous falfiez comme j'ai fait : Ni cette autre: Ce que je vous dis, mes Difciples, je le dis à tous.

24. Ceux qui aiment Dieu verita- Amour blement, agiffent comme ceux qui ai- de Dieu. ment le monde, fans autre difference, que de l'objet de leurs paffions & de leurs actions. Ainfi comme une feule parole des perfonnes qu'ils aiment leur fert quelquefois d'entretien durant tout un jour, une ame qui aime Dieu, peut fe nourrir long-tems d'un feul mot qui lui aura été dit dans l'efprit de Dieu.

25. Une perfonne qui veut fe don- Befoin. ner entierement à Dieu, a besoin d'un d'un Dibon Directeur, fans le confeil duquel recteur. elle ne fasse rien. Nul n'ignore quel

il doit être felon l'Evangile : & s'il eft

Elús.

Verités.

Fautes.

tel, il la conduira ainfi que Dieu conduit chaque Elû en ce monde, comme s'il n'avoit à conduire que lui feul. Il faut le demander inftamment à Dieu, puifque c'est le fondement dè l'édifice que l'on veut bâtir.

26. Dieu a des Elûs en tous Lieux de toutes conditions, & les appelle à toute heure, comme l'Evangile nous l'apprend, par la parabole de celui qui fut appellé à la derniere heure du jour.

27. Lorfque l'on veut fe donner à Dieu, il ne faut pas dans les commencemens trop défirer qu'on nous faffe de longs difcours de pieté, ni de fçavoir les fublimes verités du Christianifme, parce que ce n'eft pas alors le tems de la grande connoiffance, mais des bonnes œuvres & des fouffrances. Car il n'y a rien qui abuse tant ceux qui reviennent du monde à Dieu, que l'éclat des verités qui brillent & plaifent à leurs efprits encore foibles, & qui attachent les fens à la beauté de leurs objets. Il fuffit d'apprendre ce que l'on doit faire, & de l'executer; & au lieu de multiplier les connoiffances, multiplier les bonnes œuvres.

28. Les fautes donnent, felon S.

Augustin, une nouvelle force à ceux qui aiment Dieu veritablement, parce qu'elles les humilient & les rendent plus vigilans.

29. Ne fe pas connoître foi-même, Orgueil. c'eft orgueil : & après avoir connu fa

mifere >

fa con- Défef

ne pas connoître l'infinie bonté de Dieu & n'y mettre pas fiance, c'eft défefpoir.

poir.

30. Il faut fupporter non-feulement Souffrir avec patience, mais avec joye la perte avec joye des biens, la privation des plaifirs, & la fouffrance des maux de la terre, puifque JESUS-CHRIST nous a appris par fon exemple, qu'il n'y a point d'autre voye pour acquerir la gloire du ciel, en comparaifon de laquelle tout le refte n'est digne que de mépris.

31. Les ames font des chofes fi gran- Ange des & précieufes, qu'ayant befoin fe- Gardien. lon la fageffe divine, d'un gardien invifible & d'un conducteur visible, elles ne peuvent avoir ni un Ange pour les garder,ni un homme pour les conduire, que ceux que Dieu même leur donne.

32. Comme l'Apôtre dit que la foi, Voca la mifericorde, & le martyre ne font tion, rien fans la charité, on peut dire que la charité, même de ceux qui affiftent

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