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L'hom

veau.

frances, eft d'être bien-aifes qu'elles durent autant de tems qu'il plaira à Dieu.

331. L'Homme nouveau qui a comne nou- mencé dans le baptême, a cet avanțage fur le vieil homme, & la pureté de la grace fur la corruption du péché, qu'ils mefurent leur durée comme Dieu-même par l'éternité.

Oraifon.

Charité.

Oraifon

332. Dieu n'a rien agréable de ce que le corps fouffre s'il n'est un effet de fa grace. Pour l'obtenir, il fauc prendre plaifir à s'entretenir fouvent avec lui par de vives affections qui n'ayent rien de contraint ni de trop fenfible. Car les efforts d'efprit dans la priere, les fenfibilités & les douceurs que nous y cherchons, font plûtôt des marques de notre amour propre que de celui que nous portons à Dieu.

333. Il faut tâcher d'avoir autant de charité que de foi, puifque pour être parfaitement chrétien, l'une doit être auffi catholique & auffi univerfelle que l'autre.

334. Comme il y a des chofes que Dieu veut, & que nous ne voulons pas: y en a que nous voulons & qu'il ne veut point: Ainfi il faut beaucoup le

il

prier, puifque lui feul donne la volonté & l'effet, comme parle l'Apôtre.

335. Dieu ne veut pas les plus grands Suivre biens en tous les tems & par toutes Dieu. fortes de perfonnes. Sa conduite eft impenetrable, & fes jugemens fi terribles, qu'il n'eft pas étrange que Job ait dit: Qu'il les portoit comme des flots élevés fur fon cœur, & qu'il avoit befoin de fa protection contre lui-même. Sa grandeur doit nous épouvanter auffi bien que ce grand Saint. Et l'idée de la magnificence de la fainteté de fa gloire, comme parle David, fait que nous ne devons pas nous étonner des expreffions de ce Patriarche. Les Saints qui ont le plus connu cette ineffable grandeur, font ceux qui l'ont le plus redoutée. Elle doit nous faire operer notre falut avec crainte & tremblement, nous défier de nous-mêmes dans nos meilleures entreprises, & particulierement dans celles qui regardent le fervice de l'Eglife, parce qu'elles demandent une plus grande pureté

de cœur.

les ames.

336. Comme les peintres choififfent Dieu & préparent le fond fur lequel ils veu- prépare lent faire leurs plus beaux ouvrages, Dieu prépare le fond des ames pour

1

Suivre

Dicu.

Mémoi

re.

Dollleurs.

Douleur.

qui il a de grands deffeins, ce qui a fait dire à S. Paul, qu'il l'avoit préparé & féparé des autres dès le moment de fa conception.

337. Il faut beaucoup prier Dieu avant que de rien entreprendre, quoique l'on ait de tels mouvemens de charité qu'il n'y ait point de pauvre que l'on ne voulût enrichir, point de malade que l'on ne voulût guérir, & point d'affligé que l'on ne voulût fecourir aux dépens même de fa vie, parce que l'experience nous apprend, que pour faire du bien il ne fuffit pas d'avoir la charité, & que Dieu donne quelquefois cette bonne volonté fans en donner l'effet.

338. Une affection ardente & fincere, & une habitude de charité font plus capable de faire redire les mêmes chofes, que la mémoire qui eft d'ordinaire foible & paffagere.

339. Les grandes douleurs font comme les grandes dévotions qui paroiffent fouvent avec moins de paroles & d'effets exterieurs.

340. Le plus grand effet de notre charité dans la féparation de ceux que nous aimons faintement, eft la dou leur. Et la fainte Vierge même n'en

fut pas exempte lorfqu'elle perdit fon pour trois jours.

fils

mis.

a

341. L'imitation de la vertu de ceux Mort de dont nous regrettons la mort, eft le fa- nos crifice le plus agréable que nous puisfions offrir à Dieu pour le repos de leurs ames. Et plus nous les aimions plus nous y fommes obligés, puifque c'eft dans l'affliction que Dieu nous accorde le plus de graces.

mis.

342. La foi nous apprenant que l'E- Mort de glife du Ciel & celle de la terre ne font nos aqu'un même corps, les juftes ne perdent rien en effet, lorfque la mort les fépare de ceux de leurs amis qui vont recevoir dans le Ciel la récompenfe de leurs bonnes œuvres.

343. La grace fe fert des grandes Grace. qualités qu'elle trouve dans la condition & le temperament des hommes, & les transforme aux fiennes.

344. La multitude des paroles nuit Peu parfouvent au lieu de fervir à ceux quiler. commencent à entrer dans la pieté.

345. Quand on ne fait rien de nou- Prendre veau qu'avec confeil dans les exercices confeil, de la vertu tout réuffit, & l'on ne reçoit point de plaifir en fervant Dieu qui ne porte avec foi fa consolation. 346. Dans le cours du monde & l'or

Patien

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Diffimu

fauts.

dre des chofes humaines, les plus grands plaifirs ne produifent que des amertumes: au lieu que dans la vie chrétienne & dans l'ordre des actions de la grace, on éprouve par la patience que les maux fe convertiffent en bien.

347. Les philofophes mêmes payens

lerlesdé- nous ont appris qu'il faut diffimuler certains défauts lorfque l'on travaille à en corriger de plus grands.

Dome

348. Nos domeftiques ne nous donAiques. nent que trop de fujets de connoître la grandeur & la profondeur de nos playes interieures par les chûtes que leurs défauts nous font faire à toute heure, & fourniffent de matiere au démon pour tenter même les plus forts, & à plus forte raifon les foibles. Combien devons-nous donc veiller fur nous-mêmes pour résister à ces tentations, qui encore que les fujets en foient petits, font toûjours grandes, parce qu'elles font continuelles ?

Sépara-349. Le moins que l'on puisse faire tion du pour regagner un Royaume tel que cenoade. lui de Dieu, après l'avoir perdu malheu reufement, & pour fortir d'un Royau me tel que celui du diable,après avoir merité d'y toûjours demeurer, c'est de

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