le encore d'un certain Auteur que je viens d'apperçevoir. C'est un homme qui poffede les Auteurs recs & La tins. Il emprunte d'eux toutes les penfées qu'il met dans fes Ouvrages. Cependant il fe croit original, & il ne traite de Plagiaires que les Auteurs qui pillent Lope ou Calderon. CHAPITRE XII. A real fuitmos 316i lup AmSmodée voulant faire voir de nouvelles chofes à D. Cleofas, F'emporta dans un autre quartier de lar Ville. Ils fe poferent fur une hauter Eglife remplie de Maufolées Continuons d'ici nos obfervations, dit le Diable; mais avant que de poursuivre: l'examen des vivans, troublons pour quelques momens le repos des morts de cette Eglife. Parcourons tous ces Tombeaux. Dévoilons ce qu'ils recclent. Voyons ce qui les a fait élever. Le prémier de ces huit Tombeauxque vous apperçevez à main droite,renferme le corps d'un jeune Amant mort de de chagrin de n'avoir pas remporté Je prix d'une courfe de bague. Dans le fecond, eft un Avare qui s'eft laiffé mourir de faim; & dans le troifiéme, fon heritier mort deux ans après lui, pour avoir fait trop bonne chére. Ily a dans le quatriéme un Pere qui n'a pû furvivre à l'enlevement de fa fille unique. Dans le fuivant eft un jeune homme emporté par une plurefie pour avoir pris des remèdes rafraichiffans. Celui qui fuit contient les triftes reftes d'un Officier, qui après avoir utilement fervi l'Etat, a comme un autre Agamemnon trouvé à fon retour de l'Armée un Egifthe dans fa maifon. Le feptiéme cache une vieille fille de qualité, laide & peu riche, que la trifteffe & l'ennui ont confumée; & dans le dernier repofe la femme d'un Tréforier, morte de dépit d'avoir été obligée dans une rue étroite de faire reculer fon Caroffe pour laiffer celui d'une Ducheffe.ooyal Cilled 15. Eh qu'y a-t-il, dit l'Ecolier, dans ees cinq Tombeaux à main gauche? Je vais vous le dire, répondit le Démon: L'une renferme le bizarre affemblage d'un vieux mari & d'une jeune femme.. Le Le mari quand il l'époufa, avoit des enfans d'un premier lit. Il étoit prêt à figner leur ruine, lorfqu'une apoplexic l'a emporté. La belle-Mere eft morte vingt-quatre heures après lui, de regret qu'il ne foit pas mort deux jours plus tard. Il y a dans l'autre un vieux Chanoine forti de ce monde affez brufquement pour avoir fait fon Teftament en pleine fanté, & l'avoir 10 devant fes Domestiques, à qui, comme un bon Maître, il leguoit quelque chofe Son Cuifinier fut impatient de toucher fon legs. Auprès de cet imprudent Chanoine eft une belle Dame immolée aux foupçons de fon mari jaloux. Dans le quatriéme eft un Dévot qui a perdu la vie pour s'étre promené dans fon jardin une demi heure fans parafol; & dans le dernier, une Dévote pour s'être fait faigner trop fouvent par précaution. 2 Parmi tous ces tombeaux, continua le Diable, font enterrez fort fimplement dans cette Eglife plufieurs perfounes, & entr'autres un Allemand, pour avoir bû dans une débauche trois fantez avec du tabac en fon vin; un François, pour avoir, fuivant la politeffe liteffe de fa Nation, préfentée en fortant d'une Eglife de l'eau-benite à une belle Dame qui y entroit. Ici gît un Comedien qui le déplaifir d'aller à pied, pendant qu'il voyoit la plupart de fes camarades en équipage, a confumé peu à peu. Là eft une jeune Comedienne, qui venant de s'échauffer à jouer le rôle d'une Veftale, mourut d'une fauffe couche derriere le Theatre; & près d'elle repofe un Auteur drammatique qui mourut fubitement d'envie, au bruit des applaudiffemens du Parterre, à la prémiere representation d'une piécè d'un de fes amis. Seigneur Afmodée, s'écria l'Ecolier en cet endroit, pardonnez finje vous interromps, pour vous deman der le fujet de ces cris perçans qui frappent mon oreille. Ces cris, dit le Démon, partent de ce bel Hôtel à main gauche, où il fe paffe en ce moment la plus trifte Scene que l'on puiffe voir fur le Theatre du Monde. Arrêtez vos yeux fur ce déplorable fpectacle. Eh pourquoi, réprit Dom Cleofas, cette Dame qui s'arrache lescheveux & fe debat entre les bras de fes femmes paroît elle fi affligée? Regar dez dez dans l'appartement qui eft vis-à-vis de celui-là, répartit Afmodée, vous en verrez la caufe. Remarquez un homme étendu fur ce lit magnifique; c'eft fon Mari qui vient de mourir. Elle en eft inconfolable. Leur Hif toire eft touchante, & mériteroit d'être écrite. Il me prend envie de Vous la conter. Vous me ferez plaifir, dit l'Ecolier; le pitoyable ne m'attendrit pas moins que le ridicule me réjoüit. Elle eft un peu longue, répliqua le Diable; mais elle eft affez intereffante pour ne devoir pas vous ennuyer, Alors il en commença le recit dans ces termes. CHAPITRE XIII. La force de l'amitié. HISTOIRE. N jeune Cavalier de Tolede fuivi de fon Valet-de-Chambre, s'éloignoit à grandes journées du lieu de fa naiffance, pour éviter les fuites d'une tragique avanture. Il étoit à deux H peti |